Quelles tendances graphiques ont marqué l’année 2022 ?

En collaboration avec l'Institut Artline
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Chaque année est marquée par son lot d’esthétiques, d’expériences et de tendances graphiques. Ces dernières sont indéniablement influencées par notre actualité (crise économique, guerre en Ukraine, désastre climatique, isolement et incertitude…) et traduisent un besoin d’évasion, de nostalgie, voire de rébellion. Rien que la couleur Pantone de l’année 2022 – Very Peri – donne le ton. Elle traduit une attitude vive, profondément optimiste qui encourage l’inventivité, ou « la créativité courageuse et l’expression imaginative », pour reprendre les mots de Leatrice Eiseman, Directrice exécutive de Pantone Color Institute ; à la sortie de la pandémie de Covid-19. En parallèle, ses teintes sont associées à la technologie, au futurisme, à la popularité du gaming, au metaverse… Bref, à notre société dans laquelle vies physique et virtuelle convergent.

Les messages portés par la couleur Pantone se retrouvent également dans les différents designs graphiques en vogue. Pour rappel, il s’agit de compositions visuelles, mêlant typographies, formes et images. Le design graphique permet ainsi d’exprimer une idée, de jouer avec les émotions, de détailler un concept, d’aider le public à assimiler un contenu, d’ordonner, de donner du sens… C’est donc une discipline complète, une profession interdisciplinaire ainsi qu’un atout pour les marques, qui souhaitent renouer avec leurs audiences. Élément déterminant d’une stratégie branding forte, le design graphique permet notamment de se différencier, tout en étant mémorable. L’identité visuelle d’une marque en est d’ailleurs un composant.

Que faut-il retenir de l’année 2022 ? Quelles tendances graphiques ont marqué les esprits et insufflé une nouvelle dynamique ? Ces inspirations vont-elles perdurer en 2023 ?

 

Rétrospective de l’année 2022

Vers un graphisme plus inclusif

À l’heure où la question des identités est fortement médiatisée, ce mode d’expression consiste justement à montrer la diversité du monde. Il tient compte des particularités de chacun, des différences (de cultures, de genres, de couleurs de peau, d’âges, de langues, d’orientations sexuelles…). Le design inclusif met également en avant des concepts sous-représentés ainsi que les inégalités. Nous pouvons citer la définition du British Standards Institute, qui définit ce design comme « celui des services ou produits du grand public, accessible pour et utilisable par le plus de personnes possible ». Évidemment, au-delà de montrer, il s’agit de comprendre à travers lui les problématiques des audiences, pour leur apporter une solution adaptée.

À titre d’illustrations, nous pouvons citer :

  • Les autocollants colorés de Superdrug et de son agence Gray London, pour encourager l’autopalpation mammaire. Ces derniers représentent des poitrines de toutes les formes et de toutes les tailles ;
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Crédit Photo : Superdrug
  • La dernière campagne de l’ARPP et de son agence Josiane, qui vise à casser les préjugés dans la pub, pour des représentations alignées aux évolutions sociétales et attentes de chacun, avec des visuels simples mais efficaces.
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Crédit Photo : Josiane
  • La refonte complète de la marque des Jeux Olympiques, qui présente une nouvelle palette de couleurs, des éléments graphiques novateurs, des illustrations réalisées par des artistes, mais aussi des icônes neutres de genre et de langage, dans une recherche d’universalité et d’inclusivité.
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Crédit photo : Comité international olympique

« Je conseille aux apprenants d’être curieux de tout, de s’inspirer partout, de s’ouvrir le plus possible aux univers qui les entourent », témoigne Elise Nguyen, Responsable de Cursus Design Graphique de l’Institut Artline, école de création numérique. « On peut voir des tendances graphiques se dessiner aussi bien dans nos rues que sur les réseaux sociaux, en passant par tous les sites d’inspirations auxquels nous avons accès si facilement maintenant. Et ce dans tous les domaines : de la mode à la gastronomie en passant par l’architecture. Le graphisme est partout ! Même dans notre nature, dans l’implantation de végétaux par exemple ! Il faut apprendre à « ouvrir les yeux » et j’aime leur dire que non, la curiosité n’est pas un vilain défaut ! Bien au contraire ! »

 

Un pied dans le passé

Dans un contexte postpandémique encore anxiogène, les individus ont besoin d’être rassurés et réconfortés. Ils sont nostalgiques… Et ce sentiment imprègne aussi le design graphique ! Résultat : le rétro séduit, le stylo holographique plaît et le mouvement psychédélique renaît. Les années 60, 70, 80, 90 et 2000 sont ainsi idéalisées.

Pour preuves, nous pouvons citer :

  • Le pop-up food de Fendi, la maison de luxe italienne, dont le mot d’ordre est « Back to the seventies ! ». Tous les éléments print comme les éléments décoratifs du lieu (de la table au mur) se parent de couleurs pop et flashy pour une ambiance des plus funky.
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Crédit photo : Fendi
  • Conscients de cet engouement, les étudiants de l’Institut Artline, école de création numérique, jouent aussi avec ces styles et ces inspirations, dans leur création, à l’image de celle de Lola Schmutz ou de Chloé Spysschaert :
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Crédit photo : Institut Artline / Lola Schmutz
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Crédit photo : Institut Artline / Chloé Spysschaert
  • Ou encore, ce packaging psychédélique et acide, trouvé sur le média Packaging of the World, dont les couleurs vives et les lignes indéfinies illustrent le goût atypique d’une bière artisanale.
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Crédit photo : Packaging of the World / Bold Brands

« Tout au long de la formation en design graphique, les apprenants travaillent des exercices et projets longs. Les sujets des travaux donnés sont choisis pour qu’ils puissent mettre en pratique une méthodologie et un process créatif. Au travers de la méthodologie, on les pousse toujours à tester et expérimenter des techniques, à faire de la veille sur les tendances, les méthodes, les courants, les grands noms du design et les campagnes de communications existantes (actuelles et passées). Cette veille constante les pousse dans leur retranchement et leur permet de capter les tendances actuelles et passées », explique Tiphaine Aigouy, Responsable du Pôle Programme de l’Institut Artline.

 

Quand la 2D et la 3D se rencontrent

La 3D reste fortement plébiscitée. D’un côté nous avons la tendance de l’hyperréalisme avec des illusions d’optique, des trompe-l’œil… De l’autre, nous avons la tendance du « Soft Pop ». Celle-ci se caractérise par l’utilisation de formes délirantes et de dessins animés en 3D. De la même manière, la typographie y joue un rôle clé, avec des polices en plusieurs dimensions, des bulles de discussions ou d’autres éléments qui crèvent l’écran, etc. Mais, il est important de souligner que la 3D se retrouve de plus en plus sublimée par des éléments 2D (traits, dessins…). Et pour cause : cette combinaison gagnante offre de multiples possibilités aux designers.

  • En témoignent les différentes créations sur le site Behance :
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Crédit photo : Behance / Anastazja Szulc
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Crédit photo : Behance / Anastazja Szulc
  • Mais aussi les travaux des élèves de l’Institut Artline, comme la réalisation de Kamil Yavas :
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Crédit photo : Institut Artline / Kamil Yavas

 

Une typographie expérimentale

Des lettres imposantes, une police atypique, un rendu expressif qui attire l’œil, des designs extravagants, une charte personnalisée… Telles sont les qualités des typographies expérimentales. Ici, la lisibilité passe au second plan, derrière la créativité, ou l’expérimentation. Il n’y a donc aucune limite, pour le plus grand plaisir des créatifs.

  • À l’image du graphiste indépendant Alexis Taïeb (aka @tyrsamisu sur Instagram), qui travaille aux côtés de grandes agences parisiennes comme BETC, DDB ou encore Publicis.
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Crédit photo : Instagram / @tyrsamisu
  • Encore une fois, cette tendance est adoptée par les élèves de l’Institut Artline, comme Leyna Johannides.
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Crédit photo : Institut Artline / Leyna Johannides

 

Une palette de couleurs audacieuse

Pour se démarquer dans le « brouhaha » ambiant des médias sociaux et se faire entendre auprès d’un consommateur fortement sollicité et pressé, les marques misent sur des couleurs éclatantes et attrayantes. La mode est d’ailleurs au « Candy Color » : des teintes saisissantes, aux allures de bonbons acidulés. Une tendance qui s’oppose donc aux coloris pastel de 2021. Parmi les plus en vogue en 2022, le vert et ses déclinaisons (pistache, menthe, jade, émeraude…) font sensation.

À titre d’exemples, voici quelques projets de packaging :

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Crédit photo : Packaging of the World / QUECALIDO
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Crédit photo : Packaging of the World / KOTEKSROKA
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Crédit photo : Packaging of the World / Hollóka Grafikai Műhely / Studio de design graphique

 

Place à l’art déco et la géométrie

Le design web adopte les lignes et les courbes des figures géométriques, une fois encore. Et pour cause ! Les différentes formes cumulées composent des visuels à la fois abstraits, attrayants mais aussi facilement déclinables. Épurées et souvent colorées de teintes primaires, ces réalisations font ainsi écho à l’univers de l’enfance et la nostalgie. Ce qui les rend d’autant plus accessibles. En parallèle, beaucoup mixent ces formes géométriques au style « Art déco » des années 20, pour un rendu plus chic.

À titre d’illustrations, nous pouvons proposer :

  • L’identité digitale de la plateforme de l’eventech Voilà, imaginée par Razorfish France, qui s’appuie sur une composition dynamique (logo, tonalité, charte graphique) évoquant aussi bien les projecteurs qui se croisent que les écrans digitaux, mais aussi le mouvement.
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Crédit photo : Razorfish France
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Crédit photo : UNICEF

Pour connaître toutes ces tendances, Tiphaine Aigouy, Responsable du Pôle Programme de l’Institut Artline, précise : « Nous poussons nos apprenants à sortir de chez eux, regarder le monde qui les entoure, aller dans des expos et des salons. Nous avons aussi des canaux de communication internes sur lesquels nous partageons de la veille avec nos apprenants. Et pour finir, tout au long de la formation, le responsable de cursus leur partage régulièrement des actus du secteur, et leurs différents mentors leur distillent aussi à chacun de leur cours et lives. »

 

Quelles sont les tendances annoncées pour 2023 ?

Selon plusieurs designers, certaines tendances 2022 ont encore de beaux jours devant elles, en raison des valeurs qui leur sont associées mais aussi du message qu’elles véhiculent. Parmi elles, nous pouvons citer le rétro, le psychédélisme des années 90, les graphismes acides ou encore les dégradés abstraits et l’imagerie surréaliste. En parallèle, d’autres représentations – plus ou moins éclectiques – semblent faire leur entrée sur la scène du design graphique. Quelles sont-elles ? Quelles sont les prévisions pour 2023 ? Nous nous sommes appuyés sur le top de l’entreprise de design graphique 99designs, pour le découvrir.

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Une iconographie liée à l’astrologie et la divination

Aussi appelée « mysticisme », cette tendance décline les symboles populaires comme les signes du zodiaque, les fleurs de lotus, le troisième œil… Agissant comme des talismans, ces derniers rassurent. Vecteurs d’une certaine douceur, ils évoquent également la paix, l’espoir, la sérénité et le réconfort. Bref, tout ce que les individus recherchent, en ces temps troublés. Pour ce faire, le rendu se veut délicat, les lignes sont fines, les couleurs deviennent apaisantes…

 

Le punk renaît

Ce mouvement contre-culturel est bien parti pour résonner en 2023. La raison ? Les individus se rebellent, s’insurgent contre les systèmes défaillants. D’un point de vue esthétique, cela se manifeste donc par des lettres gribouillées, des graffitis, des collages chaotiques, par l’opulence et le désordre… Ainsi, ce design graphique dégage une certaine honnêteté (car la vie est elle-même désordonnée) et une certaine énergie.

 

Les motifs feuillus et sauvages

Les mélanges de feuilles, de fleurs et de fruits font un retour en force ! L’engouement pour ces compositions est tel, que certains parlent même de « folklore botanique ». À la fois familiers et fantaisistes, ces dessins donnent aux créations un aspect « vivant ». Notons malgré tout, que 2023 verra ces motifs de fond revisités. En effet, la tendance est aux gribouillis, aux textures grossières, aux couleurs extravagantes et « au fait main »… Vive les imperfections !

 

La dimension mixte ou hybride

Les frontières entre le réel et le virtuel sont de plus en plus floues, notamment depuis l’émergence du metaverse et les progrès en matière d’IA. Évidemment, ce constat impacte aussi le design graphique ! 2023 devrait ainsi voir les compositions à la fois numériques et réelles se multiplier. Typiquement, les photographies comme les pages de couverture des magazines, devraient se parer d’éléments fantaisistes, accueillir des personnages de gaming et d’animations, proposer des éclaboussures de couleurs… Et ce, dans le but de provoquer l’émerveillement, ou de proposer une échappatoire magique à la morosité ambiante. Enfin, le design graphique sera repensé par des programmes comme DALL-E, qui redéfinissent les limites de la création.

 

Les compositions complexes

Le storytelling reste au cœur du design graphique. L’idée étant de raconter une marque. En ce sens, 2023 n’échappe pas à la règle. Mais, la narration visuelle est amenée à changer. Comment ? Grâce à des compositions plus complexes et denses, dans lesquelles les scènes s’entremêlent. D’un point de vue esthétique, cela suppose des dessins minimaux pour optimiser la lecture, et attrayants pour garder l’œil du spectateur en mouvement.

 

« Je pense qu’il est important de se tenir régulièrement à jour sur les tendances graphiques : ce qui ne se fait plus / ce qui redevient tendance, afin d’éviter des « erreurs » marketing. En revanche, il faut savoir garder son propre univers graphique afin de faire la différence et ne pas entrer dans un moule comme l’a évoqué Tiphaine. Il est effectivement important de faire ses propres propositions et ne pas juste « pomper » ce que d’autres ont fait simplement parce que c’est tendance. La difficulté est de savoir s’inspirer sans copier et garder en tête que si un client fait appel à nous et pas un autre, c’est aussi pour notre univers personnel », conclut Elise Nguyen, Responsable de Cursus Design Graphique de l’Institut Artline.

« Il n’est pas nécessaire de suivre absolument les tendances graphiques du secteur pour réussir. Suivre les tendances permettra d’être dans l’air du temps et parfois de se fondre. Ce qui est important c’est d’avoir son propre style et sa singularité », complète Tiphaine Aigouy, Responsable du Pôle Programme de l’Institut Artline. “Ainsi les clients feront appel à un designer graphique pour sa patte et non pas pour ressembler à ce que n’importe qui pourrait faire. Connaître les tendances et nouveautés permettra alors de tester et expérimenter de nouvelles choses, le but ne sera pas de rentrer dans un moule.”

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Crédit photo : Adobe Stock / master1305

 

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