L’entrepreneuriat à impact est une notion qui se développe de plus en plus chez les dirigeants d’entreprises. Son importance n’est plus à prouver comme le démontre des startups comme Yuka, Too Good To Go, ou encore Simplon.co. Ces entrepreneurs préfèrent mettre leur talent au service de l’intérêt général, et ainsi délaisser le profit personnel. Tour d’horizon.
Une nouvelle forme de business
L’urgence sociale et écologique nous appelle à changer de modèle pour répondre aux besoins de tous et toutes, pour faire mieux avec moins. Le business inclusif correspond à la recherche pour tout acteur économique d’une activité rentable et permettant de réduire la pauvreté en incluant les populations les plus pauvres tout au long de la chaîne de valeur.
Ce business model est complémentaire à la notion d’entrepreneuriat social. Cette dernière a pour objectif la recherche d’in impact social, se contentant ainsi d’une rentabilité limitée. Selon le Mouves , « l’entrepreneuriat social est une manière d’entreprendre qui place l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Quel que soit le statut juridique des entreprises (association, coopérative, SAS …), leurs dirigeants font du profit un moyen, non une fin en soi ». L’intérêt est donc de concilier business et sens, mais aussi de répondre à de grands enjeux de société pour créer un futur…meilleur.
L’impact social est défini comme un changement significatif et durable, qu’il soit positif ou négatif, dans la vie des populations ciblées, apporté par une action donnée. Il existe une multitude de méthodologies et d’outils pour mesurer l’impact social d’une action. Pour exemple, le site Issue Lab de la Foundation Center, en recense plusieurs.
Celui qui souhaite faire de l’entrepreneuriat à impact prend des risques individuels pour l’intérêt général, avec l’espoir de développer un modèle assez rentable non pas pour s’enrichir, mais pour démultiplier son impact. Pour réussir, il doit maîtriser une posture entrepreneuriale, qui comprend la capacité de vision, l’audace, le rapport au risque et à l’incertitude, mais aussi la capacité à communiquer et à embarquer. Des sites comme Mouves, France Active, Le French Impact, ou encore Carrefour des innovations sociales, proposent des présentations d’entrepreneurs à impact.
« J’ai choisi les métiers du marketing et de la communication car ce sont précisément des métiers où l’on peut à la fois générer et mesurer des actions à impact », explique David Garbous, co-responsable du MSc Communication et Marketing Responsable de ‘ISC Paris. Il continue : « C’est passionnant de le faire en tant qu’entrepreneur, mais c’est également dans une entreprise. On assiste à un moment d’alignement parfait : D’un côté des étudiants qui ont conscience des limites du modèle actuel et qui veulent agir concrètement ici et maintenant pour se construire un meilleur futur (cf vidéo d’Emmanuelle Duez). De l’autre des entreprises en pleine transformation qui ont besoin de challenger leurs process d’innovation, de penser leurs développements pour limiter leurs impacts, voire une nouvelle génération d’entreprises et de marques régénératrices. Enfin une prise de conscience des citoyens et consommateurs qui plébiscitent les entreprises qui s’engagent sur ces sujets »
Ces propos peuvent être illustrés par ces vidéos :
L’opportunité d’une « transformation positive » des business model n’a jamais été aussi forte. C’est pour prendre toute sa part à ces enjeux qui concernent notre futur à tous que l’ISC Paris a crée le MsC Communication et Marketing Responsable ainsi que le BBA Sustainability & Innovation Management. + lien vers les pages des programmes et vers le podcast sur le marketing durable
Quelques exemples
Les entrepreneurs proposent des solutions pour générer un impact positif. Certains encouragent les employés à mener des actions solidaires comme effectuer un arrondi sur leur salaire ou prendre des congés solidaires. L’arrondi sur salaire est proposé, par exemple, par Microdon, une startup à vocation sociale co-fondée par Pierre-Emmanuel Grange en 2009. Elle offre le choix aux salariés de déduire quelques centimes sur leur salaire net à payer. Ce dispositif, proposé à quelque 250 000 salariés répartis dans différentes entreprises, a permis de lever un peu plus d’un million d’euros en 2018.
Ce même principe fonctionne aussi auprès des consommateurs via l’arrondi proposé aux caisses lors du paiement. Le Groupe Casino, via le réseau Franprix a été le premier à le proposer à ses clients. De plus, pour créer son étiquetage de bien-être animal, le Groupe Casino a travaillé avec 3 ONG pour lister les éléments à mesurer afin de qualifier le bien-être animal à toutes les étapes. Cette collaboration a permis d’atteindre un objectif : offrir une information fiable et transparente aux consommateurs.
Une entreprise peut aussi démontrer son engagement sociétal et environnemental à ses consommateurs en faisant preuve de transparence. Un choix privilégié par les Laboratoires Expanscience et de sa marque Mustela lorsqu’ils ont décidé de devenir une entreprise « BCorp ». Le label BCorp distingue les entreprises qui œuvrent à avoir un impact positif sur la société et sur l’environnement.
Un rapprochement avec la direction RSE
Ces exemples sont encourageants, mais des freins peuvent limiter l’impact positif d’une entreprise sur son marché. Une problématique de RSE peut se confronter aux stratégies commerciales des entreprises. En effet, les innovations à impact social sont parfois difficiles à mettre en place, car elles peuvent aller à l’encontre de stratégies commerciales déjà élaborées et donc avoir une influence sur la rentabilité immédiate.
De plus, les directions RSE, avant de se lancer dans un projet de réformes éthiques, doivent penser aux répercussions de ces nouvelles actions, à leur effet rebond. Certaines solutions qui créent des impacts positifs peuvent engendrer, de manière indirecte, des impacts négatifs, et les démarches seraient ainsi contre-productives. Dans cette optique, les directions RSE et les directions Innovation intensifient leurs collaborations pour identifier et mettre sur le marché des innovations dont les perspectives business ne nuiront pas à la politique RSE de l’entreprise.
Outre les directions RSE, cette nouvelle forme de business est prise en charge par la génération Z qui n’hésite pas à proposer de nouvelles initiatives. Cette vidéo d’Emmanuelle Duez résume bien cette tendance :
Les lauréats du Top 50 de l’entrepreneuriat à impact
En début d’année 2021, Carenews, le média des acteurs de l’engagement, a organisé un classement pour valoriser les entrepreneurs et structures telles que les associations ou coopératives qui ont un impact fort sur l’économie, l’environnement, l’humain ou encore le social. Pour établir ce classement, le média a mené plusieurs études avec du cabinet de conseil HAATCH et de l’ESSEC Business School. Au total, ce sont 20 000 données qui ont été recueillies et 250 dossiers ont fait l’objet d’analyses. Parmi ces dossiers, 50 ont été retenus pour faire partie du classement. Les lauréats les plus impactants ont été classés par catégorie.
Voici le classement selon les catégories :
- Accès au logement : Réseau Eco habitat. Ce groupe s’engage dans la lutte contre les habitats précaires et la précarité énergétique.
- Formation professionnelle et accès à l’emploi : Each One. Cette association accompagne les personnes réfugiées vers l’accès aux études et à l’emploi.
- Égalité des chances en matière d’éducation : Energie Jeunes. Cette association agréée par le ministère de l’Éducation nationale lutte contre les inégalités scolaires.
- Lien social et lutte contre l’exclusion : Agence du Don en Nature. Elle lutte contre l’exclusion et la précarité en fournissant des produits neufs non alimentaires.
- Accès à la santé et maintien de l’autonomie : Association Siel Bleu. Elle aide les personnes âgées, handicapées ou atteintes de maladies chroniques à pratiquer des activités physiques adaptées.
- Consommation responsable : Label Emmaüs. Cette marketplace de produits d’occasion emploie des personnes en situation d’exclusion.
- Accompagnement et financement des entrepreneurs à impact : Adie. Cette association défend l’idée que chacun peut devenir entrepreneur s’il a accès au crédit et à un accompagnement.
- Recyclage et réduction des déchets : Phenix. Cette entreprise permet de redistribuer les invendus à des associations en reliant les distributeurs et partenaires.
- Transition énergétique : ETIC. Cette entreprise crée des bureaux partagés et de commerce pour permettre aux entrepreneurs et structures de bénéficier de locaux.
- Agriculture durable et maintien de la biodiversité : EcoTree. Cette startup rachète des espaces forestiers et permet aux internautes d’y acheter des arbres.
Quid de l’Europe ?
Dans le cadre de sa politique économique et sociale et de son soutien à l’entrepreneuriat social et à l’innovation sociale, l’Union Européenne s’engage dans l’évaluation de l’impact social des projets qu’elle finance.
Ainsi, l’Acte pour le marché unique II (2012) précise que « la Commission Européenne développera une méthode pour mesurer les gains socio-économiques que les entreprises sociales produisent. La mise au point d’outils rigoureux et systématiques permettant de mesurer l’impact des entreprises sociales sur la communauté (…) est essentielle pour démontrer que l’argent investi dans celles-ci est source d’économies et de revenus important ». En novembre 2013, pour répondre à cette directive, un sous-groupe du Groupe d’experts de l’entrepreneuriat social auprès de la Commission européenne (Geces) a élaboré le rapport Mesure de l’impact social : approches à l’échelle européenne visant à conseiller la Commission Européenne dans l’établissement d’outils pour mesurer l’impact du Fonds d’entrepreneuriat social européen et du Programme pour l’emploi et l’innovation sociale. Ce rapport propose une méthodologie commune, identifie des standards de mesure de l’impact social et propose des orientations et des conseils pour mettre en œuvre ces standards.
Des initiatives de mutualisation d’indicateurs ou d’outils de reporting ont, également, vu le jour en Europe et dans le monde, notamment dans les pays anglo-saxons, comme la base d’indicateurs IRIS proposée par le Global Impact Investing Network, ou encore le guide pratique de l’European Venture Philantropy Association, qui vise une implication plus forte du mécène dans l’accompagnement des projets et une plus grande attention portée aux résultats et à l’impact. Enfin, nous pouvons citer l’impact management project, un outil standardisé et consensuel de la mesure de l’impact utilisé par plus de 2 000 structures à l’international.
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