Ce que 2025 nous réserve reste encore à découvrir… Cependant, comme chaque année, des dirigeants de différents bureaux We Are Social dans le monde partagent leurs réflexions sur ce qui pourrait arriver ces prochains mois sur le social media. Ils abordent entre autres l’importance du SEO sur les réseaux, le lore des jeux vidéo et le chaos en ligne généré par la génération Alpha.
Dix réflexions dévoilées par dix dirigeants !
Vincent Reynaud-Lacroze, Managing Director, Paris : déconnecter pour mieux reconnecter
Et si le nouveau luxe des réseaux sociaux en 2025 était de pouvoir se déconnecter aussi facilement qu’on se connecte ? En France, le phénomène qui a couronné l’influenceur de l’année est l’ascension de l’Everest par Inoxtag, une vidéo qui a accumulé près de 40 millions de vues en seulement 3 mois !
Et on n’oublie surtout pas le message final où le créateur de contenu invite sa communauté à lâcher son téléphone et les réseaux sociaux pour se concentrer sur ce qui compte vraiment : explorer et aller au-delà à son propre niveau. Une ironie pour un homme qui ne serait rien sans tout cela !
Son succès est en effet une invitation à rêver plus grand, à se surpasser et à se reconnecter avec la nature. Ce n’est pas une nouvelle tendance, mais une ligne éditoriale que le collectif Yes Theory défend depuis plusieurs années déjà.
En opposition à la quantité toujours croissante de contenus produits par l’IA, la quête d’authenticité, l’exploration et le dépassement de soi sont plus forts que jamais sur les réseaux sociaux. Le succès de Strava, la plateforme qui a triplé son nombre d’utilisateurs en cinq ans, s’inscrit dans cette tendance.
Le dicton « si ce n’est pas sur Strava, ça ne s’est pas passé » démontre que, même si les réseaux sociaux nous invitent à délaisser nos smartphones pour aller courir et explorer, c’est seulement pour mieux y revenir après.
Dana Neujahr, U.S. Managing Director : pourquoi le SEO social sera incontournable en 2025 ?
Ce n’est plus un secret : la Gen Z et les audiences plus jeunes se tournent désormais directement vers TikTok, Instagram, ou Pinterest. Notamment pour rechercher des recommandations de produits ou des conseils lifestyle. En 2025, cette tendance ne fera que s’accélérer, rendant le SEO social media indispensable pour les marques.
Oubliez l’idée de n’optimiser que votre site web ! Votre contenu social doit aussi être prêt pour la recherche. Cela signifie intégrer des légendes riches en mots-clés, utiliser des hashtags stratégiques et même inclure du texte pertinent dans vos visuels.
Pourquoi ? Parce que Google est en train de s’adapter. Sa fonctionnalité « Ce que disent les gens », qui servait auparavant de passerelle vers des forums textuels comme Reddit, intègre désormais des vidéos courtes issues de plateformes comme TikTok et YouTube.
Pour réussir dans ce paysage de recherche en constante évolution, les publications social media doivent être optimisées non seulement pour se classer en haut des résultats sur les plateformes elles-mêmes, mais aussi sur Google.
En 2025, le SEO social n’est pas qu’une simple tendance : c’est la clé pour débloquer de la visibilité et générer un engagement significatif.
Paul Greenwood, Global Head of Research & Insight : la Génération Alpha crée le chaos sur les réseaux sociaux
En 2025, la Génération Alpha continuera de transformer les réseaux sociaux en un terrain de chaos, de connexion et de créativité. En résumé, les réseaux sociaux deviendront bien plus étranges et insolites…
La Génération Alpha s’épanouit dans l’inattendu. Un contenu qui « fait simplement sens » leur paraît aussi insipide qu’une tartine de pain sec… ça ne suffit pas ! Ils recherchent autre chose : du hasard, des punchlines inattendues, des rebondissements… Si une vidéo ne peut pas être partagée, repartagée et transformée en mème pour renaître, elle est sans intérêt.
Les réseaux sociaux sont pour eux un écosystème de divertissement, mais pas limité à une seule identité sur une seule application. La Génération Alpha jongle avec plusieurs comptes, chacun reflétant une facette différente d’eux-mêmes :
- Un compte principal soigné,
- Un compte chaotique pour se lâcher,
- Un compte hyper-niche pour des passions spécifiques.
Les messages privés deviennent leur véritable scène sociale. Les discussions de groupe sur Instagram ? C’est là que fandoms, tendances et sous-cultures se croisent dans des conversations sans fin, dignes d’une soirée pyjama dopée à la dopamine.
Plus encore, les commentaires deviennent le cœur de l’expérience, transformant chaque contenu en une chasse au trésor de perspectives, d’humour et de chaos.
Les mèmes audio régneront comme nouvelle monnaie culturelle. Les mèmes visuels sont dépassés, place aux extraits audio remixés. Une simple phrase ou un son décalé pourra se propager à travers les plateformes, se faire découper, recontextualiser et repartager.
Pour la Génération Alpha, la formule est simple : si c’est bizarre, partageable et remixable, le contenu est parfait !
Rachel Rakowski, Global Head of Gaming : le rôle du lore des jeux vidéo dans la fidélisation des joueurs à long terme
Fini le temps dans le gaming où les réseaux sociaux étaient simplement utilisés pour annoncer de nouveaux titres, des offres ou des équipements. Dans l’espace numérique saturé d’aujourd’hui, les marques doivent redoubler d’efforts pour capter l’attention.
Les publications fades axées sur les produits et les messages type « achetez-le maintenant » ne suffisent plus. Le succès en 2025 dépendra de la capacité des marques à se connecter émotionnellement avec leurs audiences.
Comment ? En créant des expériences partagées, à travers le lore et la narration. Des éléments souvent négligés, mais fondamentaux dans l’expérience humaine.
À la fin de 2024, les développeurs de jeux, en particulier dans le secteur des jeux casuals, ont commencé à expérimenter du contenu axé sur le lore sur les réseaux sociaux. Cela a marqué un tournant dans un genre où la narration n’était pas traditionnellement priorisée.
Les résultats ? Les joueurs ont joué plus longtemps. Réduisant ainsi le taux de désabonnement ! Les développeurs ont par ailleurs constaté des pics d’engagement significatifs sur les plateformes sociales, et une augmentation du trafic sur leurs sites web.
L’approche transmedia (englobant les bandes dessinées, les films et les séries télévisées) amplifie cet effet. Les réseaux sociaux servant de lien pour unir ces récits ! Ces histoires partagées favorisent des connexions émotionnelles plus profondes et rassemblent les communautés autour de mondes et de personnages adorés.
Si vous avez besoin de preuves aujourd’hui, ne cherchez pas plus loin que l’investissement de 250 millions de dollars de Riot Games dans la série télévisée Arcane de League of Legends. Un exemple de narration comme moteur de la fidélité des joueurs et du succès. Si vous voulez réussir en 2025, le lore et la narration sur les réseaux sociaux seront cruciaux pour votre stratégie de fidélisation des joueurs.
Suzie Shaw, CEO, Australia : l’impact des médias sociaux sur la communication d’entreprise
L’année 2024 a marqué un tournant décisif pour la réputation des entreprises. Des controverses comme l’enregistrement par une ex-employée de Cloudflare de son licenciement ou la panne très médiatisée de CrowdStrike, ont illustré comment les crises d’entreprise trouvent désormais un écho instantané sur les réseaux sociaux.
Les marques doivent affronter une réalité brutale : leur réputation ne leur appartient plus entièrement. Elle est façonnée en temps réel par les voix des consommateurs et des parties prenantes.
Les plateformes social media ont transformé la gestion de la réputation en un jeu à haut risque en continu. Les audiences autrefois passives, détiennent désormais un pouvoir extraordinaire, poussant les entreprises à repenser leurs méthodes de communication. Les règles ont changé, et les stratégies doivent évoluer en conséquence.
Cependant, les équipes de communication d’entreprise traditionnelles manquent souvent de l’expertise « social-first » nécessaire pour naviguer dans cet espace en constante évolution. Les leaders modernes comblent ce vide en utilisant leurs propres plateformes pour contourner les filtres médiatiques. En s’adressant directement à leur public, ils élaborent des récits authentiques et percutants. Ce qui renforce confiance et crédibilité à grande échelle.
Parmi les tendances les plus prometteuses, on trouve l’émergence du contenu généré par les employés (Employee-Generated Content, EGC). Lorsque les employés deviennent des ambassadeurs, partageant leurs expériences authentiques, les organisations atteignent un niveau de crédibilité que la publicité traditionnelle ne peut égaler.
Cela souligne l’importance pour les entreprises d’investir dans une stratégie solide de canaux propriétaires, leur permettant d’exploiter l’EGC, d’alimenter les conversations et de créer une communauté.
Pour garder une longueur d’avance, les entreprises doivent adopter une approche proactive et social-first de la communication. Dans ce contexte, la réputation d’entreprise ne se limite plus à une gestion réactive. Elle se construit de l’intérieur, portée par les voix des dirigeants, des employé·es et des communautés engagées.
Gabriele Cucinella, Ottavio Nava, Stefano Maggi, Italy CEOs & Regional Leads EU Area : les marques rivaliseront pour se faire entendre à mesure que l’IA rejoint la conversation
Ces derniers mois, les comportements des consommateurs dans la découverte et la décision d’achat ont changé de manière spectaculaire. Les outils de discussion alimentés par l’IA, comme ChatGPT et Microsoft Copilot, deviennent des alternatives aux moteurs de recherche traditionnels. Ce qui modifie fondamentalement la façon dont les gens cherchent et décident.
Contrairement aux moteurs de recherche, ces outils n’incluent pas de formats publicitaires traditionnels comme les bannières… Poussant les marques à repenser leurs stratégies de visibilité dans ce nouveau paysage.
Les stratégies clés pour s’adapter incluent :
- L’optimisation des moteurs génératifs (GEO) : Créer des contenus clairs et autoritaires, optimisés pour les outils d’IA, tout en priorisant la visibilité sur des plateformes fréquemment référencées par l’IA, comme Wikipédia et les bases de données de confiance.
- Les APIs : Intégrer de manière transparente les services de la marque avec les assistants IA, comme les listes de courses activées par GPT d’Instacart. Cela ouvre la voie à des agents alimentés par l’IA, offrant des expériences utilisateur enrichies.
- Les publicités IA : Des formats émergents dans des outils comme Copilot, s’alignent discrètement avec l’intention de l’utilisateur, apparaissant sous forme de suggestions non intrusives ou de questions intégrées.
Collaborer avec des créateurs et encourager des conversations authentiques permet de garantir que les marques seront bien représentées dans les réponses générées par l’IA. Les avis, les commentaires et les discussions organiques jouent un rôle crucial dans la formation des réponses de l’IA.
L’IA transforme les comportements, mais la confiance et l’authenticité demeurent les piliers d’une visibilité de marque réussie.
Kelson Ong, Singapore General Manager : l’authenticité comme nouvelle monnaie sociale
Dans un contexte de polarisation politique mondiale, d’incertitude économique et de prolifération rapide de contenus générés par l’IA, l’authenticité dépasse largement le statut de simple mot à la mode. Les consommateurs adoptent une nouvelle approche de la confiance, évaluant les marques, les institutions et les individus à travers un prisme multidimensionnel d’intégrité, de cohérence et d’actions vérifiables.
Face à un scepticisme croissant à l’égard des sources d’information traditionnelles et à une recherche accrue de connexions plus authentiques et vérifiables, l’ère où les consommateurs jugeaient les marques uniquement sur leurs produits ou services est révolue.
Cette révolution de la confiance demande de la transparence radicale et une crédibilité validée par la communauté et les écosystèmes de réputation. Les consommateurs recherchent désormais des marques qui ne se contentent pas de parler de leurs valeurs, mais qui les démontrent de manière constante, sur chaque point de contact.
Pour les marques, le succès ne réside plus dans la création de récits parfaits, mais dans une participation authentique aux dialogues sociaux. Cela nécessite d’aller au-delà des récits superficiels et de prouver un engagement sincère au-delà des campagnes marketing.
Reconstruire et maintenir la confiance sociale auprès d’audiences de plus en plus exigeantes implique d’intégrer l’authenticité comme un principe fondamental des opérations, et non comme une simple stratégie marketing.
D’ici la fin de 2025 (et au-delà), les organisations les plus performantes seront celles qui transformeront la confiance en un pilier central de leur fonctionnement, bien au-delà d’un outil promotionnel.
Jim Coleman, UK CEO : une excellente écoute sociale pour alimenter du contenu réactif
Les utilisateurs des réseaux sociaux ne se contentent plus de consommer passivement du contenu. Ils s’impliquent, participent, et interagissent avec eux comme jamais auparavant.
Publier un contenu pour une marque ou un créateur n’est plus la fin de l’histoire, mais plutôt le début, permettant aux audiences d’ajouter leurs propres idées à la narration. Ce phénomène de « création de mythes » a été analysé dans le récent rapport Think Forward.
Cette dynamique a pris de l’ampleur cette année avec des exemples malins. Notamment comme la collaboration entre Michael Cera et Cerave. La marque a exploité les discussions sur Reddit pour intriguer les utilisateurs à propos de son identité de marque, les incitant à enquêter pour découvrir la vérité.
Dans la même veine, Loewe a capitalisé sur les nombreuses recherches Google concernant la prononciation de son nom, surfant sur un humour auto-dérisoire.
En 2025, les marques qui maîtriseront cet art de l’écoute sociale se distingueront par leur capacité à embrasser cette tendance et à en tirer parti pour créer des expériences engageantes et authentiques.
Sam Grischotti, Managing Director, Amsterdam : Les réseaux sociaux sont sur le point de devenir plus surréalistes
Les « weirdos » sont en train de gagner. C’est un fait. Les TikToks surréalistes de Nutter Butter, la campagne de Hugo Boss avec Tommy Cash, Shadrinsky pour Marc Jacobs… Mais être incompréhensible pour l’incompréhensible ne fonctionne pas. Ajouter de la randomité à votre feed ne suffit pas.
Les meilleures marques « bizarres » réussissent parce qu’elles sont intentionnelles. Elles combinent des visuels dynamiques, une écriture astucieuse, des références culturelles pertinentes et une esthétique qui font stopper le scroll frénétique. Et, surtout, tout cela est lié à la marque. Le contenu étrange de Nutter Butter fonctionne parce qu’il est fun, facile à consommer, et mémorable (tout comme leur produit).
Et que dire de la tendance Symphony Dolphin ? Elle prouve que la bizarrerie prospère lorsqu’elle est hyper pertinente et visuellement captivante. Les marques qui ont surfé sur cette vague de mèmes ont maîtrisé le timing et le ton.
La bizarrerie n’est pas un gadget : c’est une stratégie. Mais cela demande de l’effort. Les marques sûres passent inaperçues. Les marques bizarres sont envoyées dans les chats de groupe. Alors, il serait peut-être temps d’arrêter de jouer la sécurité, d’être malin et de devenir surréaliste à sa manière, celle que seule sa marque peut incarner.
Akanksha Goel, CEO, Socialize : chaque impression devient achetable
Alors que 2024 était axé sur l’engagement, 2025 marquera un tournant vers des expériences « achetables », où chaque interaction devient une transaction potentielle. Ce concept, popularisé en Chine au cours de la dernière décennie, commence désormais à se répandre au Moyen-Orient.
En 2024, le marché du e-commerce en streaming en Chine était estimé à environ 480 milliards de dollars, enregistrant une croissance de 10 % d’année en année. Et des plateformes comme WeChat et Taobao Live ont établi la norme en intégrant l’engagement avec des achats fluides.
Aujourd’hui, cette tendance est prête à transformer le Moyen-Orient, où la maturité numérique et l’augmentation des attentes des consommateurs exigent une réévaluation des stratégies de mise sur le marché.
Les secteurs du e-commerce et du Quick Commerce de la région, dominés par des acteurs comme Amazon, Noon et Talabat, redéfinissent déjà le paysage. En 2023, le e-commerce a connu une croissance de 16 %, tandis que le Quick Commerce a bondi de 25 %, reflétant un changement clair des consommateurs vers la commodité et l’immédiateté.
À l’échelle mondiale, cet élan est évident. Des plateformes comme Instagram Checkout stimulent la croissance du commerce social en Europe avec un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 13 % !
Pour tirer parti de ce changement, les marques doivent repenser leurs stratégies de produits, de médias et de contenu, en exploitant des outils comme la réalité augmentée, les recommandations personnalisées et les paiements intégrés. Le tout, afin d’offrir des expériences d’achat fluides et engageantes à chaque point de contact.