Mille milliards de mille sabords ! Enfin, plutôt : mille milliards de selfies. Oui, 1 billion de selfies ont été partagés sur Snapchat en 2024. Un chiffre, pour le moins vertigineux, qui démontre l’activité parfois sous-estimée de la plateforme et qui illustre la force d’un modèle centré sur la création et le partage instantanés plutôt que sur le scroll.
Avec l’appareil photo au cœur de l’expérience, Snapchat cultive une audience ultra-active et conserve une forte présence auprès des jeunes utilisateurs. Et en particulier des Français. Preuve en est, le dernier classement des marques numériques de l’ACPM, plaçant l’application en première position du mois de septembre 2025. Voyons dans ces chiffres l’occasion de revenir quelques instants sur l’histoire de la plateforme, et de son influence sur l’univers social media.
À l’origine d’un nouveau langage social media
En 2011, trois étudiants de Stanford (Evan Spiegel, Bobby Murphy et Reggie Brown) lancent une idée à contre-courant de la logique dominante des réseaux sociaux. Celle d’une application où les photos s’autodétruisent quelques secondes après leur envoi. Une intuition, simple mais visionnaire, qui répond à un besoin de lâcher-prise numérique : pouvoir partager sans laisser de trace… (Et ne pas laisser les photos de soirées étudiantes revenir les hanter !)
Le projet, d’abord baptisé Picaboo, ne séduit pas. Mais après un rebranding en Snapchat (Snap signifiant instantané) et l’arrivée de son logo fantôme (Ghostface Chillah, clin d’œil au rappeur du Wu-Tang Clan), la plateforme commence à intriguer. Dans un contexte où la permanence des données en ligne inquiète de plus en plus, elle séduit une génération en quête d’authenticité et d’instantanéité.

Sur Snapchat, le selfie devient un langage, un moyen de communication intime et spontané, sans filtre (ou presque), qui se démocratise. L’arrivée des Stories marque un tournant : un format inédit, copié depuis par l’ensemble de l’industrie, d’Instagram à TikTok. Mark Zuckerberg, flairant le potentiel, tentera de racheter Snapchat en 2013 pour une somme estimée entre 3 et 6 milliards de dollars. Une offre refusée par Evan Spiegel, déterminé à préserver l’indépendance de sa création.
Depuis, Snapchat poursuit sa route en misant sur l’innovation de formats et la différenciation produit. Du shopping en réalité augmentée au format Discovery, en passant par la Snap Map et les lenses sponsorisées, la plateforme explore sans relâche de nouvelles manières de connecter ses utilisateurs et d’aider les marques à créer des liens avec leurs audiences.
Un carrefour stratégique pour le fantôme jaune
2025 marque toutefois un tournant. Evan Spiegel l’admet : Snapchat est aujourd’hui « coincé entre les géants de la tech et les plus petits concurrents ». Dans une lettre interne adressée aux équipes en septembre 2025, il évoque une baisse de 2 % des utilisateurs actifs mensuels aux États-Unis et un ralentissement de la croissance publicitaire.
Pour rebondir, la marque vise un milliard d’utilisateurs actifs mensuels d’ici 2026 et prépare une nouvelle arme : ses lunettes de réalité augmentée, les Specs, prévues pour la même année. Une ambition que Spiegel décrit comme « la plus décisive » de l’histoire du réseau.

