Le management féminin expliqué par Gangstères

En collaboration avec Gangstères
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Le business model des agences – tout comme la question de leur avenir – est au cœur de nombreux articles. À l’inverse, très peu s’attardent sur le modèle de collaboration ou la façon de manager. Or, les agences peuvent être de véritables laboratoires d’innovations sociétales. Elles ont d’ailleurs beaucoup à emprunter au mouvement féministe, pour s’améliorer et évoluer. C’est en tout cas, la philosophie de l’agence Gangstères. Sa Cofondatrice et CEO, Laura Raymond, répond d’ailleurs à nos questions au sujet du « management féminin ». Une direction qui suscite autant d’intérêt que de méfiance et de débats. Néanmoins, ce style de management semble être bien plus qu’une simple tendance passagère : il apparaît comme une réponse aux attentes des nouvelles générations.

 

Entrevue avec Laura Raymond, Cofondatrice et CEO de Gangstères

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Crédit photo : Gangstères

 

JUPDLC : En 2022, existe-t-il un « management au féminin » à proprement parler ?

Laura Raymond : C’est compliqué de parler de ces sujets sans tomber dans des stéréotypes de genre, avec une vision fantasmée d’un management féminin qui serait plus rond, plus doux et tourné vers l’empathie. Là où celui des hommes serait plus brutal, direct et axé vers la performance. D’ailleurs, l’expression de « management au féminin » est déjà un sujet en soi, car le mot féminin est lui-même très connoté. Tout ce qui est féminin est très souvent le signe de quelque chose d’amoindri, où l’on aurait retiré la force et qui surtout ne concernerait pas tout le monde. Je pense notamment à la presse dite féminine, la littérature ou même au sport professionnel.

En revanche, je pense qu’il y a aujourd’hui une reconnaissance commune envers le style de management des femmes au sein des entreprises : un grand sens de l’écoute, une approche collaborative etc.

 

JUPDLC : Concrètement, de quoi s’agit-il ? Si certains le qualifient de management bienveillant, d’autres parlent d’impasse ou de clivage. Quel est votre avis ?

Laura Raymond : On a plutôt tendance à dire que le management féminin est l’évolution du management traditionnel (donc historiquement masculin). Il ouvre la porte à de nouvelles valeurs et à une en particulier : le doute.

Le management des femmes, c’est la capacité et la volonté de s’interroger, de questionner, de remettre en cause ce qui est établi. Et cela, probablement plus que lorsque le management est essentiellement opéré par des hommes.

Je ne parle pas du doute omniprésent, celui qui paralyse. Mais je parle du doute de manière positive, celui qui permet de remettre les choses en question. Celui qui questionne la manière de le faire, pourquoi on le fait, comment on le fait.

Les femmes partent souvent du principe qu’elles ne savent pas, enfin c’est notre cas chez Gangstères. Donc on questionne tout, tout le temps. Pas par plaisir mais par nécessité. Et d’ailleurs, c’est souvent le cas quand on parle en tant que minorité. La preuve, aujourd’hui encore seulement 3 dirigeantes sur 10 sont des femmes.

 

JUPDLC : Comment cette manière de manager impacte-t-elle vos équipes au quotidien au sein de Gangstères ?

Laura Raymond : Aujourd’hui, on tente un nouveau modèle de collaboration au sein de l’agence, en mettant en place certaines initiatives.

Par exemple, on évite les sphères de compétition directe dans nos équipes. Chez Gangstères, on refuse de faire travailler des teams de créatifs sur les mêmes sujets comme cela se fait beaucoup en agence. On sait que d’après de nombreuses études, les femmes réagissent moins bien à la compétition, alors qu’elles sont tout aussi talentueuses. On met donc en place une approche plus collaborative en évitant au maximum les environnements concurrentiels.

On est également très sensibles au rythme de travail, puisque nous sommes impactées en première ligne. On fait donc attention au timing, on se bat pour qu’on nous laisse le temps de travailler correctement.

Finalement, on valorise moins la réussite que la manière de réussir.

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Crédit photo : Gangstères

On va d’ailleurs explorer la semaine de 4 jours à la rentrée et pour une période de 6 mois. Et tenter d’appliquer ce nouveau modèle de travail aux agences, où le temps personnel ne serait plus un gros mot. On veut continuer à faire du bon travail, mais se donner la possibilité de faire autre chose en parallèle. Aujourd’hui, on a un rythme de 2 jours de présence à l’agence. Les salariés peuvent donc vivre où ils le souhaitent. D’ailleurs, nos locaux sont équipés de studios indépendants où ils peuvent dormir.

Autre nouveauté, on va également mettre en place l’année prochaine le congé menstruel pour prendre en compte la réalité quotidienne des gens avec qui on collabore. On ne contrôle pas la présence des salariés, c’est un vrai système basé sur la confiance.

 

JUPDLC : Et vos clients dans tout ça ? Comment sont-ils impactés par cette façon de faire et de penser ?

Laura Raymond : À compétence égale, en tant que femmes on doit souvent convaincre davantage que les autres. On passe probablement plus de temps à s’interroger sur la justesse de nos propositions. D’ailleurs, on ne répond jamais à une demande en mode brief puis retour de brief. C’est une vraie discussion en plusieurs étapes, où l’on essaie de tout comprendre.

Et donc naturellement, on a commencé à développer la culture du workshop par exemple, au lieu de faire des présentations à nos clients, ce qui est encore une démonstration de force à mon sens. D’ailleurs, je pense qu’on gagnerait tous beaucoup de temps à avancer exclusivement en workshop dans tout le travail préparatoire… La bonne idée, elle arrive rarement en phase de reco mais plutôt au cours d’une discussion. On essaie donc d’en avoir le plus possible. Pour nous, c’est un outil très puissant.

Ensuite, et plus concrètement, on a à cœur de combattre les stéréotypes en tout genre, mais également ceux que les clients peuvent avoir sur leurs cibles. Bien entendu, nous ne sommes pas les seules à le faire, mais on y est probablement plus sensibles que les autres, car plus concernées.

On sait que nos clients viennent aussi nous chercher pour cette raison, notre point de vue est différent et notre prise de hauteur sur les sujets.

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JUPDLC : Le management comme le leadership féminin, sont-ils uniquement « réservés » aux femmes ?

Laura Raymond : Je suis convaincue que non, puisqu’à mon sens le management féminin n’est ni plus ni moins que l’évolution du management traditionnel. Et à ce titre, les femmes comme les hommes peuvent et doivent s’en emparer. D’ailleurs, on voit que ces sujets commencent à intéresser de plus en plus autour de nous. Post-covid, tout le monde se pose la question de l’amélioration de nos modes de collaboration, de la conciliation entre vie professionnelle et personnelle, comment augmenter ses performances en prenant soin de ses équipes etc.

Finalement, en sous-texte de tout ça se cache la « raison d’être » de l’agence. Acter que l’entreprise n’est plus un simple agent économique mais qu’elle a une fonction citoyenne. On n’attend plus qu’elle fournisse juste un service, mais qu’elle ait des engagements et qu’elle accompagne le changement.

Dans le fond, et tout le monde s’accorde sur ce point, avoir une approche sociale vertueuse renforce la performance économique de l’entreprise. Je pense qu’aujourd’hui, il ne tient donc qu’à nous de nous emparer de ces sujets, pour les mettre finalement au service du business. Femmes ou hommes, tout le monde est concerné.

 

JUPDLC : Pour finir, le management féminin est-il l’avenir du management ? Une sorte de management « nouvelle génération » ?

Laura Raymond : Oui ! Le management féminin est probablement un management « nouvelle génération », précisément plus en lien avec les attentes d’une nouvelle génération.

Lorsque l’on regarde les aspirations des jeunes diplômés, le manque d’attractivité des entreprises, je suis assez convaincue que le management féminin apporte des clés pour comprendre cette nouvelle génération beaucoup plus alignée avec ces notions qu’on ne l’était il y a 10 ans, avec un référentiel d’un autre temps (le présentiel, l’autorité, le contrôle etc.). Et comme ce sont les managers de demain, c’est assez réjouissant pour l’avenir de nos entreprises.

D’ailleurs, si on devait refaire cette interview dans 10 ans, j’espère qu’on ne parlerait plus de management féminin mais de management tout court !

 

Pour en savoir plus sur l’agence Gangstères, rendez-vous sur sa page dédiée !

Page agence Gangstères

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