Annoncé en mai 2021, le projet de fusion de TF1 et M6 n’aura finalement pas lieu. En cause ? Les concessions réclamées par l’Autorité de la concurrence. En effet, celles-ci mettent à mal la « logique industrielle » du projet. On vous explique !
Un monopole télévisé… contesté
Le rapprochement des deux entités avait pour objectif de contrer la montée en puissance des services de streaming (Netflix, Disney+, Prime Video…). Mais aussi, de faire du groupe unifié, le leader incontestable du paysage médiatique français, avec plus de 30 % de part d’audience. Soit 3/4 du marché publicitaire de la télévision. Une action « sans doute nécessaire pour des raisons de souveraineté culturelle, mais qui ne va pas sans interrogations pour le marché, notamment pour les annonceurs », nous a expliqué Pierre Calmard, PDG de dentsu France.
Préservation de la concurrence, « garde-fous », distribution audiovisuelle, Salto… Le sujet de cette fusion a, sans conteste, soulever de nombreuses craintes et interrogations. Si bien que la condition sine qua non pour autoriser cette opération a mis fin au débat. Une cession de la chaîne TF1, ou de la chaîne M6, était réclamée. Une demande qui annule la « logique industrielle » du projet, selon la première et troisième chaînes de France.
Ils abandonnent
« Les parties déplorent que l’Autorité de la concurrence n’ait pas pris en compte l’ampleur et la vitesse des mutations du secteur de l’audiovisuel français. Elles restent convaincues que la fusion des groupes TF1 et M6 aurait été une réponse appropriée aux défis découlant de la concurrence accélérée avec les plateformes internationales » expliquent les acteurs concernés dans un communiqué.
Défavorable au projet – et ce, malgré les concessions proposées lors des différentes auditions par les chaînes – l’Autorité de la concurrence s’explique : « la télévision reste un média très puissant {…} auprès des personnes âgées de 25 à 49 ans, qui constituent la principale cible commerciale des annonceurs ». De plus, « le développement des plateformes ne permet pas, à un horizon prévisible, de remettre en cause cette puissance ». Elle n’a pas manqué d’ajouter que cette fusion faisait peser « un fort risque de hausse des prix des espaces de publicité vendus par les parties au détriment des annonceurs et des consommateurs ».
Nous pouvons citer également, les propos tenus par Philippe Bailly, Président de NPA Conseil, à l’AFP : « Dans leur configuration actuelle, les groupes français sont condamnés à rester des nains face aux plateformes américaines, au niveau de la production des programmes et surtout de la capacité à les exploiter à l’étranger. »
Quelles sont les perspectives d’avenir pour TF1, M6 et plus largement l’audiovisuel français ? Telle est la nouvelle question sur toutes les lèvres.