A quelques jours de la journée mondiale de lutte contre le sida, qui aura lieu le 1er décembre, Durex réclame un emoji préservatif pour sensibiliser les jeunes à la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles.
Aujourd’hui près de 80% des 18-25 ans utilisent des emojis, ces petits pictogrammes améliorés venant du japon qui égayent les sms depuis quelques années. A contrario, 33% d’entre eux, soit 1 sur 3, affirment ne jamais porter de préservatif, d’après une étude Harris Interactive réalisée pour la sécurité sociale étudiante SMEREP en 2014.
Plus de mal que de peur
C’est une réalité. Les jeunes d’aujourd’hui ne craignent plus le sida. Si leurs parents furent marqués par le sida dans les années 80, une période où la maladie a fait des ravages, le sida semble beaucoup moins présent dans les craintes des adolescents et jeunes adultes de 2015.
Cependant, le sida est encore bien présent, on compte à l’heure actuelle pas moins de 33,2 millions de séropositifs dans le monde, 6 800 personnes infectées par jour et 5 700 morts chaque jour. Le phénomène ne désemplie pas et pourtant le préservatif n’est pas une priorité chez les jeunes.
L’usage de l’émoji dans la communication des marques
La marque anglaise de préservatif Durex a donc décidé de s’adresser aux jeunes avec un langage que ces derniers connaissent bien : l’emoji. L’émoticône, représentation faciale créée par l’union de caractères typographiques, apparaît en 1982 aux Etats Unis. L’emoji, qui en est une évolution, naît au Japon en 1999, le terme signifiant littéralement « image lettre ». Son usage a l’avantage d’être rapide et simple. On le sait tous et Confucius a bien su le formuler, «une image vaut mille mots » et c’est exactement le cas de l’emoji. Alors pourquoi s’en priver en publicité ? Les grandes marques ont vite compris son efficacité.
En 2013, le géant McDonald’s et son agence TBWA décident d’utiliser un unique pictogramme coloré pour chaque produit phare de la marque de fast-food. La campagne épurée et efficace fera parler d’elle et démontrera la force de McDonald’s d’être reconnu par un simple pictogramme sans même avoir à faire apparaître son logo. D’aut
res marques telles que Domino’s Pizza ou encore Chevrolet utiliseront l’emoji dans leurs campagnes également.
Que penser de cette initiative prise par Durex ?
Le but de réclamer un emoji préservatif ? Faire entrer ce que l’on appelle communément « la capote » dans le quotidien des utilisateurs d’emoji, et ainsi d’en dédramatiser son usage. Cependant, si la banane ou encore la pêche sont parfois utilisées afin d’évoquer le sexe, les emojis présents dans tous les Iphones et autres smartphones ne sont jamais sexuellement explicites. Bien que la bonne cause semble prônée par Durex, il semble difficile d’envisager la possibilité de pouvoir dégainer son émoji préservatif dans son prochain sms. Notons que la marque américaine Apple, qui les réalise, ne voit pas d’un bon oeil l’apparition d’éléments sexuels explicites dans ses petits pictogrammes tant prisés.
De plus, le fait de parler aux jeunes générations avec leur vocabulaire imagé ne veut pas dire que cela les rendra plus responsables sur la question de la protection lors des rapports sexuels. Personne n’ignore l’existence des préservatifs, les différentes marques font leur maximum pour rallier le plus possible cette cible que représente les 18-25 ans à leur cause, malheureusement sans grand succès. Si l’emoji est ludique, direct et utilisé à différentes fins sur des multitudes de sujets, cela paraît nettement plus complexe de lui donner un rôle en matière de prise de conscience collective sur le danger que représente encore et toujours les maladies sexuellement transmissibles.