Une pétition pour informer sur l’addiction des applis de rencontres

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L’app de dating Abricot, lance #DetoxDating, un mouvement qui appelle à un renouveau de la rencontre en ligne et milite pour des applis plus bienveillantes et respectueuses de leurs utilisateurs. Il prend notamment la forme d’un manifesto vidéo et d’une pétition demandant aux applis de rencontre se rémunérant au temps d’usage qu’elles informent clairement des mécanismes d’addiction qu’elles mettent en place et des risques encourus par leurs utilisateurs.

« Les applications de rencontres se rémunérant au temps d’usage étant basées sur les mêmes mécanismes et comportant les mêmes risques d’addiction que les jeux d’argent et de hasard, nous demandons à ce que le devoir d’information et de prévention, en vigueur dans le décret n° 2010-624 du 8 juin 2010 pour les jeux d’argent et de hasard, soit étendu aux applications de rencontres ».


Événement



Pour rappel, lancée en 2017, l’app de dating Abricot a fait de la rencontre en chair et en os sa marque de fabrique. C’est le seul service de rencontre gratuit, qui n’utilise ni le swipe ni le chat.

 

Un constat alarmant

Avec l’avènement de l’internet et du smartphone, nous sommes entrés dans l’ère du « Delivery », avec la possibilité de se procurer n’importe quoi, à n’importe quelle heure, de n’importe où. Ainsi en va-t’il de la rencontre amoureuse. Jamais le fait de faire une rencontre n’a censé être aussi simple. Les apps de dating sont en passe de devenir le moyen n°1 pour faire des rencontres dans les pays occidentaux : 62% des utilisateurs s’inscrivent en espérant trouver l’amour. (source, page 59).

 

Et pourtant :

– 39% seulement des utilisateurs de sites de rencontres sont satisfaits. D’ailleurs c’est l’un des plus mauvais scores de toute l’histoire des enquêtes de satisfaction de l’UFC-Que choisir. Beaucoup de reproches des utilisateurs, que ce soit sur les conditions tarifaires, l’efficacité du service client, ou les difficultés pour résilier un abonnement. (source)

 57 % des utilisateurs n’ont jamais eu de rendez-vous dans la vraie vie grâce à ces plateformes. (source)

– L’addiction aux applis de rencontres est loin d’être un phénomène marginal : 30% des utilisateurs admettent avoir eu l’impression d’y être addicts. (source)

Maximiser le temps passé pour maximiser les revenus

Ces utilisateurs venus chercher l’amour ignorent sans doute qu’il existe une grande différence entre la promesse affichée par ces apps, la rencontre, et leur réel objectif : nous rendre accro.

Pour comprendre quels sont les objectifs des apps de dating, il faut analyser leur business model : elles sont dans leur grande majorité construites sur un modèle de rémunération à l’usage (abonnements et/ou modèle freemium). C’est le cas par exemple des 5 apps de rencontres les plus utilisées en France : Tinder, Meetic, Bumble, Badoo, Happn. Dans un monde capitalistique, et alors que 2 grands groupes de dating se font la course à la première place (Match Group qui détient Tinder et Meetic, et Badoo qui détient Bumble et Badoo), il parait logique que leur objectif soit d’accroitre au maximum leurs bénéfices. De maximiser donc le temps passé par leurs utilisateurs sur leurs services… En d’autres mots, de maintenir leurs célibataires insidieusement et éternellement célibataires.

Pour se faire, les applis mettent en place des mécanismes ayant pour but de créer de l’addiction. Les plus connus sont le paradoxe du choix (« trop de choix tue le choix ») ou, plus connu encore, celui de la récompense aléatoire conceptualisé par le psychologue B.F. Skinner dans les années 50 et l’un des outils les plus puissants que les géants d’internet utilisent pour rendre leurs utilisateurs addict. La recherche montre que le corps sécrète d’importantes quantités de dopamine (molécule responsable du plaisir et de l’addiction) dès lors que le cerveau s’attend à une récompense. Quand cette récompense devient aléatoire, cela multiplie l’effet de plaisir. Ce côté « aléatoire » est donc mis en scène par les applications de rencontres, vous récompensant de nombreuses fois au début, puis en les rendant de plus en plus rares, afin de vous frustrer…et de vous rendre accro.

C’est exactement le même principe qui est appliqué aux machines à sous où, même quand on gagne on veut rejouer pour voir si on peut gagner de nouveau. Les applications de rencontres travaillent ainsi à vous faire rester assis à la table de jeu le plus longtemps possible.

 

Conséquences directes :

-Fear Of Missing Out : La FOMO, dépeint une anxiété basée sur la peur de « manquer quelque chose ». Sur les apps de rencontres à abonnements, l’utilisateur peut swiper à l’infini, il ne manquera jamais de profils à balayer, ce qui engendre une inquiétude irrationnelle et un phénomène de « toujours plus » traduit par la peur de rater un profil attrayant. Et si le suivant était le bon ? Selon une étude IFOP, 78% des hommes âgés entre 18 et 24 ans considèrent qu’il est toujours possible de trouver quelqu’un de mieux sur les sites et applications de rencontres (source)

Une fois que l’utilisateur a matché avec une personne, il a la possibilité de discuter sur une interface créée par l’application. A chaque fois qu’il reçoit un nouveau message, une notification surgit sur son portable. Mais le chat est lui aussi, générateur d’inquiétude puisque l’utilisateur se sent obligé de répondre rapidement pour éviter que la relation potentielle à naître ne s’émousse. Chater implique que l’utilisateur prenne du temps pour entretenir une conversation qui débouchera peut-être sur un rendez-vous, au détriment d’autres aspects de sa vie.

– Online dating anxiety disorder : Il est par ailleurs reconnu que les sites et applications de rencontres en lignes sont générateurs de stress intense et d’anxiété. L’addiction va jusqu’à retirer le plaisir qu’ils ont de rencontrer quelqu’un, les faisant espérer qu’il y a certainement mieux ailleurs, à un ou deux clics près (source)

– Perte de confiance en soi : Une étude américaine portant sur les effets psychologiques des applis de dating sur leurs utilisateurs a mis en exergue le fait que les utilisateurs de Tinder avaient beaucoup moins confiance en eux et étaient moins satisfaits de leur apparence (visage, looks, corps, etc.) (source)

– Et nous ne parlons pas ici des autres travers liés à l’utilisation de ces applis comme l’émergence de comportements toxiques (ghosting, harcèlement, etc.)

Alors signez ! Voici le lien pour signer la pétition pour que les applis de rencontres informent qu’elles utilisent des mécanismes d’addiction toxiques

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