On estime que chaque jour, 720 000 heures de vidéo sont publiées sur YouTube. Ça en fait, du contenu, n’est-ce pas ? Au-delà d’être ahurissant, ce chiffre témoigne d’une réalité : face à un tel embarras du choix, comment trancher sur ce que l’on veut regarder ?
Chez J’ai un pote dans la com, on aime se cultiver. Et plus que tout, on aime partager. C’est pourquoi nous vous avons concocté une petite sélection de chaînes YouTube que nous aimons particulièrement regarder. Vous y trouverez du contenu marketing, certes, mais pas que. Vous y trouverez des chaînes qui parlent d’histoires d’entrepreneurs et de grandes marques. Des chaînes qui parlent d’Histoire, tout court. Vous y trouverez des chaînes qui aiment le cinéma, qui se plongent à corps perdu dans la culture web, des chaînes qui analysent des phénomènes sociologiques, d’autres qui décryptent des concepts philosophiques… Tout ça, avec poésie, humour, passion parfois, mais toujours avec justesse.
Alors, que vous soyez chez vous ou dans les transports, que vous ayez 10 minutes ou 1h, nous vous présentons, sans classement particulier, une petite liste (non exhaustive) de chaînes YouTube auxquelles il est bon de s’abonner.

Histoires de business, entrepreneurs, marques
Finary
Finary est surtout créditée et reconnue pour son activité principale : la finance et la gestion de patrimoine. Néanmoins, sur la chaîne YouTube de la fintech, entre les conseils pour sécuriser ses cryptomonnaies ou sur les manières d’investir intelligemment son argent, on trouve de petites pépites : les histoires d’entrepreneurs. Claires, rythmées, bien ficelées, ces vidéos retracent les parcours, les défis, les réussites (et parfois les échecs) de figures qui ont marqué l’histoire de marques iconiques : Rockefeller, TotalEnergies, Ferrari, le clan Mulliez, Xavier Niel, Bolloré… Si vous voulez savoir pourquoi l’orange est la couleur signature d’Hermès, ou comment Bernard Arnault a bâti sa fortune, n’attendez pas, foncez.

La chaîne YouTube des Echos
Le quotidien de référence dans l’analyse économique ne se limite pas aux articles de presse. Il propose aussi des vidéos de 5 à 15 minutes, incarnées et produites par des équipes de journalistes, vidéastes et monteurs. Différentes rubriques se présentent sous forme de playlists. Les Sagas offrent des histoires et anecdotes sur des marques comme Ben & Jerry’s, Intermarché, LU, CMA CGM, Club Med, Michelin ou encore Citroën, avec les leçons à en tirer. La rubrique Secret Sauce dévoile les ingrédients du succès de marques telles que Hoka, Thermomix ou Babolat. Quant aux Business Drama, ils permettent de comprendre les crises et les effondrements d’entreprises : Jennyfer, Novo Nordisk, la Ligue 1, Stéphane Plaza, Angell… En bref, des formats assez courts, mais qui en disent long !

Yann Leonardi
Alors là, si vous voulez parler marketing autrement, vous êtes au bon endroit. Yann Leonardi, c’est quelqu’un qui connaît le terrain. Passé par le développement de startups, de marques, d’e-commerces, il maîtrise les méthodes du growth marketing. Des techniques ultra-efficaces, rarement utilisées en dehors de la tech, alors qu’elles pourraient, selon lui, faire décoller n’importe quel business. Aujourd’hui consultant, il partage régulièrement ses réflexions en ligne : parfois sur un sujet qui lui tient à cœur, parfois à travers des études de cas sur des marques, des produits ou des startups.
Duolingo veut-il vraiment qu’on apprenne une langue ? Decathlon s’inspire-t-il des cartels pour dominer le monde ? Pourquoi LinkedIn est-il si cringe ? Il parle aussi du marketing de JUL, de l’histoire de Khaby Lame, ou de sujets plus sensibles comme le racisme dans la pub. Bref : pas de langue de bois, beaucoup de pertinence… Et un sacré style.

Un Créatif
Mais comment Lidl est-il devenu si cool ? Starbucks frise-t-il l’hypocrisie ? Et comment Netflix parvient-il à nous rendre accros ? Autant de questions (parmi tant d’autres) décortiquées par ce youtubeur dans des vidéos de 10 à 20 minutes. Sur SensCritique, il se présentait comme un « ancien publicitaire qui tape sur le marketing pour faire de ses viewers des consommateurs avertis et divertis ». À la manière d’un Nietzsche 2.0 qui s’attaque aux idoles à coups de marteau.
Le marketing de Konbini, le dropshipping, l’élitisme d’Apple, le danger de Red Bull, la chute de Kodak… Tout y passe. Derrière ce ton acide et ces fines analyses, il y a Romain Ansion, un vidéaste belge qui a su imposer son style dans le YouTube game. Sous le pseudo Un Créatif, il proposait des vidéos ultra-rythmées, critiques, drôles, toujours bien documentées, et qui vieillissent très bien. Proposait, oui. Car malheureusement, Un Créatif n’est plus. Mais Romain, lui, continue d’exister, sous un autre pseudo : euuhhh.

Culture G, web et pop culture
Arthur Genre
La culture US, c’est un mélange explosif d’histoire, de cultures, de tensions, d’innovations et d’icônes. Son influence sur nos vies, nos envies, ou encore notre façon de consommer est indiscutable. Et pour la raconter, il y a Arthur Genre. Journaliste français installé à New York, il réalise ses propres reportages, où se mêlent rigueur journalistique et art du storytelling. Ses vidéos (longues, 1h environ) nous font voyager dans le temps et à travers les États-Unis, entre pop culture, politique, économie et sociologie. Chaque épisode lui demande près de deux mois de travail. Et ça se sent.
Avec lui, on découvre les coulisses de Nike, la mafia de Chicago, l‘histoire du hip-hop, l’empire Coca-Cola, la Silicon Valley, les fast-foods, Wall Street, MTV… Et comment tout ça a façonné l’Amérique, et, par ricochet, le monde. En bref, une lecture fine de signaux faibles et des ramifications culturelles qui nourrissent les imaginaires, les positionnements et les stratégies de marque d’aujourd’hui.

Sylvqin
Aaah, la culture web… Ses mystères, ses tréfonds, ses bizarreries. Si vous ne savez pas par où commencer, si vous hésitez à vous y aventurer (et on vous comprend), si vous ne captez pas tous les phénomènes qui secouent la toile, pas de panique. Une seule adresse : Sylvqin. Sa chaîne, c’est un peu comme un cabinet de curiosités numériques : un voyage au cœur d’un web souvent opaque, parfois absurde, mais toujours révélateur de quelque chose. Vous avez déjà joué à Akinator ? Binge-watché des vidéos de Lama Fâché (oui, on sait, ça date) ? Et vous ne vous êtes jamais demandé ce qui se cache derrière ? Sylvqin, lui, si. Et il enquête. Profondément.
D’Epic Games aux faux sites de la CIA, en passant par les arnaques CPF… Tout est bien amené, vivant, ultra-documenté, et surtout précieux pour qui veut comprendre ce que le web produit comme récits, croyances, mythes contemporains. Promis, vous en ressortirez avec des refs, des anecdotes, et une nouvelle grille de lecture sur ce monde qui défile à toute vitesse.

Mister JDay
Mister JDay, alias Jérémy Avril, et son équipe passent au crible pubs, séries, culture web et autres bizarreries plus ou moins « random » Ces vidéos ne sont plus toutes récentes, mais elles n’ont pas pris une ride. Et pour cause : souvent accompagné de son complice Julien C., Mister JDay démonte avec humour les mécaniques publicitaires et les clichés culturels qui nous entourent. Pubs de voitures, spots « pour les vieux », téléachat, clips de youtubeurs, 24h devant BFMTV, Emily in Paris ou même une émission animée par Donkey Kong… Rien ne semble leur échapper.
C’est drôle, piquant, bien scénarisé, avec des arcs narratifs qui traversent les vidéos, parfois sur plusieurs années. Ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère, on préfère prévenir. Mais bon, parfois, rire des clichés, c’est déjà commencer à les déconstruire. Voilà donc un excellent moyen de prendre du recul et d’entraîner son œil critique… et ses zygomatiques !

Blow Up, l’actualité du cinéma (ou presque) – ARTE
Si vous entrez dans une fac de ciné, on vous parlera forcément de Deleuze, Walter Benjamin, Barthes, Bresson… Et, entre deux cours de théorie du cinéma et de croisements disciplinaires, quelqu’un finira par vous glisser : « Tu connais Blow Up ? ». Blow Up, c’est un webmagazine et une émission télé créée et présentée par Luc Lagier, critique de cinéma et documentariste. Le principe : mixer extraits de films et archives pour explorer un thème, un genre, une figure du cinéma, ou tout simplement une année.
Pourquoi c’est une référence et pourquoi s’y intéresser ? Parce que le cinéma ne se limite pas aux salles obscures, il influence nos émotions, nos récits, notre rapport au réel. Et parce que ses codes, ses cadrages, ses silences… résonnent aussi dans la pub, le storytelling, la mise en scène des marques. Alors, attrapez vos pop-corn, installez-vous confortablement, et laissez-vous choir au royaume du 7e art. Et si vous êtes cinéphile dans l’âme, on vous conseille aussi le film d’Antonioni, dont l’émission tire son nom.

Calmos
Dans la famille cinéma, on demande aussi Calmos ! Cette chaîne, animée par David Honnorat et Hugo Alexandre, fait le lien entre le 7e art et des sujets plus profonds : « Comment est votre second degré ? », « La Cité de la peur et la mort de la comédie française », « Les secrets d’une musique de film culte », etc. On y trouve plusieurs concepts, organisés en playlists. On a une théorie sur propose des réflexions pour explorer le cinéma au sens large (ils parlaient d’IA au cinéma avec une IA, il y a deux ans, c’est dire s’ils sont visionnaires). Le Lien soulève des liens insoupçonnés entre deux films (oui oui, ils parviennent à relier Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain et Il était une fois dans l’Ouest).
On retient également la playlist Rigolo, où ils décortiquent les mécaniques humoristiques tout en analysant ce qu’elles révèlent de la société française. Calmos, ce sont aussi des émissions plus longues, où on voit David et Hugo, échanger avec des invités autour d’un film. Posés. Au calme. Franchement.

BiTS et Le Vortex (chaînes YouTube d’ARTE)
Et non, nous ne pouvions décidément pas passer à côté d’ARTE dans ce tour d’horizon des chaînes YouTube. Si nous avons déjà mentionné la chaîne avec Blow Up, voici deux autres pépites à découvrir, cette fois-ci côté culture générale. D’abord, BiTS : un magazine pensé pour le web, à la croisée de l’imaginaire de la tech et des cultures populaires. Cinéma, jeux vidéo, culture internet, littérature, bande dessinée… BiTS décrypte, confronte, explore tous les moyens de communication et d’expression, révélant des connexions parfois inattendues entre culture classique et univers geek.

Autre concept : Le Vortex. Le principe ? Chaque saison se compose d’épisodes de 15-20 minutes dans lesquels des youtubeurs spécialisés (dont certains sont cités ici) viennent parler de leur discipline. Regroupés dans une colocation fictive, ces vidéastes vulgarisateurs traitent d’une multitude de sujets : biologie, histoire, philosophie, archéologie, linguistique, physique ou même mythologie. Un format à la fois drôle et instructif, où chaque invité apporte son expertise dans des vidéos communes, de quoi permettre complémentarité des regards et richesse culturelle… Et, pour certains, un petit rappel des joies (et galères) de la vie en coloc.

À découvrir sur JUPDLC
Mondes virtuels et pixels
EGO
Dans la catégorie « vous n’étiez pas prêts », on vous présente EGO. Une chaîne qui parle de jeux vidéo d’apparence simples… pour mieux parler de nous, du monde, de la vie, de la pensée. Rien que ça. Avec lui, une vidéo sur une usine à trombones devient une réflexion existentielle sur l’avenir de l’intelligence artificielle. Le jeu de la vie devient un poème mathématique sur le chaos et l’ordre. Et le musée de l’oubli ? Une œuvre bouleversante sur la mémoire et la maladie.
Car chez EGO, le jeu est un point de départ. Ce qui compte, c’est comment il le raconte, et ce que ça raconte tout court : sur la société, sur la philosophie, sur nos émotions. Et même si les sujets vous paraissent lointains, sa maîtrise narrative, son sens du rythme, sa clarté en font un modèle de création. Une source d’inspiration idéale pour quiconque s’intéresse au fond, à la forme… Ou aux deux.

Micode
Pour mieux comprendre l’univers du digital, Michaël de Marliave, aka Micode, est la personne à suivre. Sur sa chaîne ou dans son émission Underscore_ (qu’il décrit comme le talk-show des passionnés de l’IT), il décortique les rouages du numérique : blockchain, objets connectés, APIs, cybersécurité, IA… et même design. Petite mention spéciale à son émission sur l’UX/UI des super apps asiatiques : Pourquoi le design “bordélique” des apps chinoises est en fait brillant.
Micode vulgarise avec clarté les enjeux tech du moment. Qu’il soit face cam ou entouré d’experts et de grands noms (comme le CEO de Mistral, et même Emmanuel Macron !), il mène des enquêtes et des échanges de qualité, pose des questions pertinentes, et laisse la parole s’installer. La tech fait aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien, et si, comme il le dit bien, Micode ne prétend pas nous former, il n’en demeure pas moins qu’il sait titiller notre curiosité, et nous faire nous révéler ce qui, sans lui, serait resté sous les radars.

Ludo Salenne
Ah…! L’IA. Son nom brûle les lèvres autant que les rétines tant il apparaît sur nos feeds. Elle envahit les titres de presse, de la même manière qu’elle envahit nos vies, professionnelles comme personnelles. Chaque jour, des nouveautés pointent, et l’on ne sait jamais vraiment ce qu’il faut en retenir. Pas le temps de tester tel nouvel outil et de voir s’il vaut la peine ? Pas le temps de comprendre, ni de chercher à aller plus loin que ce qui fait déjà le taff ? Ça tombe bien : Ludo Salenne, il le prend, ce fameux temps, pour décoder et défricher ces multitudes de nouveautés qui nous tombent sur la tête.
Formats courts ou longs, il nous ouvre la voie aux opportunités de l’IA tout en nous mettant en garde contre ses dangers. Maîtriser ChatGPT, Copilot ou Claude, connaître les prompts indispensables, mieux gérer sa relation avec l’outil, être à jour des dernières actus…. C’est simple, clair, illustré avec des tutos en direct, des applications concrètes et des retours d’expérience, avec une approche qui parle à tout le monde. Alors, à vos prompts, prêts ? Partez !

The Great Review
Le gaming, c’est un monde à part. Un monde avec ses codes (de triche, mais pas que), sa culture, ses acteurs, ses événements. Un monde qui a traversé les générations pour devenir un pilier culturel à part entière, à l’instar du cinéma et de la musique. Et The Great Review, alias Augustin Heliot, en a fait sa spécialité. Oui, il existe une multitude de gamers qui streament leurs parties et postent les rediffs sur YouTube. Mais lui va au-delà du gameplay : il nous fait voyager dans l’univers des jeux, nous conte leurs histoires, décrypte leurs mécaniques.
Travailleur acharné, passionné, il réalise des contenus de haute qualité, de longue durée : documentaires sur de grandes licences, histoire de joueurs et d’équipes e-sport, analyses de l’impact culturel du gaming, décryptages de phénomènes communautaires… Autant de récits qui prennent aux tripes et éclairent les dynamiques d’engagement et la puissance émotionnelle du gaming. C’est une porte grande ouverte pour apprécier, (re)découvrir ou mieux comprendre son influence colossale sur les audiences d’aujourd’hui.

Culture créa
Satori Graphics
Satori Graphics, comme son nom l’indique, est un expert du design graphique. S’il propose quelques tips bienvenus pour mieux maîtriser les (redoutables) fonctionnalités techniques de Photoshop et Illustrator, il ne s’arrête pas là. Du branding à la psychologie visuelle, en passant par les grands principes du design, sa chaîne est un melting pot inépuisable de contenus créatifs. Comment une forme, une couleur ou une typo influencent-elles nos perceptions ? Comment affûter son œil « de designer » pour rendre une création plus pro ? Quelles sont les dernières tendances créa ?
Dans ses « Before & After », Satori s’amuse aussi à améliorer des visuels existants pour montrer comment, avec quelques ajustements, un design peut devenir plus impactant. Chose difficile, il parvient à mettre en mots ce qui peut sembler être de l’intuition, mais relève en réalité de choix stratégiques. Des vidéos hyper satisfaisantes et utiles, tant pour les designers que pour les marketeurs et entrepreneurs désireux de booster leur identité visuelle.

Basti
Côté design, Basti (Bastien Marécaux) n’en démord pas. Ce vulgarisateur design, web et mobile, a plusieurs chaînes à son actif. Sur sa chaîne principale, Basti UI, on est dans le dur : design d’interface et graphisme pur jus. Refonte de sites, créations de fausses marques ou apps, fusions inopinées de logos, décryptage des choix graphiques des grandes plateformes (comme Temu ou Amazon) pour mieux en comprendre les ressorts… Le tout de façon décomplexée, décalée et brute de décoffrage.
Sur sa chaîne secondaire, Basti Sans MS, il associe design et actualités web : analyses à chaud de sites (comme celui du fameux kombucha de Squeezie), verdicts sur des rebrandings (« Le nouveau logo de Deezer est-il un flop ? »), news des plateformes (YouTube, Instagram…), ou encore du contenu sur les actus d’influenceurs. Plus contextuel et porté sur le marché français que Satori, Basti mêle expertise et divertissement. Qu’il s’agisse de collabs avec des créateurs et des artistes, comme Cyprien ou BigFlo, ou d’enquêtes plus poussées, Basti, c’est tout sauf basta !

Philo – Psycho – Socio
Fouloscopie
Côté sciences sociales, difficile de passer à côté de Fouloscopie. Mehdi Moussaïd, chercheur en sciences cognitives, explore les comportements humains quand ils agissent en groupe. Et pas juste dans les stades de foot ou les concerts : il nous parle de mécaniques sociales au sens large. Intelligence collective, circulation et déformation de l’information (ou des rumeurs), dynamique des réseaux sociaux, mouvements de foule… Il répond à des questions presque existentielles : la majorité a-t-elle toujours raison ? Combien de personnes faut-il pour déclencher une révolution ? Faut-il imiter ou innover ? Peut-on s’organiser sans chef ?
Clair, pédagogique et toujours nourri de références scientifiques, d’exemples (assez inattendus, parfois) ou d’expériences grandeur nature, il nous aide à mieux comprendre ce qui se joue quand on est plus de deux dans une pièce, ou des millions sur une plateforme. Du pain béni pour qui veut mieux appréhender les logiques virales, les effets de masse et l’engagement collectif (cc les pros de l’event et des réseaux).

Victor Ferry
Côté art oratoire, Victor Ferry maîtrise l’art de transformer une conviction en discours. La rhétorique, c’est ça : donner forme à une idée pour qu’elle persuade, touche et fasse mouche. Comprendre ses rouages, c’est apprendre à s’en servir… et à s’en prémunir. Dans ses vidéos (précisons bien, on ne parle pas de sa chaîne Business & News, très portée politique, ce qui ne relève pas de notre domaine), il analyse avec recul débats TV, interviews et prises de parole : duel politique, joute verbale sur un plateau d’Ardisson (paix à sa verve), ou micros-trottoirs culottés de Loris, qui mènent aux pensées de Goffman et Breton.
Il décortique stratégies argumentatives et réactions émotionnelles, montre pourquoi un discours fonctionne (ou pas), et comment s’en inspirer. Utile autant pour la négociation commerciale que pour affiner une stratégie éditoriale. On retrouve aussi cette approche sur sa chaîne Éloquence et Culture d’Europe, bourrée de conseils pour les créateurs : oser se lancer, gérer les haters, ou s’affirmer devant un public.

LinksTheSun
LinksTheSun (Alexis Breut), c’est pas pour tout le monde. Ton acerbe, humour qui pique, critiques parfois mal digérées… C’est un personnage controversé (on se souvient du tollé après une vidéo sur le véganisme ou ses critiques musicales). Il a eu son heure de gloire, il y a bien 10 ans, mais il reste actif et certains épisodes valent le détour, ne serait-ce que pour se cultiver à coups de mèmes et de sarcasmes.
Style brut et bruyant, langage fleuri, mais il faut reconnaître qu’il a l’art de résumer des siècles d’histoire en 1h. On lui confère le mérite d’être un barbu non barbant. Sa série culte Point Culture parle aussi bien de grands philosophes que de musique classique, de drapeaux ou de films. On retrouve aussi ses 50/50 (5 arguments pour, 5 contre un film), et des contenus plus geeks et littéraires. Sur Links Off, chaîne secondaire, il publie des vidéos « bonus », en complément de ses formats phares, ou encore des coins lecture.

Linguisticae
Linguisticae (Romain Filstroff, ou Monté) est un adepte des sciences du langage. Il s’attaque aux maux des mots. Aux logiques qui les lient, leur étymologie, leur évolution. On y découvre l’origine d’expressions qu’on utilise tous les jours, on s’amuse à analyser des langues inventées (comme le Dothraki), on se demande même si on peut créer une langue avec une IA. Et tout ça pose question. On se rend compte de l’impact des mots sur le monde, sur la perception que l’on s’en fait.
Romain parle de langue, et il ne garde pas la sienne dans sa poche. Il casse les clichés, s’attaque aux « grammar nazis », déchiffre les néologismes et autres loufoqueries linguistiques d’Aya Nakamura, rappelant que d’autres avant elle ont dérangé avant de passer dans la culture légitime, si l’on reprend l’expression bourdieusienne. Avec lui, on apprécie tous les usages de la langue, et on se rappelle que l’aimer, ce n’est pas seulement s’attacher à ses complexités surannées, c’est faire en sorte que chacun soit libre de se l’approprier.

