Razorfish France (Publicis France) et Green IT ont dévoilé, au GreenTech Forum à Paris, leur Baromètre de l’Éco-Conception Digitale 2024. Cette année, et pour la première fois, ce Baromètre inclut l’analyse des interfaces des IA génératives les plus utilisées par les entreprises et les consommateurs, parmi lesquelles ChatGPT, Mistral AI ou encore Dall-e.
Depuis trois ans, le Baromètre de l’Éco-conception Digitale mesure et note les sites web les plus représentatifs de l’économie française (CAC40 et TOP40 e-commerce) en fonction de leur performance environnementale.
Évaluer les impacts environnementaux des IA génératives
Alors que le numérique représente environ 5% des émissions de GES de l’humanité en 2025 (soit plus de 40% du budget annuel soutenable d’un européen) et que la course à l’intelligence artificielle commence déjà à bousculer les engagements Neutralité Carbone des GAFAM, la maîtrise des impacts environnementaux de l’industrie digitale semble plus critique que jamais.
Une situation qui complique l’évaluation des impacts associés
L’évaluation des impacts environnementaux associés aux IA génératives reste difficile, voire impossible. Et pour cause ! L’adoption par les Français des IA génératives a été rapide. 25% des Français déclarent y avoir recours en mai 2024 selon l’IFOP (contre 16% en mai 2023). Sans oublier que les données concernant l’utilisation des serveurs et des data centers, qui permettent de les faire fonctionner, sont inaccessibles.
Une piste à explorer…
Malgré le contexte difficile, il est possible d’évaluer la partie émergée de l’iceberg : les interfaces utilisées pour prompter et les résultats affichés. C’est ce que Razorfish a entrepris, avec l’aide de Green IT, et c’est une première en France.
Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France explique : « Nous ne pouvons plus nous contenter de sensibiliser le marché. Si nous ne voulons pas devenir l’industrie la plus polluante du monde, nous devons modifier notre façon de produire le digital. C’est pourquoi, nous avons défini chez Razorfish une méthodologie maison pour garantir des scores plancher d’EcoIndex et de RGESN (Référentiel Général d’Éco-conception des Services Numériques) sur l’ensemble de nos productions digitales, en-deçà desquels nous ne nous autoriserons plus à descendre. »
Frédéric Bordage, fondateur du collectif GreenIT ajoute : « J’ai créé l’EcoIndex pour aider les acteurs du numérique à réduire leurs impacts environnementaux. Ce Baromètre de l’Éco-conception Digitale apporte une vision d’ensemble du marché qui permet à chaque acteur de se situer et d’identifier les champions pour tirer parti de leurs savoir-faire en matière d’éco-conception. »
L’étude porte sur 12 IA génératives : 6 textuelles et 6 créatives (image) qui ont été évaluées avec l’algorithme EcoIndex pour les positionner sur une échelle de performance environnementale allant de A à G. À savoir :
- Les 6 IA textuelles : ChatGPT, Claude (Anthropic), Copilot (Microsoft), Gemini (Google), Mistral AI, Perplexity
- Les 6 IA créatives (images) : Civitai, Dall-e, Firefly (Adobe), Leonardo AI, MidJourney, Pixlr
Mistral AI et ChatGPT ont les interfaces les moins coûteuses pour l’environnement
Au chargement des interfaces
Les IA textuelles évaluées ont un score moyen de C avec un EcoIndex de 55/100 au chargement des interfaces. C’est nettement mieux que les sites web institutionnels du CAC40 ou que les acteurs du e-commerce.
Après le 1er prompt
Pour un même service rendu, les impacts varient d’un rapport de 1 à 3. Ce qui prouve que certaines IA sont plus respectueuses de la planète que d’autres.
Après 5 prompts
Malheureusement, la performance environnementale s’effondre au fur et à mesure du protocole des 5 prompts. Obtenant le score final de E (EcoIndex de 27/100).
Un prompt complexe vs. 5 prompts simples
Un prompt complexe est moins coûteux pour l’environnement que 5 prompts successifs à l’échelle de l’interface. Cela permet en effet de gagner jusqu’à 31 points d’EcoIndex. Soit une économie de 1 644 249 litres d’eau et 109 616 kg eq.CO2.
Un impact plus important pour les IA créatives
Du côté des IA créatives, les impacts environnementaux sont plus importants encore avec un score moyen d’écoconception de D (40/100) au lancement des interfaces, qui tombe à F (18/100) après 6 prompts.
Que ce soit MidJourney, Dall-e ou encore Firefly, les IA créatives scorent en-dessous de 30/100 avec des notes de E, F ou G.
Le CAC40 ralentit ses efforts d’éco-conception et l’e-commerce recule
Au total, l’ensemble des 80 sites web représentatifs de la vitalité économique française ont une note d’éco-conception digitale en dessous de la moyenne, avec 30/100. Cela démontre une régression de deux points par rapport à la moyenne de 2023.
Par ailleurs, les sites corporate du CAC40 obtiennent un score de E. Soit une note moyenne de 39/100. Contrairement à l’an dernier, où ils avaient progressé de six points par rapport à 2022, ils stagnent cette année.
Notons qu’en 2023, 75% des acteurs du CAC40 avaient progressé, avec des augmentations allant jusqu’à +28 points par rapport à 2022. Cette année, 45% des sites régressent avec une évolution de -2 à -21 points en 2024.
Les 40 E-Commerces les plus visités ne se portent pas mieux
La moyenne des 40 sites web e-commerce les plus visités tombe à 20/100 en 2024. Soit un score de F, étant ainsi en régression de 3 points par rapport à 2023. Par ailleurs, 95% des sites e-commerce ont des scores compris entre E et G.
Et comme l’année dernière, les secteurs qui tirent leur épingle du jeu sont ceux du voyage / transport (31/100, -5pts vs. 2023) et de la distribution alimentaire (29/100, -2pts vs. 2023).
Notons que malgré la complexité inhérente d’un site e-commerce, il est notable qu’il existe un rapport de 1 jusqu’à 5 en matière de performance environnementale pour un même service rendu au sein d’une même verticale sectorielle.
Par exemple, pour un achat alimentaire, les sites web des distributeurs ont des niveaux d’éco-conception variant de 11/100, soit F, à 52/100, soit D !