On a rarement vu un terme prendre une ampleur si considérable en si peu de temps : le metaverse est sur toutes les lèvres, dans tous les briefs marketing ou pitchs de startups, et s’invite même dans les discours des candidats de la dernière élection présidentielle, comme Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Tendance phare du marketing et révolution de fond de la façon de concevoir le futur du Web, le « metaverse » attise la curiosité, l’enthousiasme ou le scepticisme. Mais malgré ceux qui crient au buzz, tous les ingrédients semblent réunis pour que le metaverse devienne une réalité, à commencer par les usages et les investissements, créant de nombreuses opportunités d’emplois, dont beaucoup restent à inventer. Passons en revue ces filières d’avenir avec Ridouan Abagri, Cofondateur et Directeur Général de Digital College, et de sa nouvelle école, Metaverse College.
Le metaverse, nouvelle frontière du numérique ?
Chaque jour, un Français passe en moyenne 8 heures par jour devant un écran connecté à Internet, pour se divertir devant des séries ou des jeux vidéo, échanger avec des amis, de la famille ou de parfaits inconnus, mais aussi faire des achats ou travailler. L’utilisation des casques de réalité augmentée (AR) et virtuelle (VR) – notions qui sont de plus en plus confondues sous le terme de réalité mixte (XR) ou étendue – va se développer au fur et à mesure de l’augmentation de l’offre et de la baisse des prix. HTC, Sony, Samsung, Oculus (Meta) et bientôt Apple… Toutes ces entreprises proposent des casques dont la plupart sont moins onéreux qu’un bon smartphone de milieu de gamme.
Du côté des investissements, Meta a indiqué avoir déjà consacré 10 milliards de dollars au développement de sa plateforme immersive Horizon Word, qui a déjà attiré 300 000 utilisateurs depuis son lancement fin 2021. Un acteur comme Epic Games, le studio derrière le jeu Fortnite et le moteur graphique Unreal Engine, a déjà levé plus de 3 milliards de dollars, dont deux auprès de Sony et un auprès de Lego, pour développer avec ces acteurs sa propre plateforme. Enfin, d’autres acteurs misent sur la décentralisation comme base du Web immersif, et voient en la technologie blockchain le moyen de rendre les plateformes interopérables. Elles s’inscrivent dans le développement du Web3, par opposition aux géants du Web2 que sont les GAFAM. Dans cette économie, la valeur s’échange grâce aux cryptoactifs que sont les cryptomonnaies ou les NFT.
« Ces dernières années, il y a eu l’avènement du numérique, des réseaux sociaux et de l’économie collaborative. Nous sommes désormais à l’aube de l’avènement du Web3 et du metaverse », complète Ridouan Abagri, Co-fondateur et Directeur Général du Digital College, ainsi que du Metaverse College, qui ouvrira ses portes à la rentrée 2022, en partant du constat que Meta promet la création de 10 000 postes en Europe pour son activité metaverse dans les prochaines années. Citant une étude relayée par Pôle Emploi, il ajoute : « 85% des emplois qui seront occupés en 2030 n’existent pas encore. Il est donc assez difficile d’anticiper ces évolutions. Néanmoins, certains de ces métiers d’avenir sont déjà recherchés par les acteurs qui construisent actuellement le metaverse, à commencer par Meta, et nous indiquent quelles sont les compétences et quels sont les outils qui sont à maîtriser dans ce secteur en perpétuelle conviction mais qui, à l’avenir, sera aussi indispensable que ne le sont le Web ou les réseaux sociaux aujourd’hui. »
Quels seront les futurs métiers du metaverse ?
Cela dit, quelles sont les compétences à développer pour travailler dans ces futurs mondes immersifs ? Quelles formations faut-il suivre ? Quels outils faut-il maîtriser ? « Si l’on part des métiers déjà recherchés dont j’ai parlé précédemment, on peut citer notamment les logiciels de MAO, la maîtrise des langages propres à la blockchain, le développement programmatique et le design d’interface en 2D/3D avec Unity ou Unreal Engine. Mais les métiers du metaverse, c’est également un énorme écosystème, avec de nouveaux métiers liés à des secteurs bouleversés par ce nouvel outil. On y retrouvera des opportunités comme : le développeur XR, le consultant financier ou spécialisé dans la blockchain, le data architect, le concepteur graphique 3D, le meta designer, l’ingénieur en IA et beaucoup d’autres encore… », détaille le Directeur Général du Digital College.
Architectes, designers et graphistes AR/VR
Bien sûr, les premiers métiers auxquels on pense seront ceux directement issus du digital et des jeux vidéo tel que nous le connaissons aujourd’hui. Tout comme les Web / UX / UI designers qui réalisent les sites sur lesquels se rendent les internautes, des professionnels designeront les espaces et les expériences accessibles dans les environnements immersifs du metaverse.
De nombreux métiers liés aux jeux vidéo seront aussi mis à contribution : game designers, programmeurs, modélisateurs 3D ou encore experts en intelligence artificielle, afin de générer artificiellement des univers de grande taille, ou encore d’animer des personnages artificiels, influenceurs virtuels ou encore avatars de stars reproduits grâce au morphing.
Des développeurs spécialisés dans l’AR / VR / XR collaboreront avec des architectes et des designers chargés de reproduire ou d’inventer les bâtiments et les objets qui animeront ces environnements immersifs, tandis que de nouveaux métiers comme celui de « digital fashion designer », chargé de créer les habits et accessoires de mode que porteront les avatars des utilisateurs. Sur les réseaux sociaux, la virtual fashion est déjà au cœur de l’offre d’entreprises comme DressX, Replicant ou Tribute.
Spécialistes de la blockchain et des NFT
L’un des enjeux du metaverse est de pouvoir retrouver son avatar, ses vêtements, et l’ensemble de ses possessions d’une plateforme à l’autre. Beaucoup misent sur la technologie blockchain pour rendre possible cette interopérabilité, et plus particulièrement sur les « certificats de propriété » que sont les NFT, qui instaurent le concept de rareté numérique et prennent la forme d’inscriptions uniques rattachées au « wallet » de leur propriétaire, qui fait également office d’identifiant unique pour accéder aux différentes plateformes.
Plus globalement, ce sont les cryptomonnaies qui permettront de transférer de la valeur, ou encore de récompenser les utilisateurs pour leurs actions sur les plateformes, notamment dans le cadre de concepts « play-to-earn » ou « learn-to-earn ». Le metaverse devrait donc conduire au développement de métiers spécialisés dans la cryptographie, mais aussi le développement de blockchain et de « smart contracts », des programmes infalsifiables qui s’exécutent automatiquement quand les conditions sont réunies sur la blockchain. Ces derniers sont notamment utilisés pour gérer les applications de la finance décentralisée, mais permettent aussi de créer par exemple des capsules temporelles, des programmes de fidélité, des testaments…
Tous les métiers auront-ils à terme une version 3.0 ?
Une fois le metaverse installé et parcouru par les utilisateurs, il faudra bien employer des personnes pour vendre des NFT, créer du trafic dans les magasins virtuels, répondre aux questions des clients, animer des communautés sur Discord et organiser des événements virtuels, garantir aux marques des environnements « brand safe », collecter et analyser les données des utilisateurs, assurer leurs actifs contre les hacks, leur proposer des prêts ou des moyens de faire prospérer leur « meta-patrimoine », ou encore gérer leur succession et protéger leurs droits.
Les métiers classiques du commerce, du marketing et de la relation client, mais aussi les professionnels de la gestion de projet, de l’événementiel, de la cybersécurité, de la finance et de la comptabilité, ou encore du droit seront mis à contribution et pourront exercer des métiers aussi innovants et variés que « smart contract lawyer », un juriste spécialisé dans la blockchain, « digital asset executor » un exécuteur testamentaire, ou encore « metaverse event director ». Mais dans le metaverse, certains métiers pourraient être très éloignés de leur équivalent 1 ou 2.0 : un gestionnaire de patrimoine pourrait par exemple y faire fructifier les actifs de ses clients en jouant à des jeux « play-to-earn » ou en louant ces actifs à d’autres utilisateurs !
Reste une question essentielle : À quel niveau de rémunération pourront prétendre ces spécialistes du metaverse ? « La diversité des métiers du Web3 est telle que les fourchettes de rémunération sont énormes. Au début, les profils disposant de compétences liées au metaverse seront sollicités par de nombreuses entreprises et leur salaire explosera comme ce fût le cas avec la digitalisation de notre société jusqu’à finir par s’équilibrer sur une moyenne plutôt haute dépassant le salaire médian. Par exemple, un jeune développeur XR pourra toucher 36 000€ de salaire annuel dans le contexte favorable à cette nouvelle technologie, tandis que les plus expérimentés pourront aller jusqu’à 70 000€ annuels, sur des enjeux majeurs de transformation numérique », explique Ridouan Abagri, convaincu que les besoins en compétence vont croître dans les prochaines années. C’est ce qui pousse un acteur comme le Digital College à lancer une nouvelle offre dédiée, le Metaverse College, dès la rentrée prochaine.
Envie d’en savoir plus sur Digital College ? Rendez-vous sur sa page école dédiée !