Le no-code : menace ou opportunité pour les développeurs ?

En collaboration avec EFREI
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Le no-code semble révolutionner l’univers numérique. Bien plus qu’une mode passagère, ce mouvement a pris de l’ampleur, au point de devenir une tendance de fond sur laquelle de nombreuses startups et entreprises misent aujourd’hui. Pourquoi ? Comment ? Ces sujets ont fait couler beaucoup d’encre et interrogent notamment la place des écoles dans ce nouveau paysage informatique. Comment les formations numériques doivent-elles s’adapter ? Le métier « traditionnel » de développeur est-il menacé ? Le no-code ouvre-t-il de nouvelles perspectives professionnelles et un éventail des possibles ?

 

Le no-code, c’est quoi ?

Une définition s’impose. Le no-code permet de construire des logiciels via une interface « simplifiée » et assez intuitive de programmation visuelle, comme Webflow, Airtable ou Squarespace. Et tout ça, sans coder évidemment. Plus besoin d’écrire une suite de lignes dans un langage compris par un ordinateur et interprété par des 0 et des 1 : il suffit de faire glisser – ou de déposer – les éléments souhaités. « What you see is what you get ».

Le no-code est donc simple, rapide et efficace pour de nombreux usages : la création d’un site web, d’une application ou même d’un jeu vidéo, le développement d’un annuaire ou d’une marketplace, la gestion des données, l’automatisation… Typiquement, pour un projet entrepreneurial, le no-code permet de concrétiser une idée en quelques heures (voire quelques minutes), de passer du concept au Minimum Viable Product (MVP). Autrement dit, un produit fonctionnel. Notons que certaines startups, comme Comet.co, se sont lancées en 100% no-code. Dans le cas de l’acteur cité, c’est seulement au bout d’un an de rentabilité, que ses équipes ont commencé à faire évoluer leur produit vers du code, bloc après bloc.

Contrairement au code et au low-code, le no-code ne requiert aucune connaissance technique et informatique : cette solution se veut accessible au plus grand nombre. Au-delà de la technicité, son prix est également ultra-compétitif. C’est pourquoi cette option est une bonne chose pour les acteurs économiques ayant un petit budget dédié à la communication et qui ne peuvent pas se permettre de faire appel à un développeur.

La fondatrice de TaskRabbit, Leah Solivan, présente même le no-code comme une solution à notre crise économique, dans une tribune publiée sur Fast Company : « Imaginez un avenir dans lequel tout individu peut faire d’une compétence ou d’un service spécifique (cuisine, yoga, promenades pour chiens, jardinage, etc.) un business sans avoir à contracter de prêt, embaucher de développeur ou suivre des cours de commerce. Pensez à ce qui arrivera à notre économie si chacun des millions de chômeurs (sans parler des étudiants diplômés d’une économie incertaine) peut choisir de gagner sa vie différemment. »

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Trop beau pour être vrai ? Peut-être. En effet, le no-code semble être une bonne solution sur le court terme, en raison de ses limites.

 

Le no-code est encore loin de répondre seul à tous les besoins des entrepreneurs

Comme mentionné précédemment, le no-code est loin d’être parfait. Les éléments utilisés pour construire vos logiciels sur les divers outils existants sont pré-codés et en ce sens, ne vous appartiennent pas. Si l’éditeur de l’outil décide de modifier ou supprimer une option, c’est toute votre « réalisation » qui risque d’être impactée. Les utilisateurs sont également soumis aux changements tarifaires de la plateforme. En bref, vous dépendez entièrement de celle-ci. C’est pourquoi, il est important de bien la choisir. Pour ce faire, nous vous recommandons d’étudier toutes les possibilités, de choisir un outil flexible et surtout compatible avec vos propres ressources comme le CRM de votre entreprise, par exemple.

Par ailleurs, les fonctionnalités sont assez restreintes et les designs « imposés ». L’originalité et la personnalisation des créations sont donc limitées : elles pourraient bien ressembler à beaucoup d’autres. Il peut même être impossible de faire évoluer votre page ou votre application selon vos besoins ou l’évolution de votre activité. C’est pourquoi, les développeurs restent indispensables. De même, faire du no-code n’est pas à la portée de tout le monde. En effet, il ne suffit pas d’avoir toutes les clés en main pour avoir LA bonne idée, être inspiré et surtout, « bien faire ». Les développeurs sont aussi là pour conseiller les intéressés.

Enfin, notons que l’innovation nécessitera toujours des développeurs et que ces profils seront toujours à la base des outils no-code. Typiquement, certaines opérations sont bien trop « sensibles » et spécifiques pour exister, à l’heure actuelle, en solution sans code. Parmi elles, nous pouvons citer le traçage par la blockchain d’une filière d’approvisionnement, par exemple.

Pour en savoir plus sur les forces et les limites du no-code, nous vous recommandons la vidéo « Code VS No-code » d’EFREI.

A l’instar des attentes des professionnels, les marchés évoluent et les métiers s’adaptent. Celui de développeur n’échappe pas à la règle et le no-code s’avère être qu’un élément parmi d’autres.

 

Les nouveaux métiers de développeur

1. Le métier de DevOps

Depuis quelque temps, une notion semble avoir le vent en poupe : celle de « DevOps ». Ce terme est un mélange de deux tâches : le développement des applications (Dev) et l’exploitation des systèmes ou les opérations (Ops). Au sens large, DevOps désigne un mouvement organisationnel et culturel. Cette façon de faire vise à « accélérer la livraison de logiciels, à améliorer la fiabilité des services et à permettre aux acteurs du développement logiciel d’être copropriétaires de leur travail », selon Google qui livre même un rapport sur le sujet.

Mais, dans un sens plus restreint, cette notion est utilisée pour désigner un nouveau métier qui nécessite à la fois des compétences de développeur et celles d’un ingénieur système. Ce profil hybride révolutionne ainsi l’organisation des entreprises, puisque ses missions sont les suivantes :

  • Développer une application ou un site web en fonction d’un cahier des charges précis, grâce à un langage de programmation (HTML, CSS, PHP, Javascript).
  • Superviser les tests, les mises en production et le déploiement de la solution.
  • S’assurer du bon fonctionnement du logiciel.
  • Évaluer les performances de la solution et surveiller la qualité de celle-ci.

 

2. Le métier de DevSecOps

Du même acabit, il advient de mentionner la notion de « DevSecOps » (l’abréviation de développement, sécurité et opérations). Le principe ? Intégrer automatiquement et dès la conception les questions de la sécurité à chaque étape du développement d’un logiciel. Ainsi, les équipes mobilisées fournissent plus rapidement un code de meilleure qualité et plus sûr. Pour reprendre les propos de Shannon Lietz, coauteur de DevSecOps Manifesto : « Le but et l’intention de DevSecOps est de s’appuyer sur l’état d’esprit selon lequel tout le monde est responsable de la sécurité, dans le but de distribuer en toute sécurité les décisions de sécurité rapidement et à grande échelle à ceux qui détiennent le plus haut niveau de contexte sans sacrifier la sécurité requise. »

Par ailleurs, dans notre société du « tout digital », le rôle des ingénieurs DevSecOps est primordial. Ils veillent à ce que le réseau informatique de leur entreprise n’ait pas de failles de sécurité. Pour ce faire, ces ingénieurs assurent le suivi des process, la rédaction des analyses de risques, la gestion des incidents, les tests, l’automatisation des contrôles de sécurité, la maintenance du système… Plus largement, ils contribuent à la construction d’une « culture sécurité » au sein de l’entreprise. Comment ? En formant et en accompagnant leurs collaborateurs et clients dans la mise en place des bonnes pratiques.

 

3. Les opportunités offertes par l’IA

C’est un fait : l’Intelligence artificielle (IA) va profondément transformer le travail et les métiers, dont celui de développeur. Rappelons que celle-ci confère à une machine, des capacités d’analyse et de décision afin qu’elle s’adapte intelligemment aux situations ; grâce à un ensemble d’algorithmes. De plus en plus implémentée dans des applications, l’IA offre de multiples opportunités. Celle-ci peut même aider les développeurs à booster leur productivité. Comment ?

  • L’IA peut être utile à la gestion de projet en optimisant celle-ci (identification des tâches chronophages, mise à jour du calendrier…)
  • Un assistant numérique peut permettre de déterminer les prérequis et exigences d’un projet en analysant les documents initiaux, en proposant des corrections, en identifiant les ambiguïtés ou les incompatibilités…
  • L’IA peut participer au codage, à la révision, à la détection et à la résolution de bugs, en fournissant des recommandations pour terminer les lignes de code, au fur et à mesure que celles-ci sont créées, par exemple.
  • Cette technologie peut exécuter des tests plus précis et plus sûrs, rapidement.
  • L’IA peut participer au déploiement de logiciel et prédire à l’avance les échecs.

A l’heure actuelle, les entreprises peinent à recruter des développeurs qualifiés. Une qualification qui s’acquière certes par l’expérience mais aussi par la formation (BAC+5), délivrée par les grandes écoles du numérique.

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Crédit Photo : Pexels / @ThisIsEngineering

 

L’importance des écoles numériques

Tout au long de cet article, nous avons démontré l’intérêt du code, du no-code mais aussi leur complémentarité. En effet, le no-code s’avère être idéal pour les jeunes entrepreneurs, les PME-TPE, les experts du marketing, les professionnels du e-business, etc. qui n’ont pas toutes les compétences techniques pour monter leur propre site ou application. Rappelons que « fait vaut mieux que parfait ». C’est également une aubaine pour les personnes qui se reconvertissent dans le numérique. En ce sens, le no-code et ses outils sont de véritables facteurs d’émancipation vis-à-vis de la technique. L’enseigner à l’école semble donc évident : cette formation poussera les étudiants du marketing ou du e-business à s’approprier les outils du numérique autrement. Un potentiel qu’EFREI a bien compris.

Pour Emmanuel Peter, Directeur des programmes experts du numérique EFREI : « La maturité des solutions no-code marque une évolution significative dans le web et ses usages. Au sein de nos enseignements, c’est un facteur que nous prenons en considération avec beaucoup d’intérêt. En effet, du côté des Programmes Grande Ecole d’ingénieurs, il nous faut acclimater les futurs ingénieurs du Dev aux outils existants et leur permettre de connaître des solutions permettant de résoudre facilement des problèmes à moindre frais et en moins de temps. L’automatisation de certaines tâches est, notamment, l’une des réelles promesses des solutions no-code en entreprise. Par ailleurs, du côté de nos Programmes Experts du numérique (formant des professionnels via des BTS, des bachelors ou des mastères sur des domaines à la fois tech et digital), le no-code est très intéressant. Il permet en effet à des étudiants en marketing ou en e-business de s’affranchir du dev pur pour développer des concepts voire monter des startups. Une fois les projets lancés – et c’est aussi la force de l’école – l’optimisation du site de l’app ou du projet peut se faire en bonne intelligence avec des étudiants ou des diplômés et spécialisés dans le dev. »

De la même manière, enseigner le code aux « futurs experts » du développement est tout aussi utile. Le no-code peut faire gagner du temps à un développeur et le pousser à se focaliser sur le code à forte valeur ajoutée. Qui plus est, le Dev arrive dès que le no-code atteint ses limites.

« Le no-code ou l’IA sont des technologies émergentes qui vont transformer fondamentalement les métiers du numérique. Les experts du dev ont un intérêt majeur à s’y acclimater durant leurs études afin de mieux appréhender leur futur métier. Loin d’être des solutions de remplacement d’un métier, il est important de les considérer comme des outils répondant à certaines tâches pour faciliter le travail des Dev qui doivent les prendre en considération pour améliorer – si besoin – leur quotidien. » conclut Emmanuel Peter.

 

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