L’ignorance des Français concernant le rôle de la publicité dans le financement d’Internet met en danger de nombreux sites web. C’est le principal enseignement d’un nouveau sondage de The Trade Desk, qui révèle que seul un tiers (34 %) des Français déclare savoir comment Internet est financé, près de la moitié (48 %) ne réalisant pas que la publicité est une source de revenu majeure pour les éditeurs en ligne.
L’étude révèle que 1 personne sur 10 (13 %) pense que ce sont les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) qui financent le contenu auquel elle accède et 11 % pensent que Google et Facebook devraient être remerciés pour la gratuité de cet accès. 1 personne sur 20 (4%) estime que c’est grâce aux taxes qu’Internet trouve ses fonds, tandis que le même pourcentage pense qu’Internet ne coûte rien du tout aux éditeurs.
Deux tiers des Français (66 %) affirment n’avoir aucune idée du financement d’Internet. Cette ignorance s’explique en partie par le manque de pédagogie du secteur de la publicité lui-même, qui ne communique pas clairement sur l’échange de valeurs en présence sur Internet. Près d’un quart (23 %) reconnaît que de nombreux sites web et applications cesseraient tout simplement d’exister sans publicités axées sur les données.
En effet, les éditeurs ne seraient plus en mesure de gagner suffisamment d’argent pour maintenir leurs services en activité. Seuls 16 % des Français se rendent compte qu’une grande partie des sites web et des applications seraient obligés de faire payer l’accès à leur contenu s’ils n’étaient pas en mesure d’utiliser des data pour afficher des publicités ciblées et pertinentes.
Peu sensibilisés à cette réalité, les Français s’attendent à un service subventionné, 4 sur 10 (43 %) déclarant qu’ils ne seraient pas prêts à payer pour consulter le contenu d’un site web et un tiers (32 %) déclarant qu’il ne paierait pas plus de 5 € par mois pour naviguer sur le web sans publicité. Pourtant, plus d’un tiers (38 %) admet utiliser un bloqueur de publicité. Or, les ad-blockers empêchent de facto de recevoir des publicités, ce qui entrave la capacité des éditeurs à financer des contenus gratuits.
En Angleterre par exemple, les recherches menées par l’Association for Online Publishing suggèrent que les éditeurs ont perdu plus de 18 millions de livres sterling en 2018 à cause des bloqueurs de publicités. François-Xavier Le Ray, Managing Director France et Belgique de The Trade Desk, commente cette enquête : « Pendant trop longtemps, les consommateurs ont été assaillis de pop-ups de consentement qui ne communiquent pas clairement l’échange de valeur sur lequel les éditeurs comptent pour fournir aux utilisateurs un contenu gratuit de qualité. Cette absence d’information est préjudiciable et, si elle n’est pas corrigée, aura des conséquences irréversibles pour les éditeurs et leur capacité à survivre.
Nous devons agir maintenant. C’est pourquoi nous menons une initiative à l’échelle du secteur pour construire une nouvelle solution d’identité indépendante et sans cookie. Ce système open-source créera une cohérence sur Internet, en offrant une solution d’identité pour simplifier la navigation tout en expliquant clairement aux consommateurs la valeur de l’échange ». Il poursuit : « La nouvelle solution permettra également aux consommateurs d’avoir un contrôle sur leurs données et la manière dont elles sont utilisées. La mise à niveau de la technologie actuelle en matière d’identité est essentielle pour rétablir la confiance dans le secteur de la publicité et préserver un internet gratuit – au bénéfice des consommateurs, des éditeurs et des annonceurs ».
L’appétit des consommateurs pour une vie financée par la publicité va bien au-delà d’Internet. En effet, les Français aimeraient que leurs courses ou leur abonnement Netflix soient financés par la publicité, respectivement pour 29 % et 34 %.
Viennent ensuite les transports publics (22 %), les factures de services publics (21 %), les voyages en train (17 %) et les événements culturels (16 %).
Méthodologie
En septembre 2020, The Trade Desk a commandé une enquête représentative auprès de 1 000 consommateurs âgés de 18 ans et plus en France, en collaboration avec la société d’études de marché Appinio, afin de déterminer la connaissance des Français sur le financement d’Internet.