Nous achetons en passant par les réseaux sociaux depuis le lancement du social shopping par Meta en 2017. Pourtant, il semble que celui-ci n’en soit encore qu’à sa phase d’expérimentation tant les fonctionnalités apparaissent et disparaissent, voire diffèrent selon les pays. Mais les ventes sont croissantes. L’acteur historique Meta (Facebook et Instagram) a donc bien l’intention de continuer à tirer profit de cette opportunité. Quant aux autres plateformes, certaines commencent à s’essayer à la pratique, ce qui pourrait bien rebattre les cartes.
Avec les éclairages et les conseils d’Alexis Clouet, Chief Digital Officer à Digital College, nous vous expliquons dans cet article les facteurs qui contribuent à l’essor du social shopping, et ainsi mieux comprendre ses enjeux. Nous vous détaillons également les différentes plateformes qui ont mis en place un système de facilitation des ventes et les stratégies digitales pour s’inscrire dans cette tendance en 2024.
Le social shopping en quelques chiffres
Pourquoi le groupe Meta s’est-il lancé dans le social shopping sur Facebook et Instagram ? Et pour quelles raisons continue-t-il cette stratégie ? Tout d’abord parce que le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux augmente. Selon Statista, il était de 34,08 millions en 2015 et est passé à 48,71 millions en 2022. Les prévisions sont optimistes avec 52,75 millions en 2024.
Ceux-ci se sont petit à petit habitués à la présence en ligne des entreprises et à la présentation des articles. Ils sont même en demande puisque 62,7% des instagrameurs recherchent des marques et des produits sur Instagram selon l’étude de We are social. De plus, ils suivent leurs enseignes préférées, participent aux communautés de ces dernières, aiment, partagent et commentent les contenus des influenceurs, etc. En outre, ils rencontrent des publicités de plus en plus personnalisées tout au long de leur navigation.
Le social shopping est donc un service supplémentaire qui accompagne les usages des internautes. Et cela fonctionne puisque les ventes via le social shopping sont en augmentation selon Statista. Elles représentaient 992 milliards de dollars en 2022 et de 1 298 milliards de dollars en 2023, avec une prévision de 1 698 milliards de dollars en 2024.
Ces chiffres le montrent : le social shopping est une tendance qui se confirme.
JUPDLC : Quel regard portez-vous sur le social shopping aujourd’hui, en 2024 ?
Alexis Clouet : Le social shopping n’est plus une simple tendance, il est en passe de devenir la norme de consommation pour la nouvelle génération.
En 2024, les consommateurs découvrent davantage de marques et de contenus sur les réseaux sociaux que sur les sites traditionnels et les moteurs de recherche. Ils recherchent des expériences d’achat fluides et interactives. C’est là que le social shopping entre en jeu, en offrant une convergence unique entre le commerce sur les réseaux sociaux et l’achat en ligne, en se rendant directement sur le lieu virtuel préféré des consommateurs.
Les plateformes de médias sociaux comme Instagram, TikTok et Pinterest se transforment alors en de véritables marchés virtuels. Les utilisateurs peuvent désormais découvrir des produits, interagir avec les marques et effectuer des achats directement, sans avoir l’impression de suivre un tunnel de vente fastidieux. C’est là la grande force du social shopping.
Pourquoi le social shopping est-il en plein essor ?
Les raisons de l’essor du social shopping sont multiples. Mais toutes sont liées de prime abord aux attentes et habitudes des internautes.
Le social shopping offre une expérience personnalisée
Aujourd’hui, les campagnes digitales et les outils d’analyse des réseaux sociaux et du web permettent un ciblage très précis des leads, des prospects et des clients.
Ainsi, à partir de la collecte des données notamment démographiques et géographiques, il est possible de toucher un public spécifique par plusieurs biais :
- Création de publications sur son compte ;
- Partage de photos et de vidéos ;
- Publicité digitale ;
- Recommandations du réseau social qui analyse le comportement des utilisateurs et leur réseau d’amis.
Le social shopping s’appuie donc sur ces différentes données pour améliorer la conversion.
Il rend les achats fluides
Les achats sur mobile représentent 60 % des ventes en ligne dans le monde, pour un volume d’environ 2,6 milliards d’euros selon Statista. Les internautes cherchent donc en grande majorité à acheter rapidement depuis leur smartphone.
Si le paiement en un clic via le réseau social est surtout possible aux États-Unis et non en France, le social shopping facilite tout de même l’acquisition des produits. Lorsque l’internaute clique sur un lien, il est directement dirigé vers la page de l’article sur le site du commerçant.
Il répond au besoin de réassurance
En plus de voir le produit sur le réseau social, l’internaute consulte aussi les avis et les commentaires des autres utilisateurs. Cela crée un sentiment de réassurance. Celui-ci est renforcé si la source du trafic provient d’influenceurs. En effet, ceux-ci ont beaucoup d’impact sur leur communauté. Selon une étude Statista sur les partenariats avec les influenceurs, plus de 8 personnes qui en suivent sur 10 ont été tentées par l’achat de produits mis en avant.
Un autre élément de confiance réside également dans le fait de pouvoir contacter facilement le service client de la boutique. Nul besoin d’appeler ou d’envoyer un mail : un message privé ou un commentaire sur un post suffit à obtenir une réponse simple et directe. De même, l’internaute sait que les remarques et avis négatifs ont un poids important et donc que l’entreprise a tout intérêt à fournir un service satisfaisant.
JUPDLC : Pensez-vous que le social shopping représente une révolution dans les habitudes de consommation des internautes ?
Alexis Clouet : Le social shopping bouleverse les habitudes de consommation des internautes en les incitant à l’achat impulsif, à la découverte de produits par le biais d’influenceurs et de recommandations personnalisées, et en encourageant l’interaction entre consommateurs. Cette tendance s’inscrit dans une évolution vers un commerce plus social et collaboratif, où l’acte d’achat devient une expérience sociale et interactive. Il est encore trop tôt pour affirmer qu’il s’agit d’une révolution, mais le social shopping a le potentiel de transformer durablement les habitudes de consommation en ligne.
Le social shopping présente de nombreux avantages pour les entreprises de vente en ligne
Le social shopping facilite également l’activité des entreprises :
- Les outils intégrés mis à disposition par les réseaux sociaux, mais aussi les retours directs de la communauté sont des informations précieuses pour connaître les attentes des prospects et des clients de manière générale.
- Ils offrent la possibilité d’analyser ses performances.
- Le social shopping octroie une meilleure visibilité auprès de votre cible spécifique et donc génère plus de trafic sur le site d’e-commerce.
- Il permet de garder plus facilement contact avec les clients et de les fidéliser du fait de la création d’une communauté et des recommandations régulières qu’il est possible de leur envoyer après achat.
- Les communautés formées suscitent par ailleurs un engagement plus grand de la part des clients.
- Le taux de conversion est plus élevé grâce à la fluidité d’achat et la forte personnalisation.
- Enfin, pour toutes ces raisons, le chiffre d’affaires augmente et le ROI est amélioré.
« L’un des principaux enjeux est de créer une présence engageante sur les réseaux sociaux. »
JUPDLC : Quels sont les enjeux associés au social shopping pour les entreprises ?
Alexis Clouet : Le social shopping représente une opportunité majeure pour les entreprises de se connecter avec leurs clients et de générer des ventes. Cependant, il existe également un certain nombre d’enjeux que les entreprises doivent relever pour réussir dans ce domaine.
L’un des principaux enjeux est de créer une présence engageante sur les réseaux sociaux. Cela implique de développer du contenu de qualité qui attire l’attention des utilisateurs et les incite à interagir avec la marque. Les entreprises doivent également être à l’écoute de leurs clients et répondre à leurs questions et commentaires de manière proactive.
Un autre enjeu est de s’assurer que le processus d’achat est fluide et facile. Les utilisateurs doivent pouvoir trouver les produits qu’ils recherchent rapidement et facilement, et le processus de paiement doit être simple et sécurisé.
Quelles sont les plateformes de social shopping ?
Le social shopping est un atout pour l’e-commerce. Mais concrètement, quelles plateformes et fonctionnalités sont aujourd’hui disponibles ?
Facebook Shops
Facebook est la plateforme de social shopping la plus utilisée dans le monde, mais elle ne propose pas les mêmes services en fonction des pays. Par exemple, certains acheteurs américains peuvent payer leurs articles directement via Facebook Shops. Les vendeurs n’ont donc en principe pas besoin d’avoir un site web en parallèle.
En Europe, il est possible de créer une page dédiée à sa boutique et exposer ses produits en photo, avec des tags et des liens vers son site pour que le client finalise l’achat. Il ne faut pas confondre ce service avec la Marketplace de Facebook, qui repose sur les petites annonces entre les particuliers.
Ajoutons que Facebook appartient à Meta : de ce fait, les comptes peuvent être synchronisés avec ceux d’Instagram pour être présent sur les deux plateformes.
Instagram Shopping
Instagram est un réseau social très visuel, ce qui en fait un support efficace pour présenter ses produits. Les utilisateurs peuvent découvrir les boutiques et les articles par le biais des tags, des publicités ou des recommandations du réseau social sur leur fil d’actualité. Outre les photos, des réels (vidéos courtes) et des stories (photos, vidéos, texte et/ou musique qui durent 24h) peuvent être créés. Les live shoppings ne sont cependant plus disponibles depuis 2023.
Le plus d’Instagram Shopping : le fait de pouvoir taguer un ou plusieurs articles directement sur l’image ce qui permet aux internautes d’accéder à la fiche produit du site en un clic.
Les autres réseaux sociaux
Les autres réseaux sociaux n’ont pas encore développé beaucoup de fonctionnalités concernant le social shopping. Notons toutefois la possibilité de faire de la publicité et de créer des liens vers des pages produits sur Pinterest.
Remarquons aussi le lancement de TikTok Shop aux États-Unis en 2023. Les vendeurs enregistrent leurs produits manuellement ou peuvent même transférer leur catalogue depuis leur CMS. Le réseau social chinois propose également le tag dans les vidéos, le live shopping, ainsi que le paiement intégré. Nous n’avons pas encore d’informations sur une éventuelle ouverture de cette activité en France.
JUPDLC : Dans quelles directions pensez-vous que le social shopping va se développer ces prochaines années ?
Alexis Clouet : Le social shopping est en plein essor et son développement ne montre aucun signe de ralentissement. Les entreprises qui souhaitent rester compétitives dans ce paysage en constante évolution doivent se préparer à l’avenir du social shopping.
L’essor du livestream shopping, l’intégration du social shopping dans les applications de messagerie, l’utilisation de l’intelligence artificielle, la montée en puissance du social commerce sur les plateformes de jeux vidéo et l’essor de la réalité virtuelle et augmentée sont autant de tendances qui façonneront l’avenir du social shopping.
Comment établir une stratégie de social shopping ?
Vous en savez un peu plus sur les enjeux et les plateformes. Mais quelles sont les phases d’une stratégie social shopping ?
1. Choisir le bon réseau social en fonction de sa cible
Une bonne préparation est essentielle avant de se lancer dans l’aventure du social shopping. Les premières questions à se poser sont les suivantes :
- À qui s’adresse l’offre ?
- Sur quelle(s) plateforme(s) se rendent les prospects et les clients ?
- Qu’y font-ils ?
En résumé, il s’agit de comprendre quel réseau social est le plus adapté pour sa cible.
La première étape consiste donc dans le fait d’avoir une connaissance approfondie de ses prospects et clients. Ainsi, il convient de rassembler le plus de données possible, par exemple en posant des questions à ces derniers via des formulaires, ainsi qu’en analysant sa communauté et la fréquentation des forums relatifs à son domaine d’activité. Puis, il est indispensable de réaliser des personas, c’est-à-dire des personnages fictifs qui ressemblent à sa cible.
Avec cette base et selon les ressources disponibles, une entreprise est en mesure de :
- Créer sa boutique sur le réseau social.
- Construire des campagnes publicitaires précises.
- Élaborer du contenu impactant et qui parle à sa cible (texte, photo, vidéo, story.).
- Rassembler une communauté et l’engager avec des questions, des concours, etc.
Les liens vers la page de vente pour chaque produit mis en avant ont également leur importance.
2. Se renseigner en détail sur les fonctionnalités et les conditions de vente de chaque réseau social
Nous l’avons vu dans la partie précédente de cet article, les réseaux sociaux ne proposent pas tous les mêmes fonctionnalités. Conformément à sa situation géographique, son activité et à ses cibles, il faut bien analyser les offres de chaque plateforme pour qu’elles répondent à ses besoins.
Concernant l’aspect technique et juridique, il est utile de choisir de se former ou de faire appel à un professionnel pour créer concrètement la boutique. Il s’agit par exemple de la connexion par le biais d’un API, de la prise en main des outils de suivi, de la configuration, la gestion des cookies, etc.
3. Avoir une stratégie et un plan d’action précis
Avec tous ces éléments, il est possible de mettre en place un plan d’action sur le court, le moyen et le long terme, tout en s’adaptant aux attentes des clients, mais aussi aux éventuels changements de fonctionnalités des réseaux sociaux.
De surcroît, les stratégies de social shopping s’intègrent dans un écosystème marketing et digital plus large. L’identité de marque est primordiale. Ainsi, il faut être cohérent dans la ligne éditoriale et dans la charte graphique. De même, la landing page de chaque produit doit correspondre à l’objet vendu.
4. Installer une messagerie instantanée sur son site web
La dernière astuce pour profiter des avantages du social shopping : installer Messenger, un chat en direct comme Whatsapp, voire un chatbot basé sur l’IA. Le prospect ou client obtiendra une réponse rapide et pourra communiquer avec l’entreprise par le biais de son téléphone mobile et des réseaux sociaux.
JUPDLC : Selon vous, est-il nécessaire de se former au social shopping et plus largement au social media pour développer son e-commerce ?
Alexis Clouet : L’essor du social shopping et des réseaux sociaux impose aux entreprises de l’e-commerce une formation continue. Comprendre les nouvelles technologies, maîtriser les stratégies marketing spécifiques, créer du contenu engageant et analyser les données sont autant de compétences clés pour exploiter ces plateformes et générer des résultats. Se former, c’est investir dans la compétitivité et la croissance de son e-commerce.
Pour conclure
Le social shopping est une tendance qui se confirme en 2024. Les internautes sont de plus en plus habitués à l’immédiateté et à la fluidité dans les achats et les échanges. Ils veulent communiquer rapidement et sur des canaux différents, pouvoir faire des achats facilement sur mobile, ne pas être considérés comme n’importe quels clients lambda et être rassurés quant au sérieux de l’entreprise avant d’acheter. C’est pourquoi il est primordial de développer une stratégie marketing qui prenne en compte le social shopping et de guetter les changements qui pourraient survenir dans les prochains mois du fait de l’évolution permanente de ces canaux.
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