« La fin de la com' », telle est l’effrayante prophétie d’Arnaud Benedetti, auteur de cet essai cinglant sur la communication politique.
Arnaud Benedetti est aujourd’hui professeur associé à l’Université de Paris-Sorbonne ainsi que directeur de la communication à l‘Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Ancien directeur de la communication du CNES (Centre national d’études spatiales) et du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), il est notamment connu pour ses ouvrages « La communication » et « Communiquer c’est vivre ». Son dernier ouvrage « La fin de la com' » dépeint une communication politique difficile, essoufflée.
L’auteur y établit une distinction importante entre :
- La communication, anthropologique, traditionnelle : elle s’inscrit dans toute organisation, relation humaine.
- La com’ , vise à s’assurer de l’adhésion des sociétés : rien ne se fait sans le consentement des peuples. Cette dernière a une dimension presque propagandiste.
La mauvaise réputation de la com’
La com’ a en effet une réputation sulfureuse, cette dimension de la communication fut déjà critiquée dans « Le procès de la communication : Accusée, levez-vous » de – Thierry Wellhoff.
Pour Benedetti, la communication des organisations souffre de cette réputation, néanmoins elle peut corriger cet aspect négatif avec les acteurs de la R.S.E (responsabilité sociale d’entreprise). Les codes de la communication des organisations ne sont pas ceux de la communication politique, c’est pourquoi l’histoire de notre civilisation et les rapports de forces qui s’inscrivent dans notre société rendent cette dernière plus difficile.
L’information instantanée
De plus si l’on en croit l’ouvrage de Jean-François Fogel et Bruno Patino « La condition numérique » (2013) : «Le temps de la connexion permanente » rend les choses compliquées pour les politiques. En effet cette nouvelle ère se place sous le signe de l’immédiateté, la proximité, ainsi l’information est instantanée, incessante. Les frontières spatio-temporelles de cette information sont abolies, ainsi que ses relations entre les citoyens, la presse et les politiques : pour ces derniers le répit n’est pas permis, pour la communication non plus. Quand l’information court sans cesse, la gouvernance de nos politiques et la capacité d’analyse de leurs équipes, des citoyens, sont en souffrance.
Les faits alternatifs
Benedetti met en lumière la notion de post-vérité, autrement dit les « faits alternatifs« , ces derniers ont notamment fait parler d’eux lors de la campagne pour la présidence des Etats-Unis de 2016. Les faits alternatifs ne sont pas nouveaux, encore une fois c’est la vitesse de l’information qui a changé. Elle semble polluer l’espace public et l’information véritable. Le coupable ? Internet ! Il est une tribune pour les adeptes de la désinformation paradoxalement il est aussi un forum démocratique important, garant de la pluralité des expressions.
Le résumé de cet ouvrage : Longtemps la com’ des politiques aura été la langue des oligarchies. De cette machinerie démagogique, les peuples commencent à s’affranchir. Des propagandistes aux fils de pub, des conseillers d’image aux spin-doctors, de la Maison Blanche à l’Élysée, c’est la chronique de cette domination et de cette libération que retrace, ici, en historien critique et en acteur engagé, Arnaud Benedetti.
Un livre incisif, mené au pas de charge et tirant à bout portant, pour comprendre les captations d’hier, les contestations d’aujourd’hui et les révolutions de demain.