A l’instar de notre société, la communication a évolué. Vecteur de transformation culturelle, elle met désormais sa puissance et sa créativité au service de la durabilité. En effet, son métier ne consiste plus uniquement à promouvoir une organisation, un produit ou un service : il fait écho aux nouvelles attentes du « consommateur-citoyen », aux récents enjeux sociétaux, aux impératifs environnementaux et à l’urgence climatique. C’est pourquoi, on parle de communication responsable (ou communication durable, ou éco-communication).
Quels sont les enjeux d’une telle communication ? Comment la mettre en place ? Quelles sont les bonnes pratiques ? Comment ne pas tomber dans le « greenwashing » (ou « éco-blanchissement » dans la langue de Molière) ?
Pour répondre à toutes ces problématiques, l’équipe de J’ai un pote dans la com s’est entretenue avec un expert et passionné de la communication responsable : le collectif marseillais La Collab. Une occasion d’échanger avec Claire Marc, sa Cityleader. Présent à Toulouse, Paris, Marseille et Nantes, mais aussi Barcelone, ledit collectif a pour projet d’accompagner la transformation du monde du travail, de favoriser les collaborations saines et l’épanouissement professionnel et personnel des freelances.
Entrevue avec Claire Marc, Cityleader du collectif marseillais La Collab
JUPDLC : Pour commencer, pouvez-vous présenter La Collab (son projet, sa cible, ses valeurs et sa philosophie) ?
Claire Marc : La Collab est un collectif de plus de 80 freelances multi-spécialistes et passionnés, représentant plus de 32 métiers du Marketing, Communication et Digital. Nous accompagnons les entreprises (TPE/PME et Grands Groupe) de la réflexion stratégique aux opérations créatrices de valeur pour votre entreprise en créant des équipes projet sur mesure d’experts indépendants.
La Collab est vraiment née d’un vécu et d’une rencontre entre deux freelances (sur LinkedIn d’ailleurs), toutes deux concurrentes à la base.
Toutes les deux ne se reconnaissaient ni dans le schéma d’agence traditionnelle ni à 100% dans le freelancing. Il leur manquait un élément crucial : des synergies de l’entraide, de la solidarité, bref des collègues, collaborateurs, etc ! Elles ont donc pris le meilleur de ces deux mondes et ensemble ont monté le collectif de freelances, La Collab, en 2015.
Pour chaque projet mené au sein de La Collab, ce ne sont pas deux entités qui font affaires, c’est une nouvelle entité qui se crée. Engagée sur le terrain et ambassadeurs de l’autrement, nous aimons définir notre approche en un seul mot : la Collaboration. Parce que nous sommes persuadés que tous les jours nous menons des petites batailles pour créer un monde du travail meilleur, nous nous investissons et nous engageons pour améliorer à notre échelle le bien-être des freelances, de faire respecter le prix juste de nos services, soutenir et aider les freelances se lançant à leur compte.
Le collectif puise sa force et est fondé sur la notion d’intelligence collective. Et c’est naturellement que nous portons les valeurs telles que la bienveillance, l’utilité, la durabilité, l’agilité, la cocréation et la passion.
JUPDLC : En parallèle des nouvelles attentes de la société et des enjeux environnementaux, le terme de « communication responsable » est devenu récurrent. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Pouvez-vous nous donner un exemple d’action concrète ?
Claire Marc : Avant toute chose, il faut savoir qu’il y a beaucoup de manières de définir la « communication responsable ». Comme tous ces termes très populaires, chacun peut s’en faire sa propre définition, ce qui compte c’est juste de ne pas perdre le cœur de l’idée, à savoir : porter des messages clairs et transparents, adopter une communication plus sensible aux enjeux écologiques, sociaux et sociétaux.
Il s’agit de donner enfin une nouvelle tonalité, un nouveau visage à la communication ! Une communication qui fait preuve d’humilité et de pertinence. On est vraiment plus sur la qualité des messages transmis plutôt que la quantité.
Toutefois, avant de parler d’actions concrètes de communication responsable, j’aimerai déjà préciser que cette dernière n’est pas un outil. Je ne décide pas de faire de la communication responsable du jour au lendemain seulement parce que j’ai vu passer ce terme 2 000 fois sur mon LinkedIn. Non, il est d’abord primordial d’aligner l’état d’esprit de l’entreprise, des fondateurs, employés et parties prenantes avec les messages. Il faut que vous soyez animé par cette réelle envie de changement, d’impacter, de faire bouger les choses. Il faut que personnellement vous soyez engagé et que vous meniez des actions concrètes avant de passer aux actions de communication responsable, aux messages à délivrer. Les messages ne seront que mieux écoutés et compris s’ils sont fondés.
Pour tout de même répondre à votre question et vous donner un exemple d’action concrète de communication responsable, je peux vous citer celle de développer un site web éco-conçu. C’est un site plus respectueux de l’environnement, moins gourmand en énergie et prenant en compte les contraintes d’accessibilité. Je pourrai aussi vous citer le simple fait d’éviter l’envoi d’emails inutiles et de pièces jointes trop volumineuses, c’est ce que l’on appelle le « permission marketing ».
JUPDLC : N’importe quelle entreprise peut-elle mettre en place une communication responsable ?
Claire Marc : J’ai envie de vous répondre oui et non. Oui dans le sens où c’est une possibilité offerte à chaque entreprise, à chaque individu. En revanche, j’ai également envie de vous répondre non car comme je l’explique pour la question précédente, il faut que votre entreprise ait dans son ADN, sa raison d’être, ses valeurs, la réelle envie de faire changer les choses, d’impacter positivement et d’adopter une vision et des actions plus responsables. On ne peut pas du jour au lendemain devenir une marque engagée. Cela implique plus d’introspection, de changements que ça !
Beaucoup d’entreprises actuelles naissent car elles ont des convictions et une démarche RSE très forte, une volonté de faire changer les choses vraiment ancrées en elles. Ces entreprises adoptent une communication responsable dès le début de leur existence car cela correspond à leur vision. Toutefois, n’importe quelle entreprise peut évoluer et décider de s’engager plus. Le processus sera plus long et il faudra bouleverser des modes de pensées et habitudes au sein de l’entreprise, parfois même les modes de production, mais à terme si le changement est bien fait, la communication responsable prendra tout son sens.
JUPDLC : Certains peuvent voir dans cette communication, un « effort » supplémentaire à fournir. Quels sont vos principaux arguments pour les convaincre de s’engager dans cette direction ?
Claire Marc : Le seul argument que j’ai envie d’énumérer c’est que « l’effort » supplémentaire à fournir on se doit de le fournir tant qu’on le peut encore. Sans rappeler ce qu’on entend sans cesse dans les médias et autres, la Planète s’essouffle et s’épuise peu à peu. La procrastination n’est pas le meilleur ami de notre belle Planète, ni d’une société plus égalitaire…
Pour tout de même citer un autre argument, un peu plus positif, c’est qu’il faut savoir qu’être, ou devenir, une marque durable est un réel gage de compétitivité. Il existe, selon RSE reporting, un écart de performance économique d’environ 13 % en moyenne entre les entreprises qui mettent en place des pratiques RSE et celles qui ne le font pas.
JUPDLC : Comment les accompagnez-vous ?
Claire Marc : Pour vous résumer rapidement nos champs d’actions et comment nous pouvons accompagner les entreprises dans leur communication responsable :
- Nous pouvons vous accompagner dans la création ou refonte de votre branding et de leur positionnement
Comme je l’expliquais précédemment, il faut d’abord s’assurer que votre état d’esprit, la raison d’être, mission, vision de l’entreprise (toute la plateforme de marque) soit bien alignés avec votre volonté de vous engager.
Dans le cas d’une refonte, cela passe par un audit complet de votre marque (charte éditoriale et visuelle) et de vos actions.
Nous favorisons les ateliers de co-création et d’idéation afin de faire évoluer ensemble votre nom de marque, discours et plateforme de marque.
- Nous pouvons vous accompagner dans la réflexion, conception, rédaction et diffusion de messages de communication responsable
Que cela soit des messages à véhiculer sur la toile ou sur des supports plus traditionnels tels que le print, nous mettons l’accent sur le bon message mais également sur la bonne diffusion en privilégiant une diffusion maîtrisée avec une segmentation bien ciblée.
- Nous pouvons vous accompagner dans la création de supports de communication responsable
Tels que des sites webs éco-conçus, des supports print responsables, etc.
- Enfin, nous vous accompagnons également dans la conception et l’organisation de vos événements responsables ainsi que leur communication
JUPDLC : Comment définiriez-vous la plus-value de votre expertise ?
Claire Marc : Notre motto préféré à La Collab c’est : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Comme cette phrase le souligne, notre plus-value repose sur les talents indépendants experts et passionnés, membres du collectif. Nous avons la chance de compter parmi le collectif des freelances engagés aux sensibilités et démarches RSE très fortes. Des développeurs web qui développent des sites éco-conçus, des graphistes éco-responsables, des trafics managers engagé(e)s, des concepteurs écologistes et pleins d’autres ! Ils souhaitent tous avoir un impact positif et ont fait de leur métier une opportunité de faire bouger les choses.
Également, La Collab compte 12 meneurs de projet qui sont là pour piloter les projets et garantir une vision plus globale, stratégique des projets. On challenge les business model, on fait avancer les débats et on priorise les actions à mener pour garantir le meilleur retour sur investissement possible.
JUPDLC : On associe souvent la notion de « communication responsable » à celle de « marque engagée ». Pourquoi ? En quoi sont-elles complémentaires ? Et pourquoi un tel profil est-il attractif ?
Claire Marc : Simplement, car pour moi, elles sont intimement liées. Si on est une marque engagée, c’est-à-dire une marque dont la raison d’être est de créer un impact positif au niveau social et/ou sociétal et/ou environnemental, elle ne peut qu’adopter une communication responsable.
Ce sont des marques avec une vraie volonté d’améliorer les pratiques, leurs pratiques, de faire évoluer les choses. Ainsi, elles ne peuvent pas communiquer autrement que de manière responsable. De toute manière, une marque réellement engagée, cela ne lui viendrait pas à l’esprit de distribuer 10 000 flyers dans les boîtes aux lettres par exemple. Les marques engagées auront tendance à être dans une communication raisonnée, voire même aucune communication du tout comme la marque VEJA qui a décidé d’arrêter les publicités par exemple.
Être une marque engagée c’est attractif car tout d’abord la marque exprime et défend haut et fort qui elle est, ses missions, sa vision. Elle est donc en alignement total avec la vision des fondateurs et employés. Si celle-ci est claire, vous attirez des clients, fournisseurs, prestataires, partenaires qui vous ressemblent et votre collaboration sera saine et durable. Comme le dit si bien, Simon Sinek dans Vendre avec le Why : « Ne faites pas affaire avec ceux qui ont besoin de ce que vous faites, faites affaires avec ceux qui croient en ce en quoi vous croyez. »
JUPDLC : Au-delà des supports print, des créations web et autres publicités, communiquer de façon responsable, c’est aussi organiser des « évènements responsables ». Quel est le B.A BA de ces rendez-vous ?
Claire Marc : En effet, la communication responsable s’applique également à la création et l’organisation d’événements plus durables.
L’idée de ces événements responsables c’est d’inclure les enjeux écologiques, sociétaux et sociaux dans la conception et organisation de ces derniers. Il faut repenser votre stratégie de communication évènementielle de sa conception à sa réalisation.
Adieu les goodies « à tout va », les vaisselles en plastique, les distributions de flyers sur les parebrises des voitures pour informer de l’événement… Il faut limiter au maximum notre impact négatif et cela passe par divers choix que nous pouvons prendre quand on organise un événement. Voici quelques exemples :
- Privilégier la collaboration avec des prestataires/fournisseurs engagés
- Sourcer des équipements durables et éco-conçus
- Penser à une restauration bio et locale
- Communiquer avec des supports de communication plus respectueux de l’environnement
Il est aussi important de profiter de l’événement et du rassemblement pour faire de la sensibilisation, et d’utiliser l’émulsion de groupe pour faire naître des prises de conscience et des engagements.
Autant d’actions qui peuvent être mises en place pour vous permettre de créer des événements plus responsables et ainsi être en accord avec votre raison d’être et vos valeurs.
JUPDLC : Pour conclure, avez-vous des chiffres clés à nous transmettre sur La Collab mais aussi la communication responsable ?
Claire Marc : La Collab c’est :
- Plus de 80 freelances représentant plus de 32 métiers dans les métiers du Marketing, Communication et Digital
- 4 villes en France (Toulouse, Paris, Marseille, Nantes) et 1 ville en Espagne (Barcelone)
- Plus de 563 projets pour 177 clients depuis 2015
- 6 ans d’existence
- 3 ans : durée moyenne de la collaboration avec nos clients
Concernant les chiffres clés de la communication responsable, nous pouvons citer l’enquête de Denjean & Associés. Selon ce cabinet d’expertise comptable, 90% des consommateurs attendent des marques qu’elles prennent des engagements dans une démarche de mieux consommer. De même, 88% des Français affirment qu’une politique RSE en accord avec leurs attentes va renforcer son image de marque auprès de ses consommateurs. 82% d’entre eux vont d’ailleurs revoir leur opinion à la baisse s’ils s’aperçoivent qu’une entreprise ou un groupe qu’ils apprécient, à une mauvaise politique RSE.
Selon une étude OpinionWay, mobilisant notamment l’AACC, Cision France et Adetem, 57% des entreprises interrogées disposent d’une cellule dédiée à l’engagement (RSE) de leur marque en 2021.
Enfin, saviez-vous qu’en supprimant 30 mails, vous économisiez l’équivalent de l’énergie d’une ampoule basse consommation de 24h ?
Si cet article a éveillé en vous de nouvelles réflexions, La Collab est à votre écoute pour en discuter juste ici.