Le marché de la seconde main, autrefois considéré comme une niche, a connu une expansion fulgurante ces dernières années. Selon une étude de Tripartite & Wavestone, ce secteur affiche une croissance annuelle moyenne de 20 % depuis 2018, avec des perspectives prometteuses pour les années à venir. Cette dynamique ne concerne pas uniquement les biens de consommation courante, mais touche également le secteur du luxe, longtemps perçu comme exclusif et inaccessible.
La revente d’articles de luxe, autrefois marginale, est aujourd’hui au cœur d’une transformation majeure des modes de consommation, notamment auprès des jeunes générations. Cette tendance est-elle une menace pour les maisons de luxe ou, au contraire, une opportunité stratégique ?
En attendant le décryptage approfondi des tendances du secteur luxe, qui aura lieu lors de l’événement speedrun luxury, le 7 novembre prochain, dressons un état des lieux de la seconde main dans le luxe et des enjeux d’une telle alliance.
Une croissance inarrêtable : des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Le marché du luxe d’occasion a pris une ampleur considérable, passant de 26 milliards d’euros en 2021 à 35 milliards en 2024. D’ici 2026, les analystes prévoient un doublement de sa taille actuelle, révélant ainsi l’ampleur de cette mutation. Cette progression rapide s’explique par plusieurs facteurs.
Premièrement, l’essor des plateformes spécialisées comme Vestiaire Collective, The RealReal ou encore Monogram Paris a contribué à structurer ce marché. Ces acteurs, initialement positionnés sur des segments de mode grand public, ont su capter l’intérêt croissant des consommateurs pour le luxe. Aux États-Unis, les articles de luxe d’occasion sont même devenus la première catégorie de biens revendus, devant les vêtements et accessoires.
Ensuite, la digitalisation accélérée des processus de vente et la multiplication des marketplaces de revente de produits de luxe ont permis aux consommateurs d’accéder plus facilement à des pièces exclusives, autrefois inaccessibles. Enfin, l’attrait pour les pratiques plus responsables et écoresponsables, en particulier auprès des jeunes générations, a renforcé la demande de produits de seconde main, perçus comme un acte de consommation plus durable.
Les jeunes générations, moteur de la demande
Les Millennials et la génération Z sont au cœur de cette transformation. Ces jeunes consommateurs, âgés de 18 à 24 ans, sont les plus enclins à acheter des articles de luxe d’occasion. Selon les études, 81 % d’entre eux ont déjà franchi le pas, attirés par des prix plus accessibles et une consommation plus responsable.
Ce changement de paradigme reflète une évolution des priorités : ces consommateurs ne recherchent plus uniquement le prestige associé à une marque, mais aussi la durabilité, l’histoire et la rareté des pièces qu’ils acquièrent. Le luxe d’occasion devient alors un moyen d’allier ces nouvelles valeurs à un désir d’esthétisme et de raffinement.
Après avoir compris les attentes de cette nouvelle génération, la question est de savoir communiquer avec celle-ci. Comment s’adresser à la Gen Z lorsqu’on est une grande maison de luxe ? Comment raconter son histoire de marque tout en séduisant cette nouvelle génération ? Toutes les réponses lors de l’événement speedrun luxury !
Les marques de luxe : un positionnement délicat
Pour les maisons de luxe, cette nouvelle dynamique représente un dilemme stratégique. D’un côté, le marché de la seconde main ouvre de nouvelles opportunités économiques et permet de séduire une clientèle plus jeune. D’un autre côté, il soulève des interrogations quant à l’impact sur l’image de marque et la perception de la valeur du produit.
Certaines marques ont choisi d’embrasser pleinement cette tendance en développant leurs propres plateformes de revente. C’est le cas de Gucci et Balenciaga, qui collaborent avec Vestiaire Collective pour proposer des articles d’occasion certifiés, ou encore de Lancaster avec son initiative « Lancaster Seconde Main ». Ces marques tentent de maîtriser leur offre sur le marché secondaire en garantissant l’authenticité et la qualité des produits revendus, tout en fidélisant leurs clients.
D’autres acteurs, comme Rolex, ont mis en place des programmes de certification de seconde main pour s’assurer que les articles revendus conservent leur valeur et leur prestige. Le programme « Rolex Certified Pre-Owned », par exemple, garantit l’authenticité des montres de la marque lorsqu’elles sont revendues par des détaillants officiels. Cette initiative permet à la marque de garder un contrôle sur ses produits et de renforcer la confiance des acheteurs.
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Un marché à double tranchant
Cependant, tout le luxe d’occasion ne se vaut pas. Les sacs Hermès, Chanel ou encore Dior, en particulier leurs modèles emblématiques comme le Birkin ou le Kelly, connaissent souvent une valorisation à la revente, certains modèles atteignant même des prix supérieurs au neuf. En revanche, d’autres marques, moins exclusives ou moins bien perçues sur le marché secondaire, subissent une décote plus importante, comme c’est le cas pour Louis Vuitton ou Burberry.
Pour les maisons de luxe, le risque de la seconde main réside dans une possible banalisation de leur image. Le luxe, par définition, se base sur la rareté et l’exclusivité. Rendre ces articles plus accessibles via des plateformes de seconde main pourrait, à terme, diminuer leur aura et leur désirabilité. Cependant, une gestion stratégique de ce marché peut au contraire renforcer leur position.
La seconde main, une opportunité de croissance
Loin d’être une simple menace, la seconde main représente une véritable opportunité de croissance pour les maisons de luxe. En participant à la revente de leurs produits, elles peuvent contrôler le marché secondaire, lutter contre la contrefaçon et maintenir la désirabilité de leurs articles. Cette présence active sur le marché de la seconde main leur permet aussi d’accéder à de précieuses données sur les comportements d’achat et les préférences des consommateurs, des informations stratégiques pour leurs futures collections.
La seconde main permet également aux marques de luxe de réaffirmer leur engagement en faveur de la durabilité et de l’économie circulaire. Des initiatives telles que celles de la maison Ritz Paris, qui transforme sa vaisselle cassée en bijoux upcyclés, témoignent d’un changement de mentalité. En associant le luxe à une démarche plus responsable, les marques répondent aux attentes d’une clientèle de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux et sociaux.
Vers une transformation durable du Luxe ?
Au-delà de la simple revente, la seconde main redéfinit les contours du luxe moderne. Elle offre aux maisons une nouvelle voie pour rester pertinentes dans un monde en pleine mutation, tout en capitalisant sur leur héritage. Les plateformes de revente, comme Vestiaire Collective ou The RealReal, ont déjà bouleversé les codes traditionnels du marché du luxe, et ce n’est que le début.
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Si les maisons de luxe veulent continuer à dominer ce secteur, elles devront intégrer la seconde main dans leur stratégie globale, tout en protégeant leur image et en maintenant l’exclusivité qui fait leur force. L’avenir du luxe pourrait bien se dessiner à travers cette fusion entre tradition, modernité et durabilité. Les maisons de luxe, souvent perçues comme conservatrices, ne peuvent plus ignorer cette révolution silencieuse. Qu’il s’agisse de collaborer avec des plateformes spécialisées ou de créer leurs propres initiatives, elles doivent désormais embrasser cette mutation pour rester en phase avec une clientèle jeune et exigeante, soucieuse de concilier plaisir et responsabilité.
Discutons ensemble de l’avenir du Luxe lors de l’événement speedrun luxury !