Le bien-être des étudiants : un enjeu stratégique pour les grandes écoles

En collaboration avec Audencia SciencesCom
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La réussite scolaire et l’insertion professionnelle des étudiants ont été pendant longtemps les objectifs principaux des grandes écoles, et à raison. Pour autant, ils ne peuvent être atteints convenablement sans un épanouissement à la fois physique, psychologique et social. Pendant et depuis la crise sanitaire, cette thématique du bien-être étudiant a pris encore plus d’ampleur en raison des nombreux cris d’alarme poussés par la population estudiantine. Selon une étude de la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes) réalisée fin 2020, 73% des jeunes ont déclaré avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif ou physique et 23% d’entre eux disent avoir eu des pensées suicidaires depuis cette période.

Pour autant, certaines écoles n’ont pas attendu d’atteindre cette zone rouge avant de mettre en place certaines structures et projets visant à améliorer la vie des étudiants. C’est le cas notamment d’Audencia SciencesCom qui a lancé « Bee Well », une plateforme spécifique consacrée au bien-être étudiant. Pour nous parler de cette initiative et de la santé des étudiants de manière globale, l’équipe de J’ai un pote dans la com s’est entretenue avec Constantin Ciovica, responsable de projet « vie étudiante » et avec Barbara Haddou, responsable RSE et référente en matière de handicap et de luttes contre les violences sexistes et sexuelles, au sein de cette école.

 

Entrevue avec Constantin Ciovica et Barbara Haddou d’Audencia SciencesCom, sur le bien-être des étudiants

JUPDLC : De manière globale, les étudiants ont été particulièrement affectés par la crise sanitaire. Fermeture des lieux de socialisation, cours à distance, pertes d’emplois, retour chez leurs parents… Afin de mener des bonnes actions en matière de bien-être étudiant, il faut d’abord pouvoir identifier ce qui ne va pas. Toute la difficulté réside dans le fait que le mal-être étudiant est protéiforme, autrement dit il peut être à la fois économique, psychologique et physique. Comment aborder le problème selon vous ?

Constantin Ciovica : Le plus important est de faire un « état des lieux » avec les étudiants. Cela permet ensuite de mieux comprendre à notre échelle les situations prioritaires à adresser via des actions concertées tout en tenant compte du timing académique. Ce dernier point est important afin d’éviter de proposer des activités pendant les périodes de stress liées à une période d’examen. Afin d’agir de manière harmonieuse et impactante, Audencia a créé la Direction Vie étudiante, un service transversal et multifonctionnel ayant comme but la satisfaction étudiante.

Grâce à une enquête sociologique « Focus Santé », envoyée en janvier 2021 à tous les primo-arrivants de la rentrée 2020, nous avons obtenu des informations très intéressantes nous permettant de mieux comprendre leurs attentes. Le top 3 des catégories mentionnées par les étudiants, comme étant les plus affectées par le contexte actuel, sont la vie sociale et affective (39%), l’activité physique (36%) et le stress (30%). Les répondants ont demandé à échanger et à avoir plus d’informations sur la gestion du stress (57%), la gestion des émotions 51%, l’utilisation de produits naturels au quotidien (49%) et le sommeil, de 49%. Bien sûr, ces pistes ont été confirmées et validées par les remontées venant de différents interlocuteurs en contact direct avec les étudiants – par exemple les responsables d’études – ou via les feedbacks venant de délégués étudiants et les étudiants eux-mêmes.

 

JUPDLC : La plupart de ces problèmes étaient certainement déjà existants auparavant. La pandémie de la Covid-19 n’aura eu pour effet que de les accentuer et les mettre sur le devant de la scène. Selon vous, est-ce « un mal pour un bien » finalement ? Est-ce que cela a permis une prise de conscience collective ?

Constantin Ciovica : Le fait que la crise Covid ait amplifié et rendu visible certains facteurs causant la détresse de nos étudiants est une hypothèse plausible. Je pense que cela a surtout permis de « booster » la création et la structuration d’infrastructures permettant de mieux répondre à leurs besoins. Chez Audencia, nous avons pu par exemple mieux centraliser nos actions « well-being ». Nous avons développé des partenariats avec des acteurs externes, comme ProsConsulte, une plateforme d’écoute online, et nous avons fait appel à des expertises externes, par exemple en organisant des sessions d’informations sur la sophrologie ou sur l’alimentation. En matière d’aides de la part de l’État, nous avons été accompagnés par des nouveaux leviers publics de financement à destination de l’amélioration de la vie étudiante et du campus, grâce aux financements CVEC.

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JUPDLC : La crise sanitaire a contribué à installer une vision pessimiste et incertaine de l’avenir auprès des étudiants. Comment lutter efficacement contre ce climat anxiogène ?

Constantin Ciovica : Je ne serai pas si catégorique avec ces « prophéties de malheur ». Je pense qu’il y a « ici » et « maintenant » la place, la volonté et la capacité d’anticiper et d’agir. Nous agissons à notre niveau pour diminuer les chances de revoir les mêmes problèmes rencontrés par les étudiants pendant le confinement. Nous avons pour cela multiplié les initiatives comme la création des nouveaux services santé ou l’embauche d’une infirmière sur les campus d’Audencia. Mais ce n’est pas tout, nous avons également veillé à améliorer des collaborations déjà existantes. Par exemple en renforçant nos relations avec le Service Santé Étudiants, une structure publique de santé, ou par le développement des nouveaux partenariats, notamment avec des Mutuelles santé (HEYME et SMENO) , avec International SOS pour l’assistance mobilité à l’étranger, ou encore avec le Centre d’Information Jeunes Pays de la Loire (ex-CRIJ).

JUPDLC : De nombreuses mesures immédiates de soutien et d’intervention ont été mises en place par le Gouvernement. Pourriez-vous nous en parler ?

Constantin Ciovica : L’ensemble de ces mesures sont disponibles sur les sites publics, mais nous pouvons en citer quelques-unes. Par exemple, l’accès à deux repas par jour à un euro, la création d’un « chèque psy » pour permettre aux étudiants en situation de mal-être de pouvoir consulter et suivre des soins ou encore l’utilisation de la CVEC pour financer les étudiants ayant perdu leur stage/job à cause du confinement.

 

JUPDLC : Pourriez-vous nous présenter la plateforme “BeeWell” ?

Constantin Ciovica : « Bee » est l’acronyme de bien-être étudiant (BEE), qui en anglais donne « bee », soit abeille en français. Nous avons une licence Microsoft pour l’ensemble de nos étudiants, afin de bénéficier de toutes les fonctionnalités, comme d’utiliser Teams, une plateforme collaborative sécurisée facilitant la visioconférence, le travail d’équipe, le télétravail, la messagerie instantanée.

Et comme une abeille, malgré sa petite taille, arrive par le biais de la coordination et du travail en équipe à contribuer à l’équilibre dans son écosystème, notre plateforme « BeeWell » a comme vocation de co-construire avec nos étudiants et sous différents angles, un meilleur campus et une meilleure expérience étudiante. Cette plateforme s’articule autour de 4 canaux avec, en schématisant rapidement : des partages d’actus et d’infos utiles, des ateliers en distanciel sur des sujets variés du quotidien, une newsletter Santé & Bien-être et enfin des événements liés aux enjeux RSE.

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Crédit photo : Pexels / Buro Millennial

 

JUPDLC : Bien souvent, le handicap ou l’égalité homme/femmes sont des sujets un peu plus en retrait lorsqu’on aborde le thème du bien-être des étudiants. Pas pour vous a priori ?

Barbara Haddou : Dans le cadre de sa stratégie de responsabilité sociétale, Audencia œuvre au quotidien en faveur d’une société plus ouverte, plus égalitaire et plus diversifiée. L’école développe de nombreuses initiatives pour intégrer, accompagner et faire réussir tous les talents, quel que soit leur milieu social, leur genre, leur neuroatypie ou leur handicap.

Audencia s’engage notamment depuis longtemps pour l’égalité de genre que cela soit entre les femmes et les hommes, ou pour les personnes LGBTQI+ en intégrant cet enjeu dans la pédagogie, dans la recherche et dans sa politique de ressources humaines. L’égalité professionnelle, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et les inégalités salariales sont également des enjeux importants pour notre institution.

Puis, Audencia fait de la singularité de chacun une force. Une politique inclusive en faveur des jeunes en situation de handicap est déployée depuis plusieurs années au sein de nos campus afin de soutenir la poursuite d’études supérieures de ce public, mais également auprès de ses équipes internes pour favoriser la scolarité, l’inclusion et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Dernièrement, nous avons lancé un projet autour de la neurodiveristé. En la valorisant, Audencia souhaite ouvrir le champ des possibles vers un monde plus juste, plus créatif et moins conformiste.

 

JUPDLC : Racisme, harcèlement, abus… Comment lutter efficacement contre ces fléaux qui gangrènent parfois la vie étudiante ?

Barbara Haddou : Le sujet du harcèlement et des violences sexistes et sexuelles sur le lieu d’étude ou de travail est encore un sujet très sensible. Malgré les conséquences visibles sur la santé, sur les relations sociales, sur les études ou sur la carrière professionnelle, il est très difficile d’identifier les victimes de ces actes. Ainsi, notre institution met tout en œuvre pour créer un climat bienveillant et inclusif au sein de sa communauté. Notre dispositif repose notamment sur une référente pour ses sujets, une plateforme d’écoute 24h/24 et 7j/7, un réseau d’acteurs externes locaux, et nous mettons en place des plans d’action avec des indicateurs de suivi. Cette démarche d’amélioration continue est alimentée par des échanges réguliers avec nos étudiants, diplômés et salariés afin d’être au plus juste des problématiques rencontrées.

 

JUPDLC : Bien souvent, les étudiants souffrent d’un manque d’informations vis-à-vis de ces aides. Comment les informer efficacement ? Faut-il utiliser les réseaux sociaux ?

Constantin Ciovica : Nous avons créé une section spéciale « vie étudiante » sur notre intranet, appelé « Tomorrow ». Ils peuvent, sur cette plateforme, retrouver un grand nombre d’informations sur l’accompagnement médical, des infos sur la santé, sur leurs droits… En plus de cela, nous avons organisé l’année dernière le « Bee Aware Month », un mois de sensibilisation pour l’ensemble de nos étudiants et plus particulièrement à l’attention des primo-arrivants. Durant ce mois, chaque jeudi après-midi sur les différents campus, nous avons proposé, en partenariat avec des structures publiques ou associatives, un atelier, une rencontre portant sur le bien-être, la discrimination, le management de la diversité handicap, le bénévolat, l’alimentation encore les addictions…

Barbara Haddou : Informer au mieux les étudiants des dispositifs mis en place passe par une collaboration étroite avec la communauté étudiante et notamment les associations étudiantes qui peuvent se faire les relais de nos actions. Mais également les garants de leur application notamment lors des soirées étudiantes. Par ailleurs, il est vrai qu’utiliser les codes et usages de nos étudiants facilite le dialogue. Par exemple, le pôle de la « vie étudiante » alimente quotidiennement un groupe teams « BeeWell » sur différents sujets liés au bien-être. Nous utilisons également les réseaux sociaux pour relayer nos actions.

 

JUPDLC : En parlant des réseaux sociaux, de nombreuses études montrent aussi qu’ils peuvent être parfois responsables de dépression et de mal-être. Est-ce que c’est un sujet que vous suivez avec attention ?

Constantin Ciovica : En effet, il s’agit de la face cachée de l’utilisation des réseaux sociaux. Dans le cadre de notre partenariat avec Infos Jeunes, nous relayons et nous encourageons nos étudiants à participer aux ateliers proposés par les animateurs Infos Jeunes sur la bonne utilisation des réseaux sociaux.

 

JUDPLC : Selon une enquête réalisée par YouGov et QARE, une plateforme privée de téléconsultation, un Français sur dix a consulté un psy depuis le premier confinement, mais près de 20% d’entre eux n’en ont parlé à personne. Comment briser ce tabou autour de l’aide et de l’accompagnement psychologique auprès des étudiants ?

Constantin Ciovica : Je pense que le but n’est pas de « briser » des attitudes, mais plutôt de créer une dynamique, d’encourager une action qui s’est révélée scientifiquement positive pour la population. Je pense que le plus important est d’avoir l’information visible et accessible : pourquoi ? Comment ? Où puis-je aller ? De plus, le Gouvernement, de par ses actions de communication, a voulu « trivialiser » les consultations psy, ce qui est très utile pour la structuration de cette dynamique. Au début, nous avons constaté quelques problèmes avec la « promesse » d’une facilité pour consulter un psy, dus au nombre réduit des psychologues et à la complexité des démarches à effectuer. C’est dans ce contexte que les politiques publiques visant à augmenter l’offre d’un accompagnement psychologique ont été par la suite très bien reçues et méritent d’être renouvelées.

 

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