Quel avenir pour la nouvelle génération du milieu de la communication ?

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Quel avenir pour la nouvelle génération du milieu de la communication ? Telle était l’introduction de notre questionnaire en ligne. Un appel à témoignages qui a suscité 2550 réponses, illustrant ainsi le besoin des étudiants mais aussi des jeunes diplômés de faire entendre leurs voix.

Partout en France métropolitaine et en outre-mer, vous avez pris la parole et partagé vos ressentis. Merci pour votre confiance. C’est avec beaucoup d’émotions que nous avons lu chacun de vos messages : des appels de détresse mais aussi des messages d’espoir.

Dans la situation actuelle, en tant que média spécialisé, nous devions nous engager, réagir à travers des actions ciblées comme notre job dating 100% digital, et aujourd’hui se faire le relais d’une génération qui majoritairement va mal. Les répondants ont entre 19 et 37 ans (reconversion professionnelle), ils s’appellent Élisa, Mayline, Lisa, Manon, Floriane, Guillaume, Oliana, Louise, Léa, Margaux, Julie, Kévin, Hugo, Nicolas, Clémence, Loïc, Martin, Nora… Et ils nous font part de leur situation.

Résultats de l’enquête :  le sentiment de perdre pied

Étudiants ou jeunes diplômés, beaucoup nous ont exprimé leur détresse. Évidemment, il y a quelques exceptions à la règle : certains et certaines vivent bien la situation, sortent leur épingle du jeu, ou ne se plaignent pas car ils estiment tout de même avoir de la chance dans ce contexte. Mais la majorité des répondants ne voit pas le bout du tunnel et semble sombrer.

Les étudiants

Tout un panel d’étudiants s’est mobilisé et ils représentent 94% des répondants au total. En effet, en termes de profils, ils sont majoritairement en stage (48,7%), ⅓ sont en alternance, 10% sont en apprentissage, quant aux autres, ils ne sont impliqués dans aucune de ces options. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes concernées par les trois premières catégories, estiment avoir eu plus de difficultés qu’à l’accoutumée pour trouver une entreprise d’accueil (52%).

Sur les 2 391 étudiants :

  • 6,3% vivent très mal la situation actuelle
  • 35% la supportent mal
  • 46,2% sont mitigés vis à vis de la période
  • 11% tiennent bien dans notre contexte
  • 1,4% vivent la situation très bien

Par conséquent, à la question « Quel est votre état d’esprit ? », les adjectifs employés sont en grande majorité négatifs. Un ras-le-bol général et des impressions d’être dans le flou ou dans les « montages russes » se font ressentir. Nombreux sont ceux à n’en plus pouvoir et à en avoir marre. Ainsi, les mots les plus souvent employés sont les suivants : fatigué, mitigé, déprimé, blasé, perdu, anxieux, morose, stressé, frustré, lasse, défaitiste et démotivé. Nul doute, que la période est épuisante mentalement. Beaucoup sont nostalgiques et ont l’impression qu’on leur vole leur jeunesse.

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Évidemment, certaines réponses sont plutôt encourageantes et il est important de souligner l’emploi des termes suivants : optimiste, positif, bon, combatif et déterminé, bien, serein et tranquille. Beaucoup ne se laissent pas abattre et sont « tournés vers l’après ».

Par ailleurs, pour les étudiants, la difficulté à suivre les cours est sans conteste le problème n°1 rencontré, puisque 80% sont concernés. Il y a un certain “décrochage” qui est d’autant plus amplifié par la déprime et la dépression. 45% des étudiants en souffrent et 40% subissent la solitude de plein fouet. Le manque de lien social avec sa famille, ses amis ou ses groupes de travail, est un véritable fardeau. De plus, les problèmes financiers arrivent en 4ème position, avec 20% des jeunes concernés. A tous ces problèmes s’accumulent également le stress, les insomnies, « les abus des entreprises », la « flemme de tout » … Seuls 5% des répondants estiment n’avoir aucune difficulté.

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Crédit Photo : Pexels

Les étudiants ont-ils confiance en l’avenir ? Nos résultats sont mitigés : ni le oui ni le non ne sont vainqueurs. Les incertitudes sont multiples et il semble impossible de se projeter aisément. Un grand nombre d’entre eux ont peur : peur du chômage, peur de perdre leur état d’esprit positif, peur de ne pas (re)trouver du sens dans leurs missions, peur des abus des employeurs…

Voici des exemples de témoignages :

« C’est dur de voir plus loin que demain. »

« Après avoir perdu mon alternance, mon école rajoute une pression considérable pour retrouver une alternance ou un stage, auquel cas mon année ne pourra pas être validée. »

« Seule dans 18m2, j’aimerais pouvoir rentrer dans ma famille mais l’État a fermé les frontières avec l’Outre-Mer. Ce n’est pas juste qu’étant si loin de nos familles on ne puisse pas rentrer, contrairement aux étudiants dont les parents sont en métropole. »

Ces éléments ne sont que des extraits, les témoignages de ce genre sont nombreux. Et vous l’aurez compris, les étudiants attendent des écoles, des entreprises mais aussi du gouvernement, un engagement autre.

 

Les diplômés

« En effet les étudiants sont en grandes difficultés mais je trouve qu’on parle trop peu des jeunes diplômés… »

Les jeunes diplômés, eux aussi impactés, ont le sentiment d’être les oubliés de la crise. C’est pourquoi, notre questionnaire leur était également destiné. Pour faire entendre leurs voix. En effet, les mesures de relance prises par le gouvernement et la mobilisation des acteurs de l’emploi semblent incomplètes. Parmi les témoignages transmis, beaucoup nous ont fait part de leur impossibilité de bénéficier des aides de l’État car ils ne cochent pas les cases. Ils ne sont pas boursiers ou alors ils ont plus de 25 ans. De plus, la baisse notable du taux d’emploi impacte le taux d’embauche en CDI, obligeant les jeunes diplômés à faire preuve de flexibilité et de pragmatisme. A titre d’exemples, beaucoup estiment devoir revoir leurs prétentions salariales à la baisse – et ce malgré leur niveau d’étude – voire même changer d’orientation.

Les diplômés semblent davantage subir la situation que les étudiants puisque les chiffres sont répartis de la façon suivante :

  • 16,6% subissent très mal la période actuelle
  • Une grande majorité vit mal la situation : 39,5%
  • 38,2% sont mitigés
  • 4,5% tiennent bien la situation
  • 1,3% la vivent très bien

Des résultats qui se traduisent par une majorité d’adjectifs négatifs pour qualifier leur état d’esprit. Les mots les plus utilisés sont les suivants : démotivé, découragé, mitigé, déprimé, incertain, pessimiste, anxieux, morose, stressé, frustré, défaitiste, résigné, dépassé, maussade, perdu, perplexe et saoulé. Les commentaires positifs étaient peu nombreux, voire rares. La majorité est “au bout du rouleau” et a l’impression que tout lui échappe.

A titre d’exemples, voici des témoignages :

« Pour le coup j’ai lancé mon entreprise et ça ne marche pas. Je suis donc obligé de trouver un taf à côté, dans n’importe quel secteur tant que ça paye assez bien, car j’ai 30k€ de prêt d’études à rembourser. »

« J’essaye de me dire que cette période est comme une pause dans ma vie. »

« Un mélange entre révolte et survie. »

« Découragée face à tant de refus, perte de confiance en mes compétences puisque refusée partout. »

Ainsi, la période n’est pas l’idéale pour faire son entrée sur le marché du travail. Mais malgré cela, les jeunes savent s’adapter et ont osé lancer leur propre activité. En effet, même si environ 50% des répondants n’ont pas trouvé d’emploi, il n’en reste pas moins que :
• 21,7% se sont adaptés en se lançant dans une activité autre que le salariat
• 18,5% ont trouvé un travail (en grande partie grâce à leur alternance)
• 10% sont en négociation (entretien passé, en cours)

Néanmoins, les craintes et les contraintes sont bel et bien là. En termes de difficultés, un schéma identique à celui des étudiants se dessine. 71% des répondants ont des problèmes liés à leur emploi ou à la recherche d’emploi. 54% souffrent de déprime et de dépression et 45% subissent l’isolement. De la même manière, les difficultés à joindre les deux bouts sont également courantes (44%). Seuls 2% des diplômés interrogés estiment ne rencontrer aucun souci.

Le doute, la morosité, la résignation et la frustration semblent régner en maître parmi ces jeunes qui sont en incapacité de voir plus loin que demain. Beaucoup nous ont exprimé leur perte de confiance et leur impression d’avoir « raté » leur vie à seulement 25 ans.

« Je reste positive. Mais je me pose énormément de questions sur l’avenir : vais-je trouver une entreprise qui me permettra de m’épanouir et de démontrer mes compétences ? Vais-je rester longtemps au chômage ? Comment allons-nous subir les conséquences de cette crise sociale, sanitaire et surtout économique ? »

« C’est vraiment toi et ta chance pour décrocher un emploi. Surtout que j’ai qu’une année d’expérience et un petit stage à côté, j’ai l’impression d’être éjecté à chaque premier tour. C’est dommage car je suis convaincu d’avoir un beau potentiel créatif. La période est déjà assez difficile. Se retrouver diplômée et sans emploi, c’est assez difficile mentalement. Tant d’années d’investissement à l’école pour se retrouver où j’en suis aujourd’hui …. C’est FRUSTRANT »

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Crédit Photo : Pexels

 

Le secteur de la communication : un secteur bouché ?

Il est à noter que bien avant le Covid, le secteur de la communication était très sollicité car attrayant, mais il n’a jamais été simple d’accès. C’est un milieu riche, qui englobe certes tout un panel de métiers, mais il est aussi très concurrentiel et compétitif. Il faut sans cesse se perfectionner, avoir des idées créatives, se démarquer, se constituer un réseau… La crise économique, sociale et sanitaire a donc amplifié et multiplié les difficultés sur ce marché. Car aujourd’hui, il y a plus de demandes que d’offres : le marché semble saturé, les offres sont prises d’assaut. Ce qui est d’autant plus inquiétant qu’une nouvelle génération de diplômés arrivera prochainement pour doubler cette concurrence déjà accrue.

Que ce soit chez les étudiants ou les jeunes diplômés, les craintes concernant leur avenir et le marché de l’emploi sont nombreuses. Beaucoup remettent par ailleurs leur choix d’orientation mais aussi personnels, en question et envisagent de changer de voie.

« Impression d’avoir fait des longues études pour rien. »

« J’ai l’impression que ma formation n’est pas optimale et que je ne vaudrai rien sur le marché du travail. »

« Être payée 840€ / mois en contrat d’apprentissage alors que je fais largement plus que 35h / semaine… La pilule a de plus en plus de mal à passer. Je suis épuisée parce qu’on me fait beaucoup beaucoup travailler et que j’ai des études à gérer derrière mais, ça devient presque mission impossible de jongler avec les deux en même temps… Je me demande même si je ne vais pas arrêter mon Master l’année prochaine tellement je n’en peux plus… »

« Je suis incertaine quant à mon avenir professionnel, et perdue, cherchant à savoir si je dois persévérer dans mes recherches, me lancer en auto-entrepreneur, ou bien totalement me réorienter. Ma motivation dans la recherche d’emploi baisse à côté de ces questionnements. »

Bien que conscients des efforts mis en place – tel que le plan de relance de l’activité la « France Relance » avec notamment « 1 jeune 1 solution » – une grande majorité des jeunes ont profité de cette prise de parole pour lancer des appels à l’aide et des cris de colère. Globalement, ils souhaitent être plus écoutés par les différentes institutions mais aussi que les aides mises en place soient plus larges pour englober plus de monde. A titre d’exemple, beaucoup ne peuvent pas bénéficier des aides à la première embauche car ils ne cochent pas toutes les cases (non boursier, âge…). De plus, ils attendent une plus grande compréhension de leurs besoins par le gouvernement mais aussi par les écoles et les entreprises.

« Je ne me sens pas écouter et seule face à cette crise. » 

« Si l’on pouvait nous considérer comme des adultes à part entière et nous informer de la situation (je parle des établissements d’enseignement) et arrêter de penser que des activités sur zoom vont régler nos problèmes de socialisation…ce serait déjà bien. »

« École privée ou université, même si le cas n’est pas le même c’est tout aussi dur. On se demande tout de même pourquoi payer autant pour avoir si peu de suivi/accompagnement/écoute. »

« Les étudiants en situation précaire existent et les influenceurs ne peuvent pas parler en leurs noms, le gouvernement devrait prendre plus en considération la dureté de la situation face à nos études, les entreprises plus conciliantes et donner une chance à ceux qui cherchent un travail ou une alternance. »

« Plus récemment, une prime a été mise en place pour les jeunes diplômés qui étaient boursiers. Seulement moi, aujourd’hui, je ne peux pas bénéficier de cette aide sous prétexte que j’ai réalisé mes études en alternance, car je n’avais pas les moyens de financer mes études. Qu’en est-il des jeunes comme nous ? Qui se retrouve également au chômage, avec 800€ pour vivre par mois ? Qu’en est-il des promesses pour l’embauche des jeunes diplômés ? Selon les statistiques on pense que ça marche, mais de mon côté j’ai l’impression d’avoir été abandonnée. »

Une seule expression semble être sur toutes les lèvres : « vivement la fin de ce calvaire »

 

Malgré tout, les jeunes font preuve de résilience et de combativité

Les jeunes restent ouverts et profitent de ce contexte pour se créer leurs propres opportunités. Ils ont cette capacité à rebondir et à s’adapter qui est impressionnante. Preuve en est, les 21,7% des jeunes diplômés qui se sont adaptés en se lançant dans une activité professionnelle non salariée (auto-entrepreneur, freelance…). Beaucoup y pensent également : les étudiants comme les jeunes diplômés sont loin d’avoir dit leur dernier mot. En effet, ils sont nombreux à avoir confiance en l’avenir. De nouvelles perspectives se dessinent même si le retour à la normale prendra du temps.

Par ailleurs, certains ont profité de cette prise de parole pour partager des messages positifs et d’espoir.

« Je reste toujours positive et j’ai espoir que l’on sorte de cette crise plus fort. »

« On va y arriver, on va retrouver les foules, les arts, les gens. Courage à tous. »

Chez JUPDLC, nous soutenons  les étudiants comme les jeunes diplômés et espérons que leur parole sera entendue.

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Crédits : Patrick Buck

 

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