Si vous avez déjà passé un entretien d’embauche, vous avez certainement déjà rédigé un CV. Le curriculum vitae est, en effet, un élément essentiel pour toute candidature. Véritable vitrine de l’expérience professionnelle du candidat, celui-ci ne doit par conséquent pas être négligé. Il doit à la fois susciter l’intérêt du recruteur et mettre en valeur le candidat, tout en se démarquant du reste de la pile.
À l’ère de la digitalisation où des plateformes professionnelles telles que Linkedin existent, le CV a-t-il toujours la même valeur qu’auparavant ? Le CV sur deux pages est-il conseillé ? Comment faire la différence dans un processus de recrutement ? Pour répondre à ces questions, nous avons rencontré Alexandra Chaves, Chargée d’alternance à l’Esccom.
Entretien avec Alexandra Chaves de l’Esccom
JUPDLC : Le CV est un élément fondamental pour toute carrière professionnelle. Quelle est aujourd’hui sa place dans le monde du travail ?
Alexandra Chaves : Le CV est un outil clé dans la recherche d’un emploi, car il s’agit en quelque sorte de la carte de visite du candidat ! Cependant, quelques entreprises, qui restent encore à la marge, commencent à faire des recrutements sans CV. De même, certains recruteurs sont de plus en plus regardants sur le profil LinkedIn du candidat, d’où l’importance de mettre son profil à jour de manière régulière.
JUPDLC : En tant qu’école, et pour un élève qui postule, qu’est-ce qui peut faire la différence entre deux CV ?
Alexandra Chaves : La créativité, sans aucune hésitation ! Il est loin le temps des CV sans couleur faits sur Word. Aujourd’hui certaines plateformes, telles que Canva, permettent aux candidats d’avoir un CV plus visuel, plus graphique. Attention cependant, notamment pour les étudiants en écoles de communication, à personnaliser leur candidature via différents moyens. Cela peut se faire sous forme de CV vidéo, ou encore d’un portfolio adapté aux objectifs du candidat.
De plus, l’élève peut joindre une lettre de recommandation, s’il a la possibilité de s’en procurer une. En effet, lorsqu’un chef d’entreprise, un maître de stage ou d’apprentissage prend le temps de mettre en avant les qualités humaines et professionnelles d’un candidat, c’est un réel atout qui peut faire toute la différence !
JUPDLC : De nos jours, il est de plus en plus difficile de se démarquer du fait de la multitude de CV déposés. Dans ce contexte, comment parvenir à ne pas passer inaperçu ?
Alexandra Chaves : Le conseil que nous donnons le plus souvent à nos futurs étudiants est de systématiquement relancer les entreprises auprès desquelles ils postulent, et ce dès la première semaine après le dépôt du CV. L’idéal est d’aller à la rencontre du recruteur, en tapant directement à sa porte afin de se présenter, si la taille de l’entreprise le permet. Il est également possible de réseauter afin d’échanger avec la personne pour mettre en avant sa candidature et prouver, par conséquent, sa motivation pour le poste visé.
JUPDLC : Qu’est-ce qui, pour vous, est le plus important entre les soft skills et les hard skills ?
Alexandra Chaves : En ce qui concerne les étudiants en alternance, ils ont rarement acquis beaucoup de hard skills du fait de leur jeune âge. Aujourd’hui, les softs skills, qui sont des compétences comportementales, sont davantage recherchés par les entreprises. En effet, les compétences s’acquièrent par l’apprentissage et l’expérience, ce qui est beaucoup plus compliqué pour le savoir-être !
JUPDLC : Quelle est la place du CV dans un entretien ?
Alexandra Chaves : Le CV est le fil conducteur d’un entretien, il permet au recruteur de questionner le candidat sur ses expériences ou encore ses centres d’intérêt en ayant les éléments directement sous les yeux.
Il est d’ailleurs possible de détailler ses softs skills et ses hards skills sur son CV, ce qui permettra à l’entreprise d’avoir plus de matière lors de l’échange. Cependant, et malgré le fond et la forme d’un CV, ce qui peut permettre de faire toute la différence, c’est le feeling. En effet, il faut que la magie opère lors des différentes interactions afin que l’embauche soit concluante !
JUPDLC : Porteriez-vous plus d’attention à un CV classique aux nombreuses expériences ou à un CV graphique avec moins d’expériences ? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Alexandra Chaves : Naturellement, mon attention se dirigera plus facilement vers des CV graphiques avec moins d’expériences détaillées, mais il ne s’agit que de mon point de vue personnel. En aval, je porte davantage d’intérêt à l’échange qui aura lieu avec le candidat, qui nous parle de ses expériences et de ses motivations à sa manière.
JUPDLC : Selon vous, le parcours passé définit-il forcément les ambitions futures ?
Alexandra Chaves : Aujourd’hui, rares sont les personnes qui effectuent l’intégralité de leur carrière dans le même domaine. En effet, on rencontre de plus en plus de candidats en reconversion à l’ESCCOM. La plupart d’entre eux ont entre 35 et 45 ans, et ils nous disent souvent qu’ils ont fait le tour de leur emploi précédent. Désormais, ils ont d’autres envies, d’autres ambitions pour la seconde partie de leur carrière. Ils ne veulent pas suivre le modèle qu’ont suivi leurs parents, ce qui peut aisément se comprendre.
JUPDLC : Pourquoi est-il prépondérant d’ajouter une catégorie qui regroupe passions et loisirs ?
Alexandra Chaves : En ce qui concerne ces catégories, il est possible que le recruteur ait la même passion que vous ! C’est un excellent moyen de briser la glace en parlant sport, lecture, cuisine, voyages… Des tas de sujets intéressants en perspective !
D’autre part, la pratique d’un sport, notamment collectif, est très appréciée. Elle permet de faire le lien avec la cohésion d’équipe par exemple. Les voyages, quant à eux, démontrent une ouverture vers le monde et vers les autres. L’on peut également citer le bénévolat qui est, lui aussi, un sujet très apprécié : le fait de s’investir dans une association (humanitaire, au sein de son école…) permettra de démontrer les qualités humaines du candidat. Pour finir, je pense qu’il est primordial lors d’un entretien d’aborder des sujets plus « légers » afin de créer du lien avec son interlocuteur.
JUPDLC : Le CV qui tient sur deux pages peut faire peur et a tendance à être critiqué. Qu’en pensez-vous ?
Alexandra Chaves : Selon moi, il est important d’aller droit à l’essentiel : deux pages c’est trop, surtout à 20 ou 30 ans ! Dans ce contexte, l’on pourrait se retrouver à 50 ans avec un CV qui tient sur 4 pages…
Il existe énormément de CV différents. Ce que je conseille, lorsque l’on a trop de choses à mentionner et que l’on n’arrive pas à sélectionner, c’est d’opter pour un CV par compétences, plutôt que de lister toutes ses missions sous chacune des expériences. Mais, encore une fois, il faut se laisser l’opportunité d’en dire davantage lors d’un entretien !
JUPDLC : D’un point de vue symbolique, que représente la lettre de motivation ? Un CV sans lettre de motivation mérite-t-il que l’on s’y intéresse ?
Alexandra Chaves : Il y a quelques années, il n’était pas concevable de recevoir un CV sans lettre de motivation. Les choses changent ! Certaines entreprises sont encore demandeuses, mais cela reste à la marge.
La motivation d’un candidat se verra beaucoup plus facilement lors d’un échange téléphonique de pré-qualification, puis dans un second temps lors d’un entretien. Beaucoup de choses passent par le feeling, plus que par une lettre où des personnes extérieures ont pu ajouter leur touche personnelle !
JUPDLC : Selon vous, et notamment du fait de l’avènement de réseaux professionnels tels que Linkedin, le CV tel que nous le connaissons est-il destiné à disparaître dans un futur plus ou moins proche ?
Alexandra Chaves : Je ne dirais pas que les CV disparaîtront demain… Certes, les nouvelles générations de recruteurs vont apprendre à faire sans, notamment grâce à Linkedin où toutes les informations sur le candidat sont mentionnées. Mais, à mon avis, le bon vieux CV à encore quelques grosses années devant lui !
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