Le secteur événementiel français connaît un véritable renouveau ces dernières années. Après une période de turbulences marquée par la pandémie, il se réinvente avec des tendances fortes qui façonnent un avenir plus créatif, responsable et technologique. L’essor des formats hybrides, l’importance croissante des enjeux RSE et l’intégration de solutions innovantes comme l’IA ou la VR redéfinissent les attentes des annonceurs. Plus que jamais, l’événementiel devient un levier stratégique pour créer des expériences uniques, immersives et à fort impact émotionnel.
À travers cette interview croisée, Charlène Goullé, Cheffe de Projets Senior et Louise Charruyer, Responsable Stratégie et Pilotage Commercial au sein de l’Agence 008, partagent leur vision de ce renouveau, des défis et des opportunités à saisir pour continuer d’innover et de marquer les esprits.
JUPDLC : Comment décririez-vous l’évolution du secteur événementiel ces dernières années, notamment depuis la pandémie ? Voyez-vous un changement dans la perception du secteur chez les annonceurs ?
Charlène Goullé : Les annonceurs appréhendent différemment leurs événements et ont toujours envie de marquer les esprits. Ils privilégient plus facilement la qualité et ont la volonté de mettre en avant le côté RSE. J’ai le sentiment qu’il y a moins d’anticipation de la part des clients, la pandémie a laissé place aux événements organisés « last minute ».
Louise Charruyer : Depuis bientôt 5 ans, le secteur s’est digitalisé avec l’essor des événements hybrides et virtuels. Il y a une montée en puissance des formats qui mettent l’audience au cœur des événements. La flexibilité et l’innovation sont devenues centrales. Les annonceurs perçoivent l’événementiel comme un levier stratégique de communication interne et externe. Ils nous sollicitent pour imaginer des expériences à fort impact émotionnel et mesurables, tout en valorisant les initiatives écoresponsables.
JUPDLC : Quels sont, selon vous, les éléments clés qui ont permis à l’événementiel de devenir un levier stratégique incontournable pour les entreprises ?
Charlène Goullé : Les événements sont vecteurs de rencontres, d’émotions, de partage et d’échanges ; ce sont des rendez-vous attendus avec impatience. Ils constituent des instants clés pour les entreprises car ils permettent de délivrer des messages de manière d’autant plus impactante ! L’événementiel est d’abord et avant tout une expérience partagée et sensible, qui crée des souvenirs communs, développe un lien et un sentiment d’appartenance très particulier. C’est pour cela que les entreprises ne cessent d’activer ce levier de communication.
Louise Charruyer : Les événements permettent de créer des connexions émotionnelles fortes, c’est aussi une vitrine pour illustrer l’engagement RSE et les valeurs d’une entreprise de manière concrète et engageante pour les collaborateurs. L’événementiel combine impact direct et stratégie long terme, en le rendant indispensable dans les communications modernes.
JUPDLC : L’année 2024 touche à sa fin, la France avait à cœur de marquer les esprits avec l’accueil des JO, on peut dire que c’est chose faite. Quels sont les grands enseignements à tirer de ces Jeux pour le secteur événementiel ?
Charlène Goullé : Les JO ont mis en avant la transversalité de notre secteur et l’importance du travail d’équipe. Les cérémonies d’ouverture et de fermeture, des JO et des Para, ont également mis en lumière la force créative française. La mise en scène des différents tableaux, la collaboration d’artistes prestigieux et les dispositifs scéniques développés pour cet instant sont autant de marqueurs qui attestent de l’audace et de l’ambition portées par l’événementiel français. Les JO ont donc été une formidable vitrine pour nos savoir-faire.
Louise Charruyer : Les JO 2024 ont fixé de nouveaux standards pour la filière, durabilité, inclusion notamment. Le succès repose sur des partenariats solides entre acteurs publics, privés et citoyens, l’entraide et la collaboration primeront toujours !
JUPDLC : Depuis 2016 existe l’association LÉVÉNEMENT, quel rôle joue-t-elle dans l’évolution et la défense de la filière événementielle ?
Charlène Goullé : Cette association fédère les agences et les principaux acteurs du secteur par différents moyens :
- Rôle de conseil, de prévention et de soutien auprès des agences
- Développement d’outils innovants (ex : calculatrice carbone)
- Mise en relation avec des partenaires
- Politique d’encadrement des appels d’offres (green flag vs red flag)
De manière générale, la mission première de l’association est de défendre les intérêts de notre filière, en donnant de la visibilité à nos métiers et en tâchant de les rendre plus attractifs (notamment par le biais d’interventions dans les écoles de communication par exemple). Pendant la crise COVID, qui a considérablement impacté notre secteur, c’est également l’association LÉVÉNEMENT qui est montée au créneau auprès des institutions gouvernementales pour trouver des solutions de soutien aux agences. De manière plus globale, l’association facilite le dialogue entre les différents acteurs de la filière. Agences et prestataires ; l’idée est de se pencher ensemble sur des problématiques liées à notre activité pour faire bouger les lignes (ex : édition d’un Livre Blanc sur la thématique de l’inclusion dans la filière événementielle française).
Louise Charruyer : LÉVÉNEMENT joue un rôle clé en fédérant les acteurs de la filière événementielle, en promouvant ses intérêts, et en défendant son impact économique, social et culturel. Elle contribue à structurer la profession et à renforcer son attractivité. Nous sommes adhérents depuis 2021 et avons déjà lancé plusieurs alertes rouges d’AO ne respectant pas les valeurs et engagements des agences membres, c’est aussi un super levier pour promouvoir les talents de la filière via leur banque de CV.
JUPDLC : Les enjeux RSE prennent de plus en plus d’ampleur, comment cela se traduit-il dans l’événementiel ? Et au sein de votre agence ?
Charlène Goullé : Les annonceurs sont de plus en plus vigilants sur la partie RSE. Ils ont envie de durabilité, d’impact positif… Nous proposons régulièrement à nos clients des activités en lien avec des associations locales, des activités avec « du sens », pour soutenir une cause qui nous/leur tient à cœur.
Louise Charruyer : Cela dépend encore des secteurs, mais nous le ressentons de plus en plus, que cela soit dans nos appels d’offres ou avec nos clients historiques. Cela devient un élément clé (recherches de prestataires avec une véritable démarche, traiteurs, team buildings qui ont du sens…) À terme la RSE fera partie intégrante des cahiers des charges et n’aura plus besoin d’être « précisée » dans les briefs. À l’agence, notre chargée de communication et référente RSE nous sensibilise régulièrement par le biais de formations afin que nous puissions répondre à ces attentes nouvelles.
JUPDLC : Comment la technologie, notamment l’IA et la VR, influence-t-elle vos process internes et vos propositions clients ?
Charlène Goullé : L’IA et la VR prennent peu à peu leur place dans nos process internes. Mais en aucun cas on ne peut considérer que ces outils remplacent l’humain. Il s’agit davantage pour eux de jouer un rôle de copilote, qui permet aux équipes de gagner du temps sur certaines tâches particulièrement chronophages. Cela étant dit, on peut aussi se réjouir de pouvoir s’appuyer sur des intelligences artificielles dans le domaine de la créa : notamment dans le développement de concepts ou l’édition d’images. La VR, lorsqu’elle est implémentée aux événements, permet d’ajouter une dimension immersive aux expériences proposées à nos clients.
Louise Charruyer : La technologie, notamment l’IA et la VR, révolutionne nos process internes en automatisant des tâches répétitives, optimisant la gestion de données (CRM intégrant l’IA). Pour nos clients, elle enrichit l’expérience événementielle avec des solutions immersives, interactives et personnalisées, renforçant engagement et impact.
JUPDLC : Comment veillez-vous à ce que la technologie ne déshumanise pas l’expérience des événements ?
Charlène Goullé : Malgré les avancées technologiques, le secteur de l’événementiel sera toujours un métier de relationnel. L’humain est au cœur de l’event. D’autant plus que la technologie n’est pas utilisée de manière systématique sur nos événements. Les outils ne sont exploités que lorsqu’ils servent un propos, un storytelling ou l’expérience de manière générale. En mobilisant la technologie, il convient de répondre à une attente ou à un besoin du client ; et non pas d’implémenter ces dispositifs sans aucune valeur ajoutée.
Louise Charruyer : L’idée reste tout de même que la technologie soit un outil au service de l’humain, en mettant l’accent sur des interactions authentiques et des expériences centrées sur l’émotion. La technologie est intégrée de manière à enrichir, et non remplacer, les connexions humaines, tout en respectant les valeurs de proximité et de personnalisation.
JUPDLC : Les métiers de l’événementiel ont la réputation d’être exigeants. Voyez-vous une évolution dans la gestion du temps et des ressources humaines dans le secteur ?
Charlène Goullé : Nous imposons plus facilement des dates de rendu « raisonnables » à nos clients pour produire des propositions plus qualitatives et nous faisons appel à des frees plus régulièrement en période de rush.
Louise Charruyer : Oui, le secteur évolue vers une meilleure gestion du temps et des ressources humaines, avec une attention accrue au bien-être des équipes. La flexibilité, les outils numériques et l’optimisation des process permettent de réduire la pression. Par ailleurs, il y a un focus croissant sur l’équilibre vie pro/perso et la prévention des risques psychosociaux.
JUPDLC : Beaucoup de choses évoluent donc : les demandes des entreprises, les questions autour des RH, la transition RSE, l’intégration des technologies… Quels sont l’impact et la valeur ajoutée de ces changements ? Comment peuvent-ils être bénéfiques au secteur événementiel ?
Louise Charruyer : Ces évolutions renforcent l’attractivité du secteur événementiel. Les demandes des entreprises poussent à innover et à proposer des expériences plus personnalisées et immersives. La transition RSE valorise les événements responsables, répondant aux attentes sociétales. Enfin, l’intégration des technologies optimise les process et enrichit les expériences. Ensemble, ces changements augmentent la valeur perçue des événements et leur impact à long terme.
JUPDLC : Quelles tendances émergentes dans l’événementiel prévoyez-vous pour les prochaines années ? Si vous deviez résumer en une phrase la vision de l’Agence 008 pour l’avenir de l’événementiel, quelle serait-elle ?
Charlène Goullé : Il est difficile de prévoir quelles seront les tendances des prochaines années avec certitude ; nous avons pu constater à quel point la conjoncture joue en ce domaine. En revanche, on peut affirmer que la personnalisation et la proximité avec le client continueront de s’imposer comme des incontournables de chaque projet. Il ne s’agit plus seulement de créer des expériences qualitatives et haut de gamme, mais 100% adaptées en fonction des valeurs et de l’ADN de chacun. La RSE en est l’exemple phare. Les attentes sur ce plan varient d’un client à l’autre, mais notre rôle en tant qu’agence est d’être en capacité de proposer des solutions en phase avec les enjeux sociaux et environnementaux. Notre filière a encore beaucoup à apprendre sur le sujet, mais nous constatons une évolution positive qui doit perdurer.
Louise Charruyer : Réinventer l’événementiel pour créer des expériences durables, innovantes et profondément humaines.
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