Déployée sur Safari sous iOS 18 et macOS, cette « gomme magique », appelée Distraction Control, permet aux utilisateurs d’effacer en quelques clics des contenus qui les gênent dans la lecture de la page web. Sauf qu’au-delà des fenêtres publicitaires, la gomme web supprime aussi les contenus éditoriaux et fenêtres de consentement. Une fonctionnalité que l’industrie française de la publicité considère comme menaçante pour l’équilibre économique de la presse en ligne et des créateurs de contenu.
Lisser les contenus au détriment de l’information
Plusieurs associations françaises, dont l’Alliance Digitale, l’APIG, le Geste, le SRI, l’Udecam et l’Union des marques ont exprimé leur mécontentement dans une lettre à destination de Tim Cook, PDG d’Apple. En effet, si Distraction Control masque les publicités, cette fonctionnalité permet aussi de masquer des contenus éditoriaux et menace ainsi les informations diffusées et leur véracité. Les professionnels français y voient ici une porte ouverte à une manipulation de l’information et son contexte.
Outre l’effacement de contenus pertinents et intéressants pour les lecteurs, la gomme permet aussi d’occulter les demandes de consentement des cookies (CMP) et va à l’encontre de la réglementation européenne sur la protection des données, en plus d’être un véritable manque à gagner pour les éditeurs.
Enfin, l’effacement total des publicités sur les plateformes représente aussi une perte importante de revenus et risque d’entacher fortement l’équilibre économique de la publicité en ligne, qui contribue pourtant au maintien des médias numériques.
Lettre à Tim Cook
Ainsi, les six associations françaises citées plus haut, réclament à Tim Cook via le biais d’une lettre ouverte, des éclaircissements sur le fonctionnement de cette gomme : « nous demandons qu’Apple suspende le déploiement de cette fonctionnalité en attendant un examen plus approfondi (…) nous sollicitons l’accès à la documentation technique complète détaillant les fonctionnalités de Distraction Control. »
Si le taux de réponse risque d’être faible – la première lettre envoyée en mai 2024 était restée sans retour – les professionnels français ont d’autres cartes à jouer, notamment celle de La Commission Européenne. En effet, très à l’écoute des usages du web et de l’encadrement légal à ce sujet, il se pourrait qu’elle se rallie à la cause et prenne des mesures juridiques allant dans le sens de cette lettre. Reste à voir si Apple réagira avant !