La présentation PowerPoint, une arme fatale sous-estimée par les agences ?

Par Maxime Coffinet

10 juin 2025

En collaboration avec mprez

presentation mprez
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Dans un secteur où la capacité à convaincre et à se démarquer est plus cruciale que jamais, la présentation PowerPoint demeure un outil stratégique incontournable pour les agences. Pour explorer en profondeur les enjeux, les bonnes pratiques et les pièges à éviter en matière de slide design et de storytelling, J’ai un pote dans la com a donné la parole à deux experts du sujet : Arnaud Longueville, co-CEO et co-fondateur de mprez, et Julien Bouey, directeur conseil chez Extreme Society, agence du groupe Extreme. 

Forts de leurs expériences complémentaires ; l’un à la tête d’une agence spécialisée dans la création de présentations à fort impact, l’autre en accompagnement stratégique des marques, ils partagent ici leur vision, leurs conseils et leurs retours d’expérience pour transformer chaque présentation en véritable levier de réussite.

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Arnaud Longueville – Crédit photo : mprez

 

JUPDLC : Comment sont utilisées les présentations PPT aujourd’hui dans les agences ?

Arnaud Longueville : Dans les agences, on observe deux grandes utilisations de PowerPoint. D’un côté, il y a un usage quotidien, très interne : pour travailler rapidement en mode collaboratif, prendre des notes, partager des informations, ou créer des moodboards. C’est un support agile et souple, au service du travail au jour le jour.

De l’autre côté, on trouve une utilisation plus stratégique : des présentations beaucoup plus soignées, qui soutiennent des pitchs, des soutenances ou des appels d’offres. Ces livrables sont travaillés comme des documents à part entière, avec une vraie valeur de présentation et une ambition claire de créer le fameux effet waouh.

Julien Bouey : Je confirme, PowerPoint reste central, surtout lors des temps forts en agence. On s’en sert autant pour structurer les idées en interne que pour porter un discours stratégique ou créatif auprès des clients.

Je me permettrais même d’appuyer sur le rôle crucial que jouent les présentations pour les agences : ce sont souvent les supports que le client garde, ceux qui restent dans la durée. Ils doivent donc refléter à la fois la rigueur du travail de l’agence, tout en mettant en avant sa personnalité et ses axes différenciants.

 

JUPDLC : Qu’est-ce qu’une “bonne” présentation aujourd’hui ? Quelles sont ses qualités essentielles ?

Julien Bouey : Une bonne présentation, c’est d’abord une structure claire, un cheminement fluide qui guide naturellement l’audience. Elle doit s’adapter à son contexte, refléter la singularité du sujet et surtout ne jamais perdre de vue à qui elle s’adresse. Identifier l’audience et comprendre ses codes de communication, c’est la clé. 

Le design vient en renfort : il soutient le propos, le sublime, et ne l’écrase pas. C’est souvent ce juste équilibre entre clarté du message et impact visuel qui fait toute la différence lors de l’accompagnement de nos clients.

Arnaud Longueville : Je te rejoins complètement sur l’importance de cet équilibre. J’ajouterais un critère devenu primordial aujourd’hui : le degré de personnalisation, surtout sur les appels d’offres. On sent tout de suite quand une présentation a été pensée pour un client/un cas d’usage particulier, et ça change tout.

Et puis il y a aussi la manière dont elle est utilisée. Une bonne présentation, c’est aussi un bon format : facile à partager, parfois interactive. Par exemple, un outil comme Ludus, c’est un vrai game-changer : tu peux monter une présentation de propale en un temps record, avec un rendu qui claque, presque comme une landing page. C’est interactif, fluide, et visuellement à la hauteur de ce qu’on veut faire passer.

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Julien Bouey – Crédit photo : Extreme

 

JUPDLC : La forme peut-elle faire oublier le fond, ou l’inverse ? 

Arnaud Longueville : C’est la question du bac de philo ça, non ? (sourire). Mais oui, exactement. Un excellent fond perd de sa force si la forme ne suit pas. Et l’inverse est aussi vrai. On l’a vécu chez mprez : parfois, le design était tellement poussé qu’il détournait l’attention du fond. Il faut donc viser un équilibre juste — celui qui capte, sans jamais distraire.

Julien Bouey : La vraie question, c’est souvent : jusqu’où aller dans le visuel sans affaiblir le message ? Le bon niveau, pour moi, se trouve dans une forme de simplicité maîtrisée : le design doit toujours être au service du propos. C’est un équilibre qu’on cherche constamment à affiner, notamment avec mprez quand on co-construit des supports.

 

JUPDLC : Quel est le plus gros “péché capital” en matière de slide design ou de structure narrative ?

Arnaud Longueville : Côté design, c’est clairement le manque de cohérence visuelle. Une présentation qui change de style d’une slide à l’autre perd en impact et en crédibilité. 

Et côté narration, le vrai piège, c’est la répétition : dire deux fois la même chose à des moments différents, c’est diluer le message et faire perdre du temps à tout le monde. Soyons clairs, concis, et cohérents.

Julien Bouey : Je ne peux qu’abonder. Une incohérence visuelle rend la lecture laborieuse, surtout quand la présentation s’allonge. Et côté contenu, il faut savoir faire le tri dans les informations et ainsi éviter l’excès (ou comme disait Arnaud, les répétitions). L’enjeu, c’est de rester focus, éviter les redites, et toujours se demander : est-ce que ce que je raconte apporte quelque chose à l’audience ? 

 

JUPDLC : Une présentation peut-elle faire basculer une décision client ? Un exemple en tête ? 

Arnaud Longueville : Évidemment. Dans une soutenance, j’estime que la présentation peut représenter 30 à 40 % de la décision finale. Ce n’est pas juste une affaire de slides, mais de storytelling : comment on raconte notre parti-pris, comment on le met en scène pour aider le client à se projeter, et comment on déroule notre méthodo. Le reste, c’est le prix, les références… 

Mais la présentation, c’est ce qui fait pencher la balance. Aujourd’hui, les agences représentent ⅓ de notre portefeuille client, et nous collaborons majoritairement avec leurs équipes new biz, responsables des recommandations, ce qui souligne notamment le rôle clé des présentations PowerPoint dans les décisions clients. 

Julien Bouey : Je partage complètement. Une présentation, ce n’est pas juste un support visuel : c’est un vrai levier d’adhésion, d’autant plus crucial sur des projets à fort enjeu, comme les appels d’offres. Ce n’est alors pas uniquement le fond qui est évalué, mais la manière dont on le porte, dont on le rend vivant. On le voit très bien avec nos clients, qui nous sollicitent justement pour soigner leurs prises de parole dans ces moments décisifs.

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Crédit photo : mprez

 

JUPDLC : Est-ce qu’une présentation, c’est forcément du storytelling ? Ou ce sont deux démarches différentes ?

Julien Bouey : Oui, ça l’est. Une présentation qui fonctionne raconte toujours quelque chose. Elle a un fil rouge, un déroulé logique qui capte l’attention et permet de faire passer un message clair. D’ailleurs, c’est souvent ce qu’on travaille avec mprez lors de notre collaboration : structurer le propos pour qu’il ait du rythme, de la cohérence, et qu’il serve un objectif précis. 

Mais attention : “storytelling” ne veut pas forcément dire grandes envolées (philosophiques) façon keynote Apple. Parfois, c’est juste une bonne articulation entre le contexte, la proposition et les résultats attendus. L’essentiel, c’est d’être limpide.

Arnaud Longueville : Exactement. Même si le mot “storytelling” a été un peu galvaudé, dans le fond, c’est simplement raconter quelque chose avec une structure claire : un début, un développement, une fin. Que ce soit une reco, un bilan de campagne ou un pitch, ça s’applique partout. 

Mais il ne faut pas non plus se mettre la pression à vouloir faire du “storytelling” à tout prix. L’enjeu, ce n’est pas de faire du cinéma, mais de construire un propos logique, fluide et impactant.


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JUPDLC :  À votre avis, pourquoi les agences ont-elles tendance à négliger la présentation comme outil stratégique ? Qu’est-ce qui bloque encore la culture de la présentation dans les agences françaises ?

Julien Bouey : Je pense que beaucoup voient la présentation comme un outil rigide, peu valorisant, voire secondaire. Ce que je peux voir aussi chez nos clients, ou même en interne, c’est que certains manquent tout simplement de temps ou de méthode pour exploiter pleinement l’outil. 

C’est pour ça que nous avons fait le choix aujourd’hui de collaborer avec mprez : leur expertise permet de capitaliser sur la puissance des PowerPoint, trop souvent sous-estimée.

Arnaud Longueville : Je confirme, et je me permets de détailler deux freins majeurs que nous avons identifiés. 

Du côté des équipes hors créatifs, bien qu’ils reconnaissent son importance stratégique, beaucoup sont peu à l’aise avec les outils digitaux, PowerPoint compris. Ils passent souvent beaucoup de temps pour un résultat décevant, car leur vrai métier est ailleurs. 

Côté créa, les designers classiques dévalorisent les logiciels de présentation, qu’ils ne considèrent pas au même niveau que d’autres outils. Le slide design est une discipline à part, mais il manque encore aujourd’hui d’une sphère pédagogique et/ou de formations. Même pour nous, c’est un vrai défi de recruter et former des profils capables de valoriser ces présentations, qu’ils viennent du graphisme, du motion ou du web.

 

JUPDLC : Si vous deviez réhabiliter PowerPoint dans l’esprit des agences, par où commencez-vous ?

Julien Bouey : Pour moi, il faut avant tout faire comprendre que PowerPoint n’est pas juste un outil de support, mais un véritable levier stratégique. Cela passe par une meilleure formation des équipes, mais aussi par une collaboration renforcée entre les profils créa et les profils plus stratégiques. 

J’ajouterai que parfois, savoir reconnaître quand externaliser une présentation à des experts tels que mprez est la meilleure façon de révéler tout le potentiel d’un projet.

Arnaud Longueville : Je ne peux qu’être d’accord avec ça. La pédagogie est essentielle pour que toutes les parties prenantes comprennent que la présentation est un outil puissant pour convaincre et séduire, pas juste un support. 

Il faut alors former à deux niveaux : il s’agit d’aider les équipes à bien utiliser les outils et respecter la charte graphique, tout en préparant les créas à les accompagner sur des présentations qui sortent des templates classiques. Ce double effort améliore nettement la qualité et la portée stratégique des présentations.

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Crédit photo : Unsplash / Teemu Paananen

 

JUPDLC : Quel est le conseil que vous aimeriez donner à toutes les agences qui “ouvrent un nouveau PowerPoint” ?

Arnaud Longueville : Je dirais qu’il faut voir chaque nouvelle présentation comme une occasion unique de faire preuve de créativité, tant sur le fond que sur la forme. Personnalisez votre approche au maximum et utilisez des techniques et outils innovants pour refléter une agence qui comprend et répond aux enjeux actuels.

Julien Bouey : Exactement. J’ajouterai qu’il est essentiel de prendre le temps de se demander ce que l’on veut vraiment que l’audience retienne. Aller à l’essentiel, sans surcharge inutile. Et surtout, quand le sujet est important, ne pas hésiter à se faire accompagner : un regard extérieur apporte souvent de la hauteur et plus d’efficacité.

 

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