Les femmes dans le digital : constat et perspectives d’avenir

En collaboration avec Excelia Digital School
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Amélie Poisson, Directrice Marketing Client & Marque chez La Redoute, Karine Schrenzel, cofondatrice de Shopinvest et Laura Pho Duc, Directrice Marketing d’Alibaba France. Voici, dans l’ordre, les grandes gagnantes du trophée 2021 La Femme du Digital, organisé par Ecommerce Magazine et Cofidis Retail. Bien que le parcours de ces entrepreneuses force le respect, malheureusement en France, ce type de « success stories » est un peu l’arbre qui cache la forêt. En partant de ce constat, il serait facile de conclure de but en blanc que le digital ne séduit pas les femmes. Or, c’est prendre le problème à l’envers. Certains stéréotypes ont la vie dure et empêchent les femmes de s’épanouir pleinement dans ce secteur. Ce qui est fort dommage, puisque de nombreuses entreprises amorcent ou intensifient leur organisation autour des problématiques actuelles et à venir du numérique. Décryptage.

 

Les femmes dans le digital, un regrettable constat

Il suffit de jeter un œil sur les derniers chiffres disponibles. Selon le collectif Femmes@numérique, les femmes n’occupent pas plus de 30% des postes dans le digital et moins de 15% d’entre elles le font sur des fonctions à fortes responsabilités. En matière d’entreprenariat pur, la propension est encore plus faible puisque seulement 8% d’entre elles sont des fondateurs de startups.

Alors que la digitalisation des entreprises est déjà bien amorcée, il est pertinent que les entreprises revoient dès à présent leur copie, la prochaine décennie étant le moment idéal pour le faire. En effet, selon une étude de Pôle Emploi, 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui et ils seront presque intégralement tous liés, de près ou de loin, au digital. L’occasion de réajuster la parité dans ce secteur et de comprendre en quoi les femmes constituent une opportunité dans ce domaine pour les entreprises.

 

Haro sur les stéréotypes autour de certains métiers

Elon Musk, Jack Ma, Bill Gates, Mark Zuckerberg… Lorsqu’on évoque les grands noms de la tech, ce sont principalement des noms d’hommes qui viennent naturellement à l’esprit, comme si les nouvelles technologies étaient une sorte de « boys’ club ». Et pourtant, Susan Wojcicki est la CEO monde de YouTube, Ginni Rometty fut la PDG d’IBM de 2012 à 2020, ou encore, Lucy Peng est présidente exécutive de Lazada, la plus grande fintech au monde. Plus méconnus du grand public, ces grands noms féminins du numérique sont pourtant des papesses dans leur domaine.

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Crédit photo : Pexels / Visual Tag Mx

Il existe clairement un biais médiatique autour des femmes dans le digital. Pourtant, si l’on remonte aux prémices de ce secteur, la place, médiatique et réelle, des femmes était tout autre. Dans les années 70-80, elles représentaient environ 40% des effectifs dans les filières informatiques. Que s’est-il passé par la suite ? L’essayiste américaine Claire L. Evans, auteur du livre Broad Band, The Untold story of the women who made the Internet (2018), a sa petite idée sur le sujet.

« À la fin des années 90, quand l’informatique et le numérique ont pris de la valeur et qu’on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup d’argent en jeu, c’est là qu’on a vu les femmes quitter progressivement le terrain. Non par choix, mais parce que les hommes voulaient absolument ces métiers, réalisant qu’ils pouvaient y revendiquer un statut particulier. »

A partir de là, la société a construit la fameuse figure du « geek » solitaire et masculin. Si bien qu’à la source – la formation – les femmes s’autocensurent et se tournent moins vers certaines filières. Ce phénomène débute tôt, dès le lycée, puisque près de 80% des élèves en Terminale L sont des filles. Dans l’inconscient collectif, les formations technologiques et scientifiques étant considérées comme des voies d’insertions professionnelles plutôt masculines. Par la suite, le problème ne s’arrange pas puisque selon le syndicat Numeum, les filières de formation au numérique post-bac sont composées d’hommes à 90 %.

 

La famille, l’orientation au lycée et l’information sur la poursuite d’études en enseignement supérieur : des leviers clés

Seules 37% des filles envisagent de s’orienter vers une école d’informatique ou d’ingénieur, contre 66% des garçons, selon une étude Ipsos de novembre 2021, réalisée auprès de lycéens et de leurs parents. Et ce n’est pas par manque d’intérêt ! 54% des lycéennes sont intéressées par les matières scientifiques en général, et 56% par l’informatique / le numérique, précise l’étude. Mais « ces formations sont mal connues, notamment des filles : 29% seulement d’entre elles connaissent bien le contenu de la formation en école d’informatique (contre 46% des garçons), et 24% le métier d’expert informatique (contre 36% des garçons), et ce même lorsqu’elles s’intéressent au secteur », indique les auteurs. Encore plus surprenant, précisent les auteurs : « seulement 33% des filles sont encouragées par leurs parents à s’orienter vers les métiers du numérique, contre 61% des garçons, or les parents sont les principaux prescripteurs en matière d’orientation ».

L’étude confirme pourtant que fille ou garçon, il n’y a pas de différence concernant la perception positive de ces métiers : aussi bien les filles que les garçons considèrent qu’il s’agit de métiers d’avenir et bien rémunérés. La cause de cette désaffection viendrait donc en partie du fait que les filles sont moins exposées à des discours positifs sur ces métiers. La solution : faire intervenir des professionnelles dans les classes, et donner envie ! Enfin, l’étude précise que les filles sont beaucoup plus sévères avec elles-mêmes quand elles jugent leur niveau, et ayant fait des choix de spécialisation différents, les filles sont beaucoup moins nombreuses que les garçons à estimer avoir le niveau pour suivre après le Bac une filière technique, et ce même quand elles ont de très bonnes notes en sciences. Et ce, alors que les lycéennes se disent majoritairement intéressées par les matières scientifiques (54%) et l’informatique et le numérique (56%) !

Les auteurs de l’étude indiquent ceci : « moins informées sur ces métiers, moins encouragées à les choisir, les jeunes filles sont moins exposées à un discours positif sur les écoles d’informatique et les métiers du numérique : 46% d’entre elles considèrent que leurs parents ont un discours positif à cet égard (contre 57% des garçons), 44% de leurs amis (55% côté garçons) ou encore 44% de la part de leurs professeurs (contre 53% pour les garçons). »

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Il est pourtant de la responsabilité de tous, et surtout des établissements de formation spécialisés dans l’informatique et le digital, de contribuer à construire un discours positif et encourageant qui renforce le lien entre le public féminin et les métiers auxquels ils forment. Il est nécessaire de donner confiance, communiquer auprès des lycéennes et surtout auprès des parents, et ce très tôt.

« Excelia Digital School, une école spécialisée dans les métiers de la communication digitale, l’informatique, la data et la création digitale, a misé fortement sur la féminisation de ses filières, et réalise des actions précises dans ce sens-là », exprime Pascal Capellari, directeur des écoles spécialisées de Excelia.

Un discours d’ouverture et de diversité est porté par ses équipes pédagogiques, afin de casser les idées reçues et montrer les réussites de ses étudiantes. Des journées de découvertes des formations numériques sont mises en place, destinées à montrer concrètement les domaines enseignés, accessibles à tous. Également, ses diplômées retournent dans leur lycée ou établissement d’origine afin de parler de leur choix d’études, des expériences en entreprise, et ainsi créer des vocations. Enfin, Excelia Digital School participera à l’appel à projet « Féminiser les parcours post-bac du numérique », lancé par la fondation Femmes@numérique pour soutenir les initiatives en faveur de la mixité dans le numérique de la fin de la scolarité au premier emploi. Dans ce sens, Excelia lancera bientôt X’LLES Digital by Excelia, un projet ambitieux avec un objectif très précis : faciliter l’accès aux femmes pour les métiers dans le numérique.

 

Mobiliser l’ensemble de la société pour briser ce plafond de verre

Fort heureusement, les mentalités commencent à évoluer, doucement mais sûrement, en France. On voit notamment fleurir de nombreux réseaux qui tentent de promouvoir les métiers du digital aux femmes comme Women In Technology ou encore Femme du Numérique, pour ne citer qu’eux. Des initiatives qui sensibilisent les femmes dès le collège et tout au long de leurs carrières, mais pas que ! En effet, il faut fédérer large pour faire bouger les lignes, à la fois les parents, les enseignants, les conseillers d’orientations, les managers, les DRH… L’évolution de la culture organisationnelle des entreprises du numérique n’a pas pour but que de servir les femmes dans une quête binaire d’inclusivité. L’enjeu est double, à la fois économique et sociétal.

Selon le cabinet McKinsey, atteindre la parité dans le domaine du numérique pourrait permettre de générer en France 10% de PIB supplémentaire. De plus, selon la même étude, 87 % des dirigeants ont affirmé en 2021 qu’ils sont ou seront confrontés à une pénurie de talents disposant de compétences numériques adaptées à la transformation digitale de leur entreprise. Se passer des femmes, c’est se priver d’un vivier de talents disponibles.

D’autant qu’à l’ère du digital, les soft skills ont un impact fort dans la productivité d’une entreprise. En 2018, l’étude Women in the Workplace du cabinet McKinsey avançait que le top 3 des soft skills les plus attendus désormais en entreprise sont l’ouverture et l’adaptabilité, la propension à faire progresser ses collaborateurs et la faculté à créer des relations bienveillantes. Trois compétences qui sont, toujours selon l’étude, plutôt perçues comme « féminines ».

Enfin, dans une société où le digital impacte tous les interstices de notre quotidien, il apparaît dangereux de ne laisser qu’aux hommes le pouvoir de penser, développer et interpréter les biens et les services du numérique. La fondatrice et dirigeante de leetchi.com en est d’ailleurs persuadée comme elle l’explique dans une interview du média le journal du net. « Il faut plus de femmes dans le numérique, car elles pensent les services et les besoins différemment. Si les femmes entreprennent souvent en partant d’un besoin, d’un manque observé dans la vie quotidienne, les hommes s’appuient davantage sur des conjonctures opportunes de marchés. Ces deux façons d’entreprendre sont intéressantes et complémentaires ! ».

Cette nécessité de parité se pose également en matière d’intelligence artificielle, puisqu’un algorithme ne sera pas conçu et interpréter de la même manière par une femme et un homme.

Autant pour les entreprises, que pour la société, que pour elles-mêmes, il devient essentiel que les femmes prennent en marche le train du digital et qu’elles soient présentes à des postes de responsabilités. La sensibilisation et la formation sont les deux meilleures armes pour qu’elles y parviennent.

 

Pour en savoir plus sur les actions menées par Excelia Digital School dans ce sens et sur l’école elle-même, rendez-vous sur sa page dédiée !

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