Suite à un appel d’offre 100% confiné, Rosapark gagne deux nouveaux budgets FDJ. Après Parions Sport, dont l’agence s’occupe depuis 1 an, la Française des Jeux a décidé de confier à l’agence ses marques : Mission Patrimoine et Keno gagnant à vie. Une grande première pour les équipes de l’agence qui ont vécu un moment particulier lors de ce brief.
Qui dit situation exceptionnelle dit compétition exceptionnelle. Oui, la crise du covid a fait émerger des nouvelles pratiques au sein des agences et confinement oblige, il a fallu réinventer les usages, les process et donc, les appels d’offre.
Et si dans un avenir proche, les compétitions d’agences se faisaient totalement en ligne ? Pour en savoir plus et tenter de vous apporter un éclairage sur cette question, nous avons interrogé Victor Faubert, Head of New Business chez Rosapark.
– L’agence vient de remporter 2 nouveaux budgets, suite à un AO totalement digitalisé. Comment cela s’est-il passé ?
VF : C’était un vrai saut dans l’inconnu. Si on est honnête la question du télétravail se posait peu avant le confinement et elle se posait sans doute encore moins pour le Newbiz.
Et force est de constater que ça s’est très bien passé ! Le déroulement du pitch a été aussi fluide que si nous avions été à l’agence, voire même un peu plus à certains moments si on est honnête. Cela dit deux choses selon moi : la première c’est notre très grosse capacité d’adaptation qui nous amène à être capable de changer d’organisation du jour au lendemain en conservant le même niveau de qualité et d’exigence sur notre travail. La seconde c’est sûrement que la visio essentialise encore plus fortement que d’habitude nos échanges et nous amène à prendre des positions/convictions radicales plus rapidement… et c’est souvent pour le mieux !
– Quelles ont été les problématiques techniques majeures à surmonter durant ce confinement ?
VF : C’est simple, il n’y en a pas eu. L’agence a su être très agile et anticiper la situation au mieux : dès le jour 1 du confinement, nous avions tous les outils nécessaires pour continuer notre travail comme si de rien n’était.
Donc pas de problématique technique majeure à surmonter, pas de problématique majeur tout court d’ailleurs.
– Est-ce que ce nouveau format, quelque peu inédit, de compétition 100% en ligne, permet aux agences de mieux faire valoir leurs idées ? Supprimer le superflu pour se focaliser sur la créativité et la force des concepts ?
VF : Comme je le disais plus haut, la distance, le format visio/call des réunions essentialise les échanges de façon plus forte. Ça permet donc parfois d’aller plus vite, d’un peu moins se disperser ou tergiverser.
Après, je ne crois pas que le fait d’être 100% à distance ait une influence clé sur la qualité des idées. Elle dépendra toujours (et heureusement) des talents d’une agence et de leur faculté à identifier des vérités fortes sur une marque et à les traduire avec talent en création.
Si la dématérialisation du travail sur un pitch peut nous amener à verrouiller plus rapidement une conviction ou une idée créative, elle n’a que peu d’impact sur la pertinence ou la qualité d’un axe stratégique ou d’une idée.
– L’exercice de la présentation finale face au client est un incontournable… C’est d’ailleurs là que se jouent souvent les gains de budgets. Comment parvenir à convaincre par le biais d’un écran ?
VF : Heureusement c’est le fond qui doit convaincre avant la forme donc l’essentiel ne dépend pas de la configuration de la présentation.
Mais il est vrai que la dématérialisation des présentations fait perdre quelque chose dans l’énergie qu’on peut transmettre mais aussi dans la relation qu’on cherche à construire dès la phase de pitch.
J’identifie un double enjeu lié à une présentation par écran interposé (et parfois même sans caméra, juste avec le micro). Tout d’abord, il faut penser au rythme de la présentation au prisme de cette configuration : les temps morts en présentation c’est déjà pas terrible mais alors à distance, rien de pire pour casser la fluidité et donc la force d’un storytelling. Ensuite, et c’est aussi important si ce n’est plus, il faut réfléchir à comment incarner au mieux les idées créatives pour leur donner vie et aider à la projection de notre auditoire. Car pour lui, c’est le moment le plus attendu de la présentation.
– Par ailleurs, certaines voix se sont élevées durant le confinement, proposant de demander aux annonceurs de stopper les Appels d’offres en période de crise. Bonne ou mauvaise idée ?
VF : Impossible de généraliser selon moi, c’est forcément du cas par cas. La crise rendait le brief caduc, générait une incertitude business forte à court et moyen terme… alors oui bonne idée parce que vous aviez de grandes chances de perdre du temps et de faire travailler les agences dans le vide.
La crise ne remettait pas en cause le projet de façon fondamentale… alors aucune raison de stopper l’AO ! Les services NB des agences sont sûrement ceux qui, dans leur fonctionnement structurel (travail interne, équipes souvent resserrées…), ont le moins pâti du confinement et des logiques de télétravail. Et si vous ajoutez à ça une potentielle baisse d’activité chez certains clients de l’agence alors vous avez sans doute eu encore plus de cerveaux et de talents disponibles pour réfléchir à votre problématique.
– Le monde d’après se dessine aujourd’hui. Qu’attendez-vous de la part des annonceurs pour les prochains mois ?
VF : Du courage et de l’ambition :
…Pour bousculer voire remettre en cause ses habitudes et sa façon de travailler
…Pour repenser sa proposition de valeur
…Pour implémenter de vrais changements structurels
…Pour communiquer sur de vrais changements plutôt que de se laisser tenter par l’opportunisme.
Je suis convaincu que les marques qui sauront rester ambitieuses et même courageuses seront celles qui ressortiront grandies de cette période.
– L’agence de pub post covid-19, elle doit ressembler à quoi selon toi ?
VF : Vaste question à laquelle je ne m’aventurerai pas à donner une réponse ferme et définitive.
Mais s’il y a une chose qui semble assez évidente c’est que l’agence de pub post covid19 ne doit pas ressembler à l’agence pré covid-19. Il faut nous appliquer l’exigence de changement et de remise en cause que nous attendons de la part des marques pour lesquelles nous travaillons.
Je pense surtout qu’elle doit être co-construite avec les collaborateurs de chaque agence car ce sont eux les gardiens de la culture d’entreprise qui, si elle est importante pour les entreprises en général, est carrément fondamentale pour une agence de pub.
Car si je ne saurai pas dire à quoi doit ressembler l’agence post covid-19, il y a une chose dont je suis sûr c’est qu’elle ne pourra tenir sur le long terme que si elle réussit à sauvegarder et à prendre soin (encore plus fortement qu’avant) de ce qui fait son identité et son caractère.
– Le télétravail semble être la nouvelle norme. Comment se positionne Rosapark sur ce sujet ? Un retour à l’agence est déjà prévu ?
VF : Pas avant septembre et sous la forme d’un mix entre temps passé à l’agence et maintien du télétravail.
Mais la réalité c’est que nous avons l’opportunité de nous poser cette question de façon beaucoup plus structurelle puisque la crise est intervenue alors que nous lancions des travaux d’agrandissement de l’agence. Nous sommes donc en pleine réflexion de fond sur ce que sera l’organisation du travail à l’agence sur le long terme. La question qui se pose désormais n’est donc pas tant « quand pourrons nous envisager un retour à la normal ? » mais plutôt « Quel sera le nouveau « normal » dans les prochains mois ? ». Et il y a fort à parier que le télétravail fera partie intégrante de la réponse.
– Pour terminer, penses-tu que ce type de compétition inter-agences en ligne a vocation à durer ? Est-ce un format viable sur le long terme ?
VF : Je ne crois pas à une révolution des AO qui deviendraient 100% dématérialisés demain. Même si c’est le fond du discours qui primera toujours dans le choix, il est compliqué de s’engager sur le long terme avec des gens qu’on n’a jamais vu. Je ne dis pas pour autant qu’on doit revenir à des AO avec 100% de réunions physiques. La vérité se trouve sûrement entre les deux.
J’ai le sentiment que certaines réunions où les échanges, le ressenti est clé doivent être incarnées du côté de la marque comme du côté de l’agence. Je pense principalement au brief et aux présentations/soutenances. Au-delà de ces moments clés, à ce stade, je ne vois pas de souci à dématérialiser beaucoup plus fortement tous les autres échanges intermédiaires.