Réalisateur, producteur, cadreur, chef opérateur son, monteur, chef opérateur prise de vue, électricien, machiniste, sound designer… Autant de métiers liés au cinéma, la télévision et les séries. Et comme beaucoup d’autres activités, ces métiers évoluent.
Les principaux changements s’observent notamment au niveau du matériel. Les nouvelles caméras, les nouveaux procédés de machinerie, les lumières, les écrans LED, la réalité virtuelle, l’usage d’Internet… Les tournages sont désormais plus faciles à organiser, moins longs et leurs coûts de production sont en baisse continue depuis une vingtaine d’années. Finalement, ce qui est déjà à l’œuvre dans l’industrie du jeu vidéo, se déploie également dans l’univers cinématographique et télévisuel. Par conséquent, on attend de ceux qui souhaitent s’investir dans ces domaines, un certain nombre de compétences techniques mais aussi un profil polyvalent pour répondre aux différents challenges.
Nous sommes donc allés à la rencontre des intervenants de l’EICAR, The International Film & Television School Paris, afin d’obtenir des conseils pour la nouvelle génération. Cette école forme justement les professionnels de demain en misant sur le « learning by doing », la créativité, la maitrise technique avec du matériel de pointe et un réseau de professionnels. Ensemble, nous listons 10 recommandations transversales pour réaliser une série ou un film en 2021.
Avoir envie de raconter des histoires
Comme tout projet, monter un film ou une série est loin d’être aisé. Cela demande du temps, de l’argent, de l’imagination, de l’organisation mais surtout beaucoup de travail. Il faut donc être motivé et se poser les bonnes questions.
Celle du « pourquoi ? » peut paraître anodine. Pourquoi créer une série ou une web série ? Pourquoi créer un film ? Pour raconter quoi ? Pourtant, cette information prend tout son sens puisqu’elle influe sur :
- La narration
- Les personnages et leurs évolutions
- La durée du contenu
Qu’est-ce-que l’on veut faire ? Les protagonistes peuvent-ils évoluer dans le temps ? Est-ce-que l’histoire peut être racontée en 6, 10 ou 25 épisodes ? Des épisodes de 20, 45, 60 minutes ? Ou sera-t-elle plus pertinente dans un format de 90 minutes ?
L’avantage de la série, ou web série, est qu’elle favorise une plus grande liberté pour développer et affiner l’univers. On peut prendre le temps d’approfondir l’histoire, les personnages principaux comme secondaires, les axes dramatiques… Ce format crée aussi cette impression de « rendez-vous ».
Ainsi, en vous posant les bonnes questions, vous serez plus convaincu et convaincant pour défendre votre projet.
Générer des idées créatives
Le concept, le thème, les héros et leurs objectifs, les obstacles à leur quête….
Quoi de mieux pour avoir des idées que de cultiver sa curiosité, son esprit critique, ses connaissances mais aussi ses références culturelles ? Pour ce faire, il suffit de discuter, se tenir informer, faire des recherches, lire, écouter de la musique et des podcasts, sortir, suivre des Youtubeurs, s’inspirer de ce qui nous entoure… Pourquoi ne pas raconter une histoire à huis clos en hommage aux confinements ? Ces périodes ont en effet démontré la créativité et la résilience de chacun : on peut faire beaucoup avec pas grand-chose. Mais le mieux est tout de même de visionner des productions comme des documentaires, des films et des séries. Par chance, ces derniers ne manquent pas et sont même facilement accessibles sur les plateformes de streaming (OCS, Netflix, Disney+, etc.) en cette période où les salles de cinéma sont fermées.
Concernant les séries, vous n’êtes pas obligé d’en regarder 100 dans leur intégralité. Mais il peut être intéressant de regarder le 1er épisode, autrement dit le pilote. En l’analysant, vous serez en mesure de comprendre sa construction et ses mécanismes pour vous en inspirer. Comment les personnages et leurs relations sont-ils introduits ? L’objectif est de donner envie au spectateur de découvrir la suite. Il faut donc trouver un équilibre entre des personnages forts, un univers riche et votre propre style narratif.
A titre d’exemple, prenons le cas de Game of Thrones, dont le succès est incontestable. Tous les personnages ont une personnalité propre et un certain charisme. Ils sont d’autant plus sublimés par l’univers dans lequel ils évoluent. Ce dernier est fascinant, riche et dense. C’est en grande partie pour ces raisons, que la série du trône de fer est devenue culte.
Ainsi, une fois que vous avez quelques éléments, vous devez être capable de résumer votre idée en 2 ou 3 lignes. En outre de la pitcher pour la rendre encore plus limpide dans votre esprit.
Le message derrière est également important – et ce encore plus aujourd’hui. Il est nécessaire d’avoir conscience des enjeux actuels pour créer un contenu notamment inclusif avec des personnages divers sur tous les plans.
Par ailleurs, même s’il est important de se renseigner, ne vous focalisez pas que sur ce qui se fait en ce moment. Peu importe la série ou le film « à la mode », osez et restez original.
Bien s’entourer
Même si vous êtes talentueux et autodidacte, il est rare de compter que sur soi-même dans un tel projet. Déjà parce qu’il est toujours intéressant de recevoir des avis et des conseils pour enrichir l’univers. Voir les choses sous un autre angle, profiter de l’expertise de quelqu’un, savoir collaborer avec des profils très différents mais aussi mettre à profit les conversations, sont des atouts clés.
Si votre projet est « perso », sans prétention, vous pouvez réaliser toutes les étapes vous-même. Cela montre votre agilité et votre capacité à apprendre. Mais rappelons que ce n’est pas pour rien que chaque phase demande un savoir-faire. Un savoir-faire qui se traduit souvent par un métier à part entière. Si votre projet est ambitieux, il est important de s’entourer d’une équipe envers laquelle vous avez confiance. On dit souvent qu’un film se fait à plusieurs alors soyez ouverts.
C’est pourquoi à l’EICAR, école de cinéma et de télévision à Paris, on encourage les échanges entre les étudiants, tout département de formation confondu, dans le cadre de projets. Ainsi, le but est de constituer des équipes mixtes capables de couvrir toute la chaîne de production mais aussi de bâtir un réseau de futurs professionnels.
En effet, dans le milieu, il est également important de se créer un réseau et d’être accompagné. Pour se professionnaliser, l’idéal est de faire mais aussi voir les autres faire. Avoir l’occasion d’aller sur un tournage de courts-métrages, d’une production d’une société ou autre, sont des occasions à ne pas manquer. Toutes les expériences sont bonnes à prendre. Outre ces rencontres ou ces stages, on peut se faire une place dans le milieu également à travers la formation. C’est pourquoi il est important de choisir la bonne école.
L’EICAR c’est 200 intervenants professionnels de renommée internationale qui forment et partagent leurs savoirs mais aussi leur réseau aux étudiants. Également, les équipes pédagogiques accompagnent les apprenants dans leurs choix de spécialisation, de carrière et les aident à trouver une place dans la profession dès la sortie de l’école.
Aimer la gestion de projet
Avoir une vue d’ensemble et être sur tous les fronts demande une certaine organisation et agilité. Et ce afin de planifier dans le temps, chiffrer, maitriser les risques, s’adapter, se fixer des objectifs, mobiliser les différents intervenants, créer des documents, avoir les autorisations… En outre, mieux vaut être bien préparé. Le jour du tournage par exemple, il faut que tout le monde sache ce qu’il a à faire, où et quand.
Plusieurs documents aident à structurer la réalisation d’un film ou d’une série. Nous pouvons citer l’exemple du dépouillement. Il s’agit d’une lecture minutieuse du scénario, séquence par séquence. Chacune d’elle est divisée par secteur (mise en scène, machinerie, comédiens, accessoires…). Comme on tourne rarement dans l’ordre chronologique, cela permet de toujours s’y retrouver. Nous pouvons aussi évoquer le plan de travail. Véritable casse-tête, celui-ci consiste à établir un planning selon différents critères. Il faut prendre en compte les disponibilités des comédiens, des techniciens, des lieux d’accueil… Tout en gardant en tête le gain de temps et la solution la plus économe.
Savoir gérer un budget
Le monde de la production et de la diffusion sont très codifiés. Et il est vrai qu’à l’étranger, comme aux USA, les opportunités semblent plus nombreuses pour les débutants, aka the American Dream. Qu’à cela ne tienne ! A vous de montrer ce que vous valez en sachant maitriser vos besoins. On attend de la prochaine génération qu’elle réalise un film ou une série avec ses moyens et l’argent qu’elle peut obtenir. Cela passe par :
- Se former
- Réaliser un budget prévisionnel, qu’il faudra affiner au plus proche des besoins (décors, costumes, régie, comédiens, équipe technique, matériel caméra, matériel de machinerie, matériel du son, matériel d’éclairage, post-production, assurance, divers, imprévus…)
- Rechercher des financements privés ou publics (financeurs, partenariats, subventions…)
- Savoir négocier (notamment pour la location de lieux)
S’exercer et oser
Sans doute connaissez-vous l’expression « on n’a rien sans rien ». Elle s’applique dans le milieu créatif. Vous n’allez pas devenir un réalisateur, un monteur ou un scénariste du jour au lendemain. Pour apprendre et se perfectionner, il faut passer à l’action. Par ailleurs, c’est toujours valorisant et valorisé d’arriver avec un book de réalisations.
De même, sachez que votre création ne sera pas parfaite. Après tout, personne ne l’est alors pourquoi votre film ou votre série le serait ? Au début, vous vous planterez peut-être ou vous vous louperez, car aucun tournage n’est idéal. Mais ce n’est pas grave, puisque la prochaine fois vous serez mieux préparé et vous aurez assez de recul pour ne pas commettre les mêmes erreurs ou pour tirer parti de la situation. L’important est de se relever à chaque fois, d’essayer, de réaliser, de monter, d’imaginer, de persévérer et après de ne rien lâcher. Et bien évidemment de se faire plaisir et de croire en son projet.
Avec de la motivation et la volonté de raconter des histoires, il est possible de faire des vidéos simples et efficaces, même avec peu de matériel tel que son smartphone et son ordinateur. Comme point départ, cette option peut être intéressante. Une fois que vous avez capturé les images avec la caméra de votre téléphone de plus en plus performante, vous pouvez utiliser des logiciels de montage selon votre niveau et usage. Puis, il ne vous reste plus qu’à choisir sur quel média vous allez diffuser votre vidéo (cinéma, web, YouTube…) pour l’exporter au bon format.
Connaître les bases des langages de programmation informatique
Avec les révolutions plurielles qui ont lieu dans ce milieu créatif, les connaissances et l’intégration de la programmation informatique deviennent incontournables. Les nouveaux métiers exigent donc une certaine maitrise de ces derniers.
Concernant l’export des vidéos notamment – de l’export pour la TV ou le cinéma, en passant par l’export pour le web – il existe plusieurs solutions. Il faut aller plus loin que juste regarder par quoi se termine le nom de votre fichier et connaître certaines bases. Pour commencer, il faut différencier les « conteneurs » (avi, mov, mkv, ou flv) et les « codecs » (H264, ProRes, DVCPRO, MPEG-2, MPEG-4, DV, XD CAM, MP4, MP3, DivX…). Les premiers sont des « boites » dans lesquelles on met divers contenus : audio, vidéo, données de titrages et autres métadonnées. Ils sont synchronisés lors de la lecture et sont encodés en divers codecs. Ces derniers permettent donc d’encoder et décoder des données mais aussi de les compresser. Pour YouTube, par exemple, il est recommandé d’utiliser un format de fichier en .mp4, avec une vidéo encodée en H264 et l’audio encodé en AAC.
Assurer la pré-production
La pré-production est souvent sous-estimée par les néophytes, alors qu’il s’agit d’une étape essentielle. Elle consiste à faire le travail en amont du tournage pour assurer le bon déroulement. Ainsi, elle englobe :
- le découpage technique,
- le dépouillement,
- les repérages et les autorisations,
- la liste technique,
- le budget prévisionnel,
- la recherche de financement
- le casting
- la négociation
- le plan de travail
Les métiers liés aux images, à la lumière et au son sont les plus challengés. Ils sont notamment de plus en plus sollicités lors de cette préparation. A titre d’exemple, les mixeurs ou monteurs (métiers initialement de post-production), sont intégrés dès la pré-production pour enregistrer et mixer les voix en amont du tournage de film d’animation notamment, pour une meilleure synchronisation son/image. Nous pouvons également aborder la reconnaissance faciale des acteurs en réalité virtuelle qui va développer la postsynchronisation, voire la transformer en pré-synchronisation.
Utiliser les canaux porteurs pour la diffusion
Les supports de diffusion ne manquent pas. Même s’il n’est pas possible pour le moment de projeter sa réalisation dans les salles obscures, les lieux publics ou des évènements spécifiques, il existe des alternatives. Les réseaux sociaux, un site personnel, les plateformes de VOD… Pour ces dernières, en France les plus connues sont souvent associées à des distributeurs (Canalplay, MyTF1 VOD, SFR Vidéo, MyWarner, etc.). Mais de plus en plus de plateformes misent sur les productions indépendantes et remettent entre les mains des producteurs et cinéastes la distribution de leur contenu. Certaines sont plus ou moins adaptées à des types de productions (longs-métrages, courts-métrages, web-série, documentaires…) et sont généralement payantes (frais d’inscription, commissions, etc.). C’est pourquoi il est important de se renseigner.
Voici un panorama non-exhaustif de plateformes de VOD indépendantes qui existent sur la toile : Vimeo on Demand, Distrify, Seed&Spark, Reelhouse, Shellac, UniversCiné, LaCinetek, FilmoTV… Beaucoup organisent des évènements et apparaissent comme de véritables tremplins.
Maitriser l’anglais
De nos jours, savoir parler anglais ouvrent bien des portes. C’est même une compétence très demandée dans les offres d’emploi. Dans le cadre de la réalisation d’une série et d’un film, cela permet de monter des projets d’envergure internationale, de discuter quotidiennement avec des personnalités de différentes nationalités, de mêler différentes cultures, d’obtenir certaines subventions ou aides au niveau européen…
À l’EICAR, l’ouverture à l’internationale ainsi que la maîtrise de l’anglais vont de soi. Que ce soit pour suivre certains cursus ou même continuer ses études dans des universités étrangères.
Pour plus d’informations sur l’EICAR, rendez-vous sur leur site internet.