Trop souvent réduits à des attachés de presse ou des lobbyistes, les consultants en relations publics se rebiffent et fondent le « lab NextGenRP ». Objectif : mettre en avant la diversité et la vitalité de leur métier.
Un soir, à la sortie d’un événement consacré aux start-ups, un jeune cravaté avec qui je partageais une assiette de TUCs me tend sa carte de visite. « Chargé de relations publics » (et non publiques). « Mais, au final, demandais-je, c’est quoi votre métier ? » « Vous voyez Olivia Pope dans Scandals ? me répond-il. Ben, c’est ça ! ».
Cette anecdote n’a pas vraiment fait rire Fabien Aufrechter, consultant chez Havas Paris et cofondateur de NextGen RP. Incubé par le SyntecCRP – le syndicat des pros des relations publics – le mot d’ordre de ce collectif est de : « promouvoir les relations publics comme moteur des décisions stratégiques des entreprises » pour en finir avec le fantasme de « l’éminence grise machiavélique », qui fausse le regard des étudiants comme des clients sur leur profession.
Touches à tout
« On nous ramène souvent à ce mythe du spindoctor ou du lobbyiste», souffle Daniel Saltsman, lui aussi consultant chez Havas Paris et cofondateur de NextGen RP. « Notre métier est, au choix, soit fantasmé, soit mal perçu ». Quant à Stéphane Billiet, à la fois membre de NextGenRP et du Syntec, il ajoute : « on nous limite aussi souvent à l’image tronquée de l’attaché de presse. C’est lié à la confusion avec l’acronyme RP des »relations presse ». Or les relations publics ce sont les relations avec tous les publics. Pas seulement les journalistes ! »
À l’entendre, le job de consultant en relations publics se situerait entre ceux de directeur de campagne électorale, d’avocat et de négociateur du GIPN ! On est finalement pas si loin d’Olivia Pope…
« Dans une même journée, raconte Daniel, on doit parcourir la presse, travailler avec des équipes événementielles/planneurs/rédacteurs et accompagner le client sur le terrain, tout en gardant un œil sur les réseaux sociaux… ». Ça n’arrête pas ! « Les Relations Publics sont une démarche stratégique mais aussi technique, résume Fabien. Nous avons un rôle de conseil vis-à-vis des Directions Générale des entreprises. Puis nous accompagnons la décision de bout en bout dans sa réalisation opérationnelle. C’est en cela qu’au quotidien, nous avons les mains dans le cambouis ».
Enjeu d’orientation
Pas étonnant que même les étudiants en école de commerce aient du mal à cerner cette fonction. Un problème auquel souhaitent remédier les fondateurs de NextGen RP. « On veut valoriser autrement nos métiers, explique Fabien, en porter une vision rafraîchie. Car on a besoin de professionnels qui prennent la relève ». « Il y a clairement un enjeu d’orientation, confirme Daniel. Dans beaucoup d’écoles, la diversité d’expertise des RP n’est pas mise en avant ».
Mais l’objectif de ce réseau ne se borne pas à redorer l’image de la profession auprès de potentielles recrues. C’est aussi d’envoyer un message à destination des clients d’agences RP, actuels et potentiels.
La créativité, ADN des Relations Publics
« Nous voulons montrer aux entreprises comment nous avons adapté notre métier à la révolution numérique des médias », précise Daniel. Pour cela, les consultants en RP doivent réinventer leurs méthodes et leurs pratiques. « En effet, le digital a changé la donne, analyse Stéphane Billiet du haut de ses vingt ans d’expérience. Chaque jour, tout le monde est confronté à des milliers d’actus et de contenus, en permanence. On assiste à une fragmentation de l’opinion, une accélération de l’information, et une hyperémotivité de la société. Tous ces phénomènes ont révolutionné notre rôle ». Dans ce contexte, le rôle du consultant en RP est de permettre à ses clients de se distinguer en créant des campagnes créatives.
Pour cela, les consultants investissent de plus en plus les réseaux sociaux, via les influenceurs, youtubers, instagramers, et multiplient leurs sources d’inspiration, qu’il s’agisse de crowdfunders, profs d’université ou haut-fonctionnaires. « On est de plus en plus à l’origine de créations de contenus, d’applis, de nouveaux formats et même d’oeuvres d’art », explique Daniel. Voilà donc ce qu’il manque à Miss Olivia Pope : la fibre artistique !