Les bonnes relations des salariés au sein d’une boîte concourent largement à la réussite de celle-ci. La culture d’entreprise représente un atout majeur pour la cohésion des équipes et le bien-être au travail. L’horizontalisation du système d’entreprise, la communication interne, la participation des salariés aux prises de décision, la formation des équipes, la création d’un sentiment d’appartenance. Tant de sujets qui permettent d’allier l’utile à l’agréable !
Aujourd’hui on reçoit, Laurent Allias, fondateur de Josiane et cofondateur des Pointures pour qu’il nous partage sa vision des relations humaines au sein de l’entreprise.
Entrevue avec Laurent Allias, fondateur de Josiane et cofondateur des Pointures
JUPDLC : Dans quelles mesures la communication interne est-elle indispensable pour entretenir des bonnes relations au sein de l’entreprise ?
Laurent Allias : Au-delà de créer de bonnes relations au sein de l’entreprise, quand notre matière première ce sont des idées – des choses immatérielles, qui se créent par l’entrechoquage des points de vue, des approches, des expériences… – il est fondamental qu’il y ait une certaine fluidité. Donc la communication interne est le cœur de notre modèle. Sans collaboration, pas de création de valeurs. Sans création de valeurs, pas d’entreprise. Et plus une organisation grossit, plus il lui est difficile de créer cet environnement propice aux idées. C’est pour cela qu’il existe des tailles critiques. Au-delà de l’organisation et de son modèle, il y a un très gros travail à faire en amont, en particulier lors du recrutement.
Une entreprise, c’est avant tout une somme d’humains. Dans une agence de publicité, ces humains sont tous très différents : un planneur ne travaille pas du tout de la même façon qu’un créatif, un DA prend les choses par un autre morceau qu’un concepteur rédacteur. C’est cela qui fait la magie d’une agence : cette diversité qui fait émerger des idées nouvelles. Et mon métier en tant que fondateur, c’est de bien recruter et de rassembler tout ce petit monde pour aller dans le même sens, d’entrechoquer pour créer tout en créant une atmosphère, une culture. « Culture » est pour moi le mot le plus important pour une agence, voir pour une entreprise. C’est Natalie Rastoin qui m’avait dit une fois cette phrase d’un planneur anglais qui a toujours résonné en moi : « Culture eats strategy for breakfast ».
JUPDLC : Pourquoi est-il intéressant de passer d’un système vertical à un système horizontal ?
Laurent Allias : Chez Josiane, nous sommes convaincus qu’un autre modèle d’agence est possible. Nous l’avons résumé en 3 petits mots : « grandir sans grossir ». Ainsi, il est beaucoup plus simple de bien faire notre travail, de se concentrer sur l’essentiel, de retrouver du bon sens, du lien pour faire grandir les marques et les collaborateurs. C’est aussi pour cela que l’on s’appelle Josiane. Josiane, la vraie, était maîtresse d’école et maman. Il était logique de faire perdurer cette envie de transmettre, de « faire grandir ».
Pour cela il faut une couche managériale très sénior. C’est pour cela que Jérôme Diez, Pierre-Marie Faussurier ou encore Évelyne Bourdonné sont arrivés et ont rejoint Jérémy Frappat, Mohamed Ali… Ce sont des profils qui ont 20 ou 25 ans d’expérience. C’est très structurant. De l’autre côté, il faut aussi de nouveaux points de vue, de la jeunesse, des digital native, des idées nouvelles (je ne suis pas en train de dire que les « séniors » n’ont pas des idées nouvelles, attention). Donc il faut un peu de verticalité. Mais il faut des gens qui ne sont pas dans un management vertical.
L’horizontalité d’une organisation se travaille en limitant les couches, l’organisation, la structure et en ayant les bonnes personnes au bon endroit. C’est peut-être cela qui est en train de tuer un certain nombre d’agences devenues trop « grosses ». C’est Benoît Poolvorde qui en parle le mieux quand il parle de la différence entre le cinéma français et le cinéma belge.
L’horizontalité se travaille également en dehors de l’agence : c’est entre autres pour cela que nous avons créé une nouvelle entité conseil avec Astrid Boutaud : Les Pointures. Les Pointures rassemblent 100 experts et consultants aguerris aux sujets de transformation (RSE, corporate, transfo digitale, marketing…) et même si ce sont des structures différentes, Josiane et les Pointures travaillent sur certains sujets en synergie. Il est très intéressant de croiser les points de vue entre des créatifs et des spécialistes de tel ou tel sujet, étirant ainsi la surface d’intervention, horizontalisant l’approche. Sans verticaliser.
JUPDLC : Ne faudrait-il pas intégrer les salariés aux négociations décisionnelles ?
Laurent Allias : À chaque moment charnière de l’agence, où certaines décisions sensibles ou importantes doivent être prises, je rassemble toute l’agence, je prends le temps d’expliquer, d’exposer la situation et nous essayons de prendre des décisions qui embarquent tout le monde. Je ne peux pas le faire pour toutes les décisions mais j’essaie de le faire au maximum. Nous sommes tellement plus fort ainsi, parce que toute l’organisation assume la décision et ira dans le même sens.
JUPDLC : Comment bâtir une culture d’entreprise solide et engageante qui permet de créer un sentiment d’appartenance ?
Laurent Allias : Comme je l’évoquais plus haut, la culture est ce qui est le plus important dans une entreprise. Une culture se ressent à tous les niveaux : dans les bureaux (qui ne ressemblent pas vraiment à des bureaux chez Josiane : c’est l’union de deux galeries d’art, d’un atelier d’artiste et d’un appartement parisien, près de la rue des Martyrs), dans l’organisation, dans la communication, avec les clients et surtout dès le recrutement. Nous recevons nos clients et nos entretiens au coin du feu. Nous laissons le baby-foot à la startup nation (à dire vrai, on m’a demandé un baby-foot il y a quelques mois. Dilemne).
Les échanges sont simples et directs. On se dit les choses telles qu’elles sont. La culture d’entreprise ne fait pas tout. Elle ne résout pas tout non plus. Mais elle donne un cadre. Et se développe par elle-même, au-delà du fondateur, parce que ce sont les collaborateurs qui la prennent en main. Et là c’est très puissant. Elle permet de passer les crises ou les échecs pour devenir plus fort. Car on ne va pas se mentir : il y a toujours des crises et des échecs. Mais ce qui fait une organisation, c’est sa capacité à les gérer et à devenir meilleur. Il y a un an, nous avons mis en place des petits-déjeuners durant lesquels chacun devait venir avec des idées pour coécrire cette culture d’entreprise : c’est quoi Josiane ? Josiane a tellement évolué depuis que je pense qu’il serait pertinent de refaire ces petits-déjeuners.
Podcast
JUPDLC : La formation des salariés commence-t-elle au recrutement ? Comment accueillir les nouvelles recrues ?
Une culture d’entreprise trop forte ne risque-t-elle pas de nuire à l’intégration de nouveaux salariés ? Chez Josiane, pas de feu d’artifice pour accueillir un nouveau collaborateur, mais un moment simple, convivial, qui permet à tous de mieux se connaître. Nous portons une culture d’entreprise qui revient à l’essentiel. Et cela fait beaucoup de bien à pas mal de monde, surtout ceux qui ont déjà fait un peu le tour du marché.
JUPDLC : N’y a-t-il pas le risque d’« en faire trop » ? Que la volonté de créer du lien devienne artificielle et mécanique, oubliant ainsi l’humain et sa spontanéité ?
Laurent Allias : « Faire » pour « faire » ne sert à rien. Si cela peut donner l’illusion pendant un court laps de temps, le naturel revient au galop et les liens s’éclipsent. Nous pensons profondément que seules les entreprises sincères et spontanées perdureront.
JUPDLC : Comment appréhendez-vous la formation des équipes chez Josiane ?
Laurent Allias : À chaque nouveau sujet, nous prenons un peu plus d’expérience. Mais pour enrichir nos idées, ouvrir nos chakras et être davantage inspirés, nous organisons des conférences et des workshops sur des thématiques complémentaires à la création publicitaire : neurosciences, philosophie, sociologie, artistes, développement personnel (process com, cercles de parole). À divers moments de l’année, nous organisons des briefs ouverts sur des sujets qui nous font « vibrer ». Cela permet à chacun d’explorer sa créativité sur des sujets sur lesquels il n’a pas forcément encore travaillé. Il y a de ça quelques mois, grâce à ce type de brief ouvert, une équipe en alternance a pu proposer une idée pour l’association La Cimade. Quelques semaines après, le film sortait en télévision.
JUPDLC : Chez Josiane, quelles mesures avez-vous mises en place pour répondre à l’enjeu important du bien-être des équipes ?
Laurent Allias : Disons les choses clairement : le rythme est souvent assez soutenu dans les agences, passant d’un sujet à l’autre, parfois dans des délais serrés (souvent trop serrés). Les attentes des marques sont de plus en plus fortes, et le digital effrite la valeur. Tout, tout de suite. Il faut savoir dire non pour protéger les équipes, pour protéger le modèle. Non à certaines compétitions, non à certaines demandes. Chez Josiane, nous refusons 3 compétitions sur 4 par exemple. C’est inhérent à notre modèle. Et nous avons la chance que des annonceurs soient prêts à travailler avec nous sans compétitions.
Au quotidien, nous avons également mis en place de nombreuses démarches. Nous avons notamment mis en place un système de formulaires anonymes pour permettre à chacun de s’exprimer librement sur son ressenti, son bien-être, les axes d’améliorations… Nous mesurons ainsi le bien-être global de l’agence et l’atmosphère. C’est riche d’enseignement, cela permet de toujours s’améliorer et de faire remonter plus facilement les problèmes. Nous collaborons aussi avec la maison reset qui travaille sur des parcours « bien-être » personnalisés (réflexologie, méditation, reiki, cohérence cardiaque…) et met en place des cercles de parole (autour de thématiques liées au quotidien des professionnels : gestion des émotions, adaptation au changement, estime de soi, gestion des échecs, leadership…).
Pour en savoir plus sur Josiane, rendez-vous sur sa page agence dédiée !
