À l’occasion des Cannes Lions 2024, toute l’équipe de J’ai un pote dans la com se mobilise pour vous faire vivre le festival comme si vous y étiez. Tout au long de la semaine, nous allons à la rencontre de personnalités issues du monde de la pub pour qu’elles nous partagent leurs insights sur cet événement phare, et leur vision des tendances qui façonnent – et façonneront ! – le secteur.
Dans cet article, nous recevons Christine Albanel, Présidente de l’ARPP. Nous discuterons de publicité et de ses liens avec la culture et l’art.
JUPDLC : Quel parcours vous a mené jusqu’au monde de la publicité ?
Christine Albanel : J’ai eu une longue vie professionnelle qui m’a amenée à passer de longues années auprès de Jacques Chirac – 20 ans exactement. J’étais Ministre de la Culture et de la Communication de Nicolas Sarkozy et François Fillon, j’ai été également Présidente de Versailles. J’ai passé 10 ans au Comex d’Orange, d’où sortent la RSE, la Fondation, etc. Aujourd’hui, je suis Présidente de l’ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité).
JUPDLC : Quel est votre programme aux Cannes Lions ?
Christine Albanel : Je viens aux Cannes Lions pour la première fois, c’est donc une découverte pour moi. J’y suis pour participer à tous les échanges qui ont lieu lors de l’événement. J’ai traité d’un sujet ce matin sur le Conseil de l’Éthique publicitaire (CEP), qui fait partie de l’ARPP, qui fait des podcasts sur des thématiques telles que l’excès d’empathie, la bien-pensance, le politiquement correct et la bienveillance. C’est quelque chose qui est un petit peu à contre-courant par rapport à tout ce qui se fait, à tout ce qui est admis.
Un peu plus tôt dans la journée, j’étais accompagnée de Maurice Lévy, sur des sujets tels que la publicité, l’espace de liberté que peut représenter l’art. Précisément dans cet univers où les doxas sont assez présentes. Maurice Lévy a parlé aussi de son expérience sur YourArt puisqu’il a créé cette plateforme. Et je trouve ça assez cool qu’il ait ajouté cette étape très intéressante à toute sa vie, à sa carrière.
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JUPDLC : Quel regard portez-vous sur la publicité, ses liens avec la culture et l’art ?
Christine Albanel : La publicité, c’est un moyen d’expression que j’ai toujours personnellement apprécié. Je ne fais pas partie des « cultureux » qui considèrent que c’est un supplément d’art. Mais je pense que c’est une occasion d’expression très intéressante. Quand vous avez Georges Pérec, par exemple, qui a écrit ces différentes œuvres, dans lesquelles il rappelle des grandes publicités comme Etam, comme les collants Dim, etc. qui jouent un rôle considérable, ça montre ce qu’est la publicité, c’est-à-dire les marqueurs et les expressions d’une époque et, finalement, ce qui reste en réalité.
Et sur l’art et la publicité, c’est intéressant aussi. Parce que je pense qu’il y a des publicités qui ont emprunté à l’art. Ce qui veut dire que nous prenons à l’art la liberté. Parce que l’art donne plus de liberté, les créateurs sont supposés pouvoir faire à peu près ce qu’ils veulent, et je pense que pour la publicité, c’est très intéressant de se mettre dans un sillage de liberté.
JUPDLC : Pensez-vous que l’on puisse considérer la publicité comme un art à part entière ?
Christine Albanel : Je pense que si la publicité est libre, audacieuse, si elle se donne des possibilités de contestation, de remise en question, oui elle peut être un art. On a tous en tête des publicités. Moi, ma génération c’est par exemple Hollywood Chewing-Gum qui est un moment de liberté, de convivialité, de jeunesse ensemble… Ce sont de grands marqueurs qui, à un certain moment, deviennent véritablement de l’art.
Je pense que la publicité donne beaucoup de repères culturels. Et ce sont des repères partagés. Il n’y a pas énormément de choses qui sont partagées aujourd’hui. De grandes publicités sont créées, qui atteignent complètement les objectifs visés par les agences et les annonceurs, et ce par le biais de moyens novateurs.
