Alors que l’intelligence artificielle s’impose dans tous les plans du digital, son coût environnemental commence à sérieusement peser. Razorfish et GreenIT publient la 4ᵉ édition du Baromètre 2025 de l’Éco-Conception Digitale, référence en matière d’impact écologique du web. Et le constat 2025 est sans appel : la France marque un net recul en matière de sobriété numérique, tandis que les IA génératives et agentiques aggravent encore la facture carbone du digital.
L’empreinte du numérique explose
« Ce qui ne se mesure pas ne s’améliore pas », rappelle en préambule le baromètre 2025. Et les chiffres le confirment : l’empreinte environnementale du numérique a presque doublé en cinq ans, passant de 2,5 % à 4,4 % des émissions nationales selon l’ADEME.
Pour dresser cet état des lieux, Razorfish et GreenIT ont passé au crible 90 sites représentatifs de l’économie française, les sites corporate du CAC 40 et le Top 50 e-commerce. Résultat : une moyenne nationale de 25/100, en chute libre de 5 points par rapport à 2024. En clair, le niveau d’éco-conception des sites web français est revenu à celui de… 2022.
Les sites corporate du CAC 40 affichent une note moyenne de 35/100 (E), et 30 % d’entre eux décrochent même un score F ou pire. Du côté du e-commerce, c’est encore plus alarmant : 18/100 en moyenne, soit une note F, avec 86 % des sites entre F et G. Une stagnation qui inquiète, surtout quand certains distributeurs obtiennent des performances environnementales jusqu’à 5 fois meilleures que leurs concurrents pour un service équivalent.
IA génératives vs IA agentiques
Grande nouveauté de cette édition 2025 : le baromètre 2025s’attaque désormais à l’analyse des interfaces digitales d’IA génératives et agentiques. Après avoir étudié l’an dernier ChatGPT et Perplexity, Razorfish et GreenIT ajoutent cette fois leurs versions agentiques ChatGPT Agent et Perplexity Comet, capables de déléguer des actions (réserver un restaurant, remplir un panier, envoyer un formulaire…).
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Les résultats sont sans appel : si ChatGPT (version générative) reste le plus sobre (47/100, note D), les modes agentiques explosent les compteurs. L’interface de ChatGPT Agent obtient un score de 17/100 (F), tandis que Perplexity Comet s’en sort un peu mieux (30/100, E), soit 11 % d’empreinte carbone en moins.
Mais au-delà des chiffres, l’enseignement du baromètre 2025 est clair : les IA agentiques coûtent jusqu’à 60 fois plus cher à l’environnement sur des usages équivalents. En cause ? Leur manière d’aller charger des pages web en temps réel, quand les IA génératives se contentent de données déjà indexées. Pour un simple comparatif de voitures, ChatGPT Agent aurait visité plus de 70 pages, provoquant 68,8 gCO2eq d’émissions, contre 2,1 gCO2eq pour sa version générative.
Vers une sobriété numérique plus intelligente
Pour les équipes de Razorfish et GreenIT, l’enjeu est désormais d’éduquer les utilisateurs à employer « la bonne IA pour la bonne tâche ». « Les utilisateurs doivent apprendre à décrypter leurs différents besoins et utiliser la bonne IA pour la bonne requête. » explique Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France.
Même son de cloche du côté de Frédéric Bordage, fondateur de GreenIT : « Ce Baromètre 2025 de l’Eco-Conception Digitale complète la démarche avec une vision d’ensemble du marché qui permet à chaque acteur de se situer et de progresser. Il était logique de l’enrichir avec une prise en compte des IA qui vont compter de plus en plus dans les impacts du numérique. »
En somme, la sobriété numérique ne se résume plus à alléger le poids des pages web : elle doit désormais intégrer la logique d’usage des intelligences artificielles. Et alors que la demande mondiale en électricité des data centers pourrait doubler d’ici 2030, cette prise de conscience devient urgente.
Razorfish, forte de ses 300 experts en stratégie, UX, data et innovation, et GreenIT, collectif pionnier de la sobriété numérique depuis 2004, tirent la même conclusion : sans une mesure précise et un usage raisonné des outils digitaux, l’empreinte environnementale du numérique restera hors de contrôle.
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