Frustré par la faible visibilité du sixième rapport du Giec, le collectif Pour un réveil écologique a décidé de l’afficher… dans 108 stations du métro parisien ! Une initiative des plus efficaces pour lever le voile sur l’urgence climatique, mais aussi mobiliser le grand public, comme les médias et les institutions, sur cette question. Notons que cette campagne d’affichage – diffusée depuis le 16 mai, et ce, jusqu’au 23 du même mois – est rendue possible grâce à la contribution de la régie publicitaire, membre de l’ARPP, Médiatransports.
Le rapport du Giec passe-t-il inaperçu ?
Selon une étude réalisée par Tagaday, publiée dans le Journal du dimanche (JDD), le dernier rapport du Giec – qui détaille les effets du dérèglement climatique et les stratégies pour y remédier – a été cité 3 313 fois par la presse française. Une couverture médiatique appréciée, mais qui semble rester très faible en comparaison avec d’autres actualités. Typiquement, la guerre en Ukraine surpasse largement les autres sujets. Et c’est normal, au vu des tragédies qui en font suite. Mais, d’une manière ou d’une autre, cela a dû éclipser un drame tout aussi dévastateur : le changement climatique. L’étude rapporte également que les médias français ont médiatisé 55 fois la guerre en Ukraine (183 440 citations) et 20 fois le Covid-19 (60 807 citations) de plus que le Giec.
Selon ces données, la question climatique ne semble donc pas faire l’objet d’une priorité pour les médias. « Le scénario de rêve, ce serait que lorsqu’un rapport du Giec sort, tous les médias aient une équipe dédiée. Capable de se pencher dessus, d’en tirer les enseignements clés et de les diffuser massivement », ambitionne Théo Miloche, membre de Pour un réveil écologique.
Pour un réveil écologique, un engagement de taille
Pour un réveil écologique est un collectif de pas moins de 33 000 étudiants et jeunes diplômés engagés pour l’environnement. Leur ambition ? Communiquer sur les enjeux écologiques, et sensibiliser le grand public sur l’importance d’agir maintenant pour sauver la planète. Tant qu’il en est encore temps !
Depuis qu’il a vu le jour en septembre 2018, le collectif ambitionne de contribuer à une transition vers un modèle économique plus respectueux des limites planétaires. Pour ce faire, il oriente notamment ses actions vers la formation et l’emploi. Notons que le collectif intervient également auprès des pouvoirs publics. En effet, près de 203 rencontres avec des dirigeants ont été faites jusqu’à ce jour !
Réagir face à l’inconsidération médiatique
Dans la continuité de ses projets, Pour un réveil écologique a rédigé une synthèse en dix points du rapport du Giec, relue par la coautrice de ce dernier et économiste Céline Guivarch. L’idée ? Le rendre accessible au plus grand nombre. Mais pas seulement ! Cette initiative intervient pour souligner l’insuffisance des réponses apportées à la crise climatique et souligner le besoin de se mobiliser pour notre avenir.
En parallèle, Pour un réveil écologique imagine des affiches en 4×3, dans le métro parisien à la place des habituelles affiches publicitaires, à coup de créativité (et de Photoshop). On découvre alors sur ces créations, une invitation : non pas à une soirée gourmande pour déguster un burger, mais plutôt pour savourer un rapport écologique synthétisé et tout frais, via un QR code. Un projet audacieux qui s’est vu être concrétisé !
A travers cette campagne inédite, le collectif a voulu « donner au grand public les clés de compréhension de l’état d’urgence climatique tout en pointant l’insuffisante mobilisation des médias sur cette question », précise Amélie Deloche, membre du collectif. Elle ajoute : « nous voulons amener le sujet dans les journaux télévisés et chez les publicitaires. De nombreux espaces publics pourraient être réquisitionnés pour ce type d’affichage ».
C’est incroyable : on a VRAIMENT affiché le #GIEC dans le métro !!
Depuis des semaines, on martèle que le dernier rapport n’est pas assez médiatisé. C’est donc une réelle fierté de contribuer à accroître sa visibilité aux yeux du grand public. pic.twitter.com/MqsfT8e2Bq
— Pour un réveil écologique (@ReveilEcolo) May 16, 2022
« Ce qui nous alerte, c’est que la couverture médiatique est insuffisante sur ces rapports clés. Avec cette campagne, nous voulons interpeller les médias pour leur rappeler qu’ils ont une responsabilité dans la diffusion de ces contenus. Nous leur disons : penchez-vous davantage sur cette question ! », alerte Théo Miloche, précédemment cité.
Il est important de souligner que d’énormes efforts ont été déployés par le collectif. Des efforts vivement salués par le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED). « Le collectif Pour un réveil écologique met en pratique une des conclusions du rapport du GIEC. Qui montre que les médias façonnent les discours sur le changement climatique et les normes sociales. Et in fine les possibilités d’action face au changement climatique. Ils se font le relais des connaissances scientifiques sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Merci pour cette action d’utilité publique ! ».
Podcast
Tout commence par un photomontage sur LinkedIn
Loin d’être découragé par la faible médiatisation du rapport, le collectif a trouvé une manière originale d’interpeller Médiatransport. En effet, les étudiants ont publié, en avril dernier, un photomontage qui traduisait leurs ambitions : diffuser massivement le rapport du Giec, à la place de « toutes les pubs « Vos courses livrées chez vous en 7 min et 33 secondes »du métro parisien ». Ce message fort n’a pas tardé à devenir viral, franchissant la barre des 30 400 likes ! Résultat ? La régie publicitaire du métro parisien, qui a été taguée, a répondu présente !
Ainsi, le message de Pour un réveil écologique parviendra à près de 5 millions de voyageurs quotidiens. Aurions-nous autant de lecteurs ? Seul le nombre de téléchargements de la synthèse nous le dira. Affaire à suivre donc…
Next step ? Une visite de la nouvelle Première Ministre Elisabeth Borne ? Accompagnée d’Emmanuel Macron, peut-être ? Le collectif n’a pas manqué de concevoir une belle invitation à l’image de son coup médiatique :
