Daudé est fabricant de boutons-pressions, rivets, œillets, crochets, ferrets, machines, outils en laiton, inox, acier et de plastique (polyacétal/polyamide)… Et ce, pour les marques de luxe. L’entreprise opère depuis 1828, et a dû passer par des périodes charnières tout au long de son existence. Aujourd’hui, il est possible de découvrir les créations de Daudé, qui font partie du patrimoine français, en se rendant dans le 10ème arrondissement parisien.
Des œillets métalliques pour sauver les hussards napoléoniens aux sacs de luxe
L’histoire commence sur les champs de bataille en Russie au début du 19e siècle. Guillaume Daudé, chirurgien engagé dans les campagnes napoléoniennes, voit périr plusieurs soldats en raison de gelures aux pieds, leurs membres inférieurs coincés dans leurs bottes durcies en raison du grand froid. C’est alors qu’il conçoit les œillets métalliques ! Le but ? Pouvoir enlever les chaussures avec facilité, et prévenir alors la gangrène et l’amputation. Et c’est l’invention qui marquera, précisons-le, le début d’une grande histoire industrielle !
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Ainsi, dès 1828, de nombreux brevets seront déposés comme les Crochets Chaussures en 1868 et le Rivets Tubulaire en 1888. L’entreprise connaît alors un important essor… Elle devient en effet l’un des principaux fournisseurs dans tous les secteurs de la Confection, de la Chaussure, de la Bagagerie. Et ce, tant au niveau des Armées que du luxe français !
C’est au 79, rue du Temple – Paris 3ème à la place de l’hôtel Montholon – que des malletiers reconnus tels que Louis Vuitton, ou de jeunes créatrices comme Gabrielle Chanel se rendent pour acheter leur Rivet Tubulaire n°8 ou leur Œillet Canapé 17C pour les poignées et anses de leurs sacs alors tout juste prototypés…
L’entreprise grandira de manière exponentielle en brevetant à tour de bras une multitude d’accessoires métalliques tels que les ferrets les cosses, etc. au point de devenir un des plus grands fleurons de l’industrie française jusque dans les années 90 où elle atteindra plus de 2 000 salariés dans son usine de Sucy !
Daudé produira des pièces pour différents secteurs : maroquinerie, automobile, sécurité, aéronautique, médical, luxe, chaussures, etc.
Daudé sera par la suite rachetée, à l’aube des années 2000, par une multinationale américaine. Elle sera alors délocalisée en Belgique, à Braine-le-Comte, où elle est encore aujourd’hui.
Un virage inattendu
Face à l’inter mondialisation de l’industrie, Daudé s’effondre peu à peu, et une liquidation totale se profile ! Mais elle sera heureusement sauvée en 2013 par Karl Lemaire. Ce dernier est autodidacte et fervent défenseur de la manufacture française, à la tête du Groupe ACDIS (société de négoce en accessoires métalliques) qu’il a fondé en 1994.
Grâce à Karl Lemaire qui a su préserver un savoir-faire méconnu et inégalé depuis 1828 dans la fabrication quasi horlogère d’un bouton-pression, rivet ou œillet, Daudé se tourne vers l’avenir. Elle continue ainsi d’assurer aujourd’hui la production de ces pièces essentiellement pour le Luxe. Mais aussi pour l’Armée et le Médical. L’enseigne vient d’ailleurs de breveter un nouveau Bouton étanche à la demande de ces secteurs.
Enfin, notons que l’ouverture de la boutique Daudé à Paris découle d’une ambition : celle de préserver la création dans la Capitale. Mais aussi de rendre accessible les produits de l’entreprise aux plus modeste des créateurs. La fameuse boutique se situe d’ailleurs au 10ème arrondissement, non loin de la célèbre Maison Poursin (manufacture de Bouclerie laiton depuis 1830). Celle-ci a été également sauvée par Karl Lemaire en 2016. Elle fait partie, comme Daudé, du patrimoine français, et indiscutablement de celui du luxe français.
