Etude : Le télétravail de crise peut-il s’inscrire dans la durée ?

Séduits par le télétravail, 3/4 des dirigeants entendent élargir son utilisation à l’issue de la crise. Mais la généralisation du dispositif les interroge.

Pour en savoir plus et tenter de se projeter sur l’avenir du télétravail, les universités de Corte et de Paris-Est, en partenariat avec Promise Consulting et l’IFG, ont mené une grande étude en ligne auprès des chefs d’entreprises français sur l’impact de la crise du #COVID-19.

 

Paroles d’experts

Quatre chercheurs universitaires des universités de Corte (T. Fabiani et P. Terramorsi) et de Paris-Est (P. Jourdan et J.C. Pacitto) livrent ici leur décryptage sur la suite des enseignements de cette étude menée en ligne auprès de 400 chefs d’entreprise sur le territoire national. Un enseignement majeur : séduits par le télétravail expérimenté durant le confinement, trois quart des dirigeants souhaitent étendre son utilisation à l’issue de la crise. Mais la généralisation du dispositif les interroge.

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Et si l’exception sanitaire devenait la nouvelle règle ?

Tirant les enseignements des solutions de poursuite d’activité mises en œuvre pendant le confinement, sept dirigeants sur 10 interrogés (72%) envisagent certainement ou probablement d’élargir l’utilisation du télétravail au sein de leur entreprise. En tête des secteurs les plus demandeurs, celui du transport (85%), suivi de celui des services et de l’énergie (80%). Logiquement, moins intéressés les secteurs de la construction (69%), de l’industrie (66%), puis du commerce (54%). Franchir le pas apparaît donc plus compliqué, et on conçoit aisément pourquoi, pour les filières traditionnelles de la construction, de l’industrie et du commerce.

 

Le télétravail, une affaire de taille d’entreprises

La taille est aussi un des enseignements de l’étude puisque l’intentions des dirigeants des ETI et des Grandes Entreprises de poursuivre cette nouvelle organisation est bien au-dessus de celles des Micro-Entreprises et des PME (82% versus 58%).

La période vécue lors du confinement semble avoir conduit les chefs d’entreprises français à prendre conscience qu’un autre mode d’organisation du travail est possible. La période, et la recherche d’efficacité qui l’ont accompagné, ont ainsi été plus propices à la redécouverte d’outils qu’à l’expérimentation de nouvelles solutions techniques.

 

Le télétravail, une adaptation des solutions existantes

Pour 68% des chefs d’entreprise, ces outils existaient déjà dans l’entreprise. Seuls un tiers des entreprises (32%) ont adopté un nouvel outil à l’occasion de cette crise.

Parmi les outils les plus utilisés très souvent ou assez souvent, on retrouve la messagerie électronique (91%), les conférences téléphoniques (68%), les outils d’intranet et d’applications métier (66%), la visioconférence (58%), les solutions de chat et de discussion en ligne (56%), les outils de partage de documents (55%). La palette est, au fond, ici assez large, et la diversité des applications ainsi que leur coût modéré et flexible selon la taille et les besoins de l’entreprise ont contribué à leur mobilisation pendant la crise sanitaire. En revanche, les outils de gestion de projets collaboratifs, à l’instar de « Trello » ne sont utilisés régulièrement que par 19% des entreprises et une forte majorité (67%) ne les utilisent jamais ou rarement.

Le télétravail est donc essentiellement utilisé pour répondre aux besoins d’échange et de communication entre les salariés et les fonctions dans l’entreprise. A cet égard, il participe de la confrontation des points de vue, de la résolution des problèmes en équipes, de la répartition des tâches existantes, plutôt qu’à la planification de projets nouveaux.

 

Le télétravail, encore des obstacles à sa généralisation

Les difficultés exprimées par les dirigeants relativement à l’utilisation du télétravail, confirment cette analyse. Celles-ci sont avant tout liées à la disponibilité du matériel et les problèmes de connexion au réseau (41%) et dans une bien moindre mesure l’adaptation des équipes au télétravail (13%). L’infrastructure semble, finalement, un problème plus aigu que l’adaptation des personnels. En revanche, le télétravail n’a pas sensiblement modifié dans un sens ou dans l’autre l’échange et la communication au sein des équipes, sinon pour 11% des chefs d’entreprise interrogés.

 

Pour conclure

Bien que plébiscité par les dirigeants, le télétravail, développé au cours de la période de confinement peut être qualifié de « télétravail de crise ». Celui-ci se focalise sur la répartition et l’exécution des tâches prédéterminées.
De ce point de vue, le télétravail n’est pas vu comme une révolution organisationnelle que d’aucuns mettent en avant mais plutôt comme un nouveau mode d’exécution des tâches qui ne remet pas fondamentalement en cause les fondamentaux de l’organisation.

Les dirigeants sont dans une attitude pragmatique. Ils testent et gardent ce qui leur semble profitable du point de vue de la performance de leur entreprise.

Les dirigeants qui souhaitent s’inscrire dans un mode de fonctionnement recourant au télétravail dans la durée, sont conscients de questions auxquels ils devront répondre : comment concilier management RH dans un environnement « soft skills » ? Comment adapter ses méthodes de management et son leadership à ces nouvelles pratiques ?

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