Comment définir son TJM de Directeur Artistique ?

En collaboration avec Freebe

Photo by Kerde Severin

Savoir comment fixer ses tarifs, c’est souvent LA grande question des freelances débutants ou qui sont sur le point de se lancer. C’est une question totalement légitime quand on constate que la rémunération moyenne des freelances est nettement supérieure à celle des salariés.
Cela dit, il faut voir plus loin que le TJM qui est une donnée brute, et s’interroger sur les véritables revenus nets des indépendants. Le statut de freelance n’a en effet pas grand-chose à voir avec le salariat.
Avec son TJM, un freelance va bien sûr se rémunérer, mais aussi compenser l’absence de RTT, de congés payés, sans compter ses dépenses professionnelles ou le temps passé sur des tâches non facturées à ses clients. En bref, les prestations sont un peu la partie visible de l’iceberg, mais il faut prendre en compte bien plus d’éléments pour établir sa facturation en freelance.
Si vous débutez dans le freelancing, il vous faudra connaître tous ces paramètres pour bien fixer vos tarifs et rester rentable.
Voici un petit guide made in Freebe.me pour comprendre ce qu’il va se passer entre votre chiffre d’affaires de freelance et votre rémunération nette sur le compte bancaire, toutes charges déduites. Et pour cela, on prendra tout au long de cet article l’exemple d’un directeur artistique freelance en micro-entreprise avec un TJM de 500 € HT par jour.

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Chiffre d’affaires HT et TTC : bien faire la différence

Bien que simplifié, le statut de freelance n’échappe cependant pas à la TVA à partir d’un certain seuil. C’est pourquoi il est important de bien différencier votre chiffre d’affaires HT et votre chiffre d’affaires TTC, qui ne vous revient pas en totalité.
En 2020, un auto-entrepreneur collecte la TVA pour le compte de l’État à partir de 34 400€ de chiffre d’affaires, ou 36 500€ si son chiffre d’affaires de l’année précédente n’excède pas 34 400€ (en prestation de services). En dessous de ce seuil, vous n’êtes donc pas assujetti à la TVA, c’est ce qu’on appelle la franchise en base de TVA, et vous devez indiquer « TVA non applicable – article 293 B du CGI » sur vos factures.
Un freelance qui dépasse ce plafond et collecte la TVA ne touche donc pas cet argent, il n’est qu’un intermédiaire et devra rendre ce montant à l’État.
Pour reprendre notre exemple, un freelance assujetti à la TVA qui facture 600€ TTC par jour ne conservera que 500€ et reversera 100€ à l’État au titre de la TVA. Cette part ne représente donc pas un bénéfice.
De manière générale, toutes les entreprises collectent et déduisent la TVA elles aussi, c’est pourquoi vos tarifs de freelance se négocient toujours en HT lorsque vous travaillez pour des clients professionnels. Pour un client particulier, c’est le montant TTC qu’il prendra en compte, puisque ce dernier ne peut pas déduire la TVA sur ses dépenses.

L’équilibre entre tarifs freelance et temps de travail

Un freelance qui facturerait un TJM de 500€ chaque jour ouvrable de l’année serait extrêmement rentable, mais dans les faits, c’est plus compliqué. Il ne faut pas oublier qu’en tant qu’indépendant, vous ne travaillerez pas tous les jours !
On compte généralement une moyenne de 220 jours travaillés, sur la base de 5 jours par semaine en retirant week-ends, congés et repos maladie. En somme, c’est sensiblement la même chose que pour un travailleur salarié.
Cependant, il serait irréaliste de penser que vous facturerez 100% de ce temps de travail. Être freelance, c’est aussi gérer l’administratif ou la comptabilité, mais aussi le développement de votre entreprise : prospection, communication, rendez-vous clients, etc. Et toutes ces tâches ne sont pas directement facturables à vos clients.
En moyenne, on considère donc qu’un freelance ne consacre que 60% de son temps de travail sur des prestations facturables. Ce qui donne une moyenne de 130 jours travaillés par an, nous sommes donc loin des 220 jours rémunérés d’un salarié. Et c’est pour cette principale raison que votre TJM de freelance doit compenser ce temps non facturé.

Les charges sociales et impôts du freelance

Comme toute entreprise, les freelances en auto-entreprise doivent s’acquitter de certaines charges sociales sur leur chiffre d’affaires HT, en plus de l’impôt sur le revenu.
Les charges sociales en freelance sont payées tous les mois ou tous les trimestres en fonction du chiffre d’affaires encaissé. Ces charges sont de 22% en prestation de services et de 12,8% pour la vente de marchandises, auxquelles s’ajoutent des charges moindres liées à la formation professionnelle ou aux frais de chambre pour les freelances concernés.
Selon notre exemple, un directeur artistique avec un TJM de 500€ paiera donc environ 110€ de charges sociales à l’URSSAF.
De la même manière qu’un salarié, il faudra également prendre en compte l’impôt sur le revenu qui ne se paie pas de la même façon en auto-entreprise. Un freelance a deux possibilités pour s’acquitter de cet impôt :

  • Le régime classique avec une imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu : le freelance déclare son chiffre d’affaires et bénéficie d’un abattement forfaitaire pour charges de 34 à 71% en fonction de son activité.
  • Le versement libératoire de l’impôt sur le revenu : un pourcentage fixe de 1 à 2,2% payé tous les mois ou trimestres en même temps que les charges sociales. Pour bénéficier de ce régime, le revenu fiscal de référence N-2 du freelance ne doit pas dépasser un certain seuil.

Reprenons notre exemple, si notre freelance a fait le choix du versement forfaire libératoire, il sera soumis à un taux de 2,2% en tant que prestataire de services. Il paiera donc 11€ d’impôt sur le revenu sur son TJM de 500€.
Le freelance est aussi redevable de la CFE, une cotisation locale des entreprises déterminée (dans notre cas) en fonction du chiffre d’affaires réalisé au cours de l’année, qui doit être réglée en fin d’année.

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Les charges professionnelles du freelance

C’est l’une des composantes importantes à prendre en compte dans le calcul de ses tarifs, car un freelance ne peut pas déduire le montant de ses charges professionnelles.
Concrètement, cela veut dire que vous ne pourrez pas déduire de votre revenu imposable vos achats de matériel ou vos abonnements professionnels. Et ces dépenses peuvent être importantes en fonction de votre activité, notamment si vous choisissez de travailler dans un espace de coworking, et donc de payer la location d’un bureau. Il faudra également prendre en compte toutes les autres charges professionnelles : assurances, formations, logiciels, etc.
Pour y remédier, le montant de l’impôt sur le revenu du freelance tient compte de ces charges avec un abattement allant de 34 à 71% en régime classique. En versement libératoire, le taux d’imposition reste très bas pour intégrer approximativement ces dépenses professionnelles.
En revanche, bonne nouvelle ! Si vous dépassez le seuil de TVA et en devenez redevable, vous pourrez la récupérer sur vos dépenses professionnelles, c’est donc 20% de gagné sur vos investissements.

Que gagne réellement un freelance ?

En ayant en tête toutes ces charges et cotisations, vous aurez donc compris qu’un freelance avec un TJM de 500€ va en réalité recevoir bien moins dans sa poche.
S’il facture 130 jours par an à ses clients, le calcul sera le suivant :

  • 130 x 600€ (TJM en TTC) : 78 000€ de chiffre d’affaires encaissé en TTC. 15 600€ seront donc reversés à l’État au titre de la TVA.
  • Il lui restera donc 62 400€ de chiffre d’affaires HT, auquel il faut retirer 22% de charges sociales et 2,2% d’impôt sur le revenu (en versement libératoire). On retire donc 13 728€ de charges sociales et 1 372,8 € d’impôt sur le revenu.
  • Il reste donc à notre freelance 47 299 € qui serviront à financer ses charges professionnelles et à le rémunérer, ce n’est donc pas encore ses salaires nets.

Notre freelance en exemple devra ajouter à ses calculs la constitution d’une épargne mensuelle, car son statut d’auto-entrepreneur entraîne également quelques désavantages : retraite et protection sociale peu avantageuse, revenus irréguliers, etc.

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Chiffre d’affaires versus salaire du freelance : le bilan

Pour fixer votre TJM en freelance, vous devez donc bien prendre en compte tous ces paramètres et viser un tarir supérieur à votre seuil de rentabilité, car il faudra bien pouvoir compenser toutes ces charges supplémentaires.
Pour être sûr de couvrir toutes vos charges professionnelles en freelance, un petit calcul simple consiste à additionner le montant total mensuel de vos dépenses (abonnements, téléphone, internet, etc.), de diviser ce montant par le nombre de jours facturés dans l’année puis de l’incorporer dans votre TJM.
Par exemple, disons que notre freelance dépense 150€ en logiciels et outils professionnels, ce qui donne 1 800€ / an. S’il facture 130 jours dans l’année, il devra donc incorporer dans son TJM 13,8 € de dépenses professionnelles (1 800 € / 130 jours).
Ainsi, si l’on déduit du chiffre d’affaires TTC de notre freelance toutes ses charges sociales et professionnelles, rapporté au jour travaillé, cela nous donne un TJM réel de 350 €. On est donc relativement loin des 500 € HT facturés par jour. Ce qui constitue tout de même un très bon salaire si notre freelance décroche suffisamment de contrats pour travailler 130 jours dans l’année.
Une fois votre TJM calculé, pensez également à le comparer aux tarifs du marché en prenant en exemple d’autres freelances avec un niveau de vie similaire et une expérience professionnelle équivalente. Votre TJM de freelance doit ainsi pouvoir couvrir toutes vos charges et vous rémunérer correctement pour en vivre et vous développer, n’est-ce pas le but de toute entreprise ?

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