Quelle communication pour le Président de la République et son Gouvernement ?

Une lettre ouverte destinée à Emmanuel Macron fut signée par plusieurs journalistes, indignés par la préparation du voyage au Mali par les équipes présidentielles. Ces dernières ont choisi leurs médias ainsi que les journalistes qui participeraient au voyage. Ce choix pourtant critiquable semble révéler une volonté de renouveler la communication de l’exécutif.

Une rupture avec ses prédécesseurs 
Emmanuel Macron semble vouloir se démarquer de ses prédécesseurs. Nicolas Sarkozy, symbole de l’hyper-présidentialisation se vantait de faire l’agenda du débat publique tant il prenait la parole. Véritable bête médiatique, l’ancien président semblait être un accro des médias. François Hollande quant à lui, multipliait les commentaires, donnant alors l’impression de privilégier cela à l’action. Ce dernier était un président abordable et très favorable au débat avec les différents médias qui ont suivi son quinquennat.

Au travers des ondes de Radio J, Benjamin Griveaux, ancien porte-parole chargé de la riposte auprès d’Emmanuel Macron, a exprimé son désaccord avec « les mauvaises habitudes qui ont été prises ces 10 dernières années, avec la multiplication des offs, des prises de parole sans doute intempestives (…) qui répondent à une forme de dictature de l’urgence » des anciennes formations exécutives.
Dans la logique de « renouvellement« , objet de sa campagne pour la présidence, Emmanuel Macron semble vouloir rompre avec ces exemples d’hyper-communication. Le Président de la République et ses équipes disent vouloir redonner de l’importance, du poids et de la valeur à la parole présidentielle.
Raréfier le discours
Pour se faire, la parole qui sera tout de même assez présente devra remplir un critère d’efficacité, de performance. « La parole présidentielle va se raréfier et je suis certain que chacun va s’en accommoder et va s’y habituer« , a déclaré Benjamin Griveaux, toujours sur les ondes de Radio J.

L’ancien candidat à la présidentielle, lors de ses dernières interviews en tant que tel, avait affirmé : « Je serai un président engagé, mais qui sait aussi déléguer qui n’est pas en charge de l’anecdote qui ne sera pas tout le temps devant les caméras qui prend une distances. Le président préside mais il ne gouverne pas. Je considère que le problème des derniers quinquennats a été une trop grande proximité avec les journalistes. Je pense qu’en particulier, quand on préside, on n’est pas le copain des journalistes ».
Selon RTL, Emmanuel Macron souhaite « refaire du Conseil des ministres un véritable lieu de débat (…) Il préfère voir ses ministres débattre autour de lui, à l’Élysée, plutôt qu’à l’extérieur ».
Une décision polémique
Le 18 Mai dernier, lors du premier conseil des ministres du gouvernement Philippe, les journalistes ont été contraints de quitter la cour de l’Elysée. Ils n’ont pas eu la possibilité d’assister à la photo officielle du nouveau gouvernement. Le corps exécutif a en effet fait savoir que l’Elysée choisira désormais, les journalistes qui accompagneront Emmanuel Macron lors de ses déplacements.

Les relations entre l’exécutif et les médias ont alors été bouleversées au cours de ces derniers jours.  En effet, en amont du déplacement du Président de la République au Mali, les équipes communication de ce dernier avaient directement contacté des journalistes. Ils avaient été choisis au préalable pour couvrir cette visite. Cette sélection est une première et fait naître un débat quant à l’indépendance et la liberté de la presse.
C’est pourquoi les sociétés de journalistes de 25 médias parmi lesquels l’AFP, TF1, Europe 1, Le Monde ou Franceinfo, plus d’une dizaine de responsables de rédaction et Reporters sans frontières ont co-signé une lettre ouverte au président de la république. Cette dernière exprime leurs inquiétudes quant à la sélection des journalistes, potentielle entrave aux libertés fondamentales de la presse : « Alors que la défiance pèse de plus en plus sur l’information, choisir celui ou celle qui rendra compte de vos déplacements ajoute à la confusion entre communication et journalisme, et nuit à la démocratie » conclut la lettre.
Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a tenu a s’expliquer de cette décision lors du premier point presse du conseil des ministres.

 » Il y a la volonté aussi, notamment dans les déplacements, que le président de la République mais aussi celles et ceux qui l’accompagnent puissent avoir la liberté de déplacement, la liberté d’échange avec les Français. Et vous savez comme moi, on s’est croisés souvent ces dernières semaines dans la campagne électorale, que la présence de 50 journalistes, d’une dizaine de caméras, nuit un peu au dialogue direct et à l’échange que peut avoir le président de la République avec les Français. Donc il ne s’agit pas de contrôler, il ne s’agit pas d’imposer. Bien évidemment, je souhaite réaffirmer pour le président de la République et le Premier ministre le respect et notre attachement au respect de vos conditions de travail. Et comme porte-parole du gouvernement, j’y veillerai. »
Affaire à suivre…

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