Donald Trump, prêt à tout pour buzzer ?

JUPDLC

Avec la fin du deuxième mandat de Barack Obama, l’élection américaine de 2016 laisse place à de nouvelles ambitions aussi bien démocrates que républicaines. Cette bataille qui oppose désormais Clinton et Trump est sûrement l’une des plus intéressantes depuis plusieurs années. Mais on assiste aussi à quelque chose d’unique durant cette élection, un duel entre une femme anciennement secrétaire d’Etat d’Obama et un milliardaire sans aucune expérience politique ; ce dernier faisant clairement de l’ombre à la possible investiture de la première Présidente des USA. Comment Donald Trump, aussi atypique que détestable, a su se frayer un chemin au sein de la course à la Maison Blanche ? Analyse de la stratégie de communication sur les médias sociaux de Donald Trump.

Un personnage singulier, entre cliché américain et réalité capitaliste

Donald Trump est un riche homme d’affaire ayant fait fortune dans l’immobilier mais il ne représente pas que cela aux USA. Il est aussi passé par la télé-réalité dans une émission très populaire, The Apprentice, qui mettait en scène des entretiens d’embauche. Vous voyez donc à peu près le personnage : un mixte entre un candidat des anges de la télé-réalité et Vincent Bolloré.  C’est avec cette carte de visite que Trump se présente aux primaires républicaines. A ce moment-là, tout le monde en rit. Jusqu’au jour où l’on s’aperçoit qu’il est capable de former un électorat puissant jusqu’au point d’éliminer un par un ses adversaires avec comme dernière victime, Ted Cruz. Tout cela, il le doit à sa communication. Certes, elle parait conçue en 10 minutes après un brainstorming le vendredi soir, mais elle est pourtant très efficace. En effet, Donald Trump a compris (ou le fait sans faire exprès) que les partisans du parti républicain sont attachés à trois piliers essentiels : religion, économie de marché et armée. Il en fait alors ses trois axes de campagnes (même si son programme économique est une vaste de blague). C’est donc un personnage atypique, symbole des plus gros clichés américains de l’homme fort et conquérant, qui joue sur l’actualité géopolitique mondiale et les tensions au sein du pays pour augmenter ses chances et ses intentions de votes. Mais comment cet homme est-il arrivé à ses fins ? Quelles armes a-t-il utilisé pour la communication de sa campagne ?

Donald trump

Les médias sociaux au cœur de la campagne de Donald Trump

On le sait, les médias sociaux ont désormais une place importante dans la communication politique et c’est pour cela que leur utilisation est déterminante pour l’élection 2017. Les candidats en ont très vite pris conscience et ont adapté leurs stratégies. Mais dans ce domaine, c’est Trump qui se différencie le plus. En effet, l’outil préféré de Donald Trump c’est Twitter. C’est aussi ce qui lui rapporte le plus. Avec des milliers de mentions et de retweets par jour, Trump fait le buzz à chaque intervention sur le réseau social. Il utilise aussi beaucoup Facebook et Youtube mais Twitter lui permet d’être beaucoup plus direct par des messages courts et ciblés qui lui permettent d’actionner ses différentes attaques. Il emploie cet outil pour orienter les débats de la campagne, répondre à ses adversaires ou même directement insulter ses détracteurs.

Donald trump

Il est conscient que plus ses contenus seront crus plus cela aura de chances d’avoir une audience forte. De ce fait, il n‘hésite pas à tweeter lui-même et cela favorise sa réactivité pendant que les autres candidats passent par le directeur de campagne pour communiquer (un processus plus long, avec moins de risques de bad buzz). La différence entre eux et Trump, c’est que ce dernier n’a absolument aucune crainte quant aux représailles dans les médias. Il est conscient qu’il ne fait pas et ne fera pas l’unanimité mais il joue sur ce créneau pour créer une base d’adhérents solide. L’objectif dans cette campagne pour Trump est d’apparaitre partout et faire parler de lui. On assiste à une communication politique de l’apparence, sans contenu et sans fond.

La  culture du buzz pour renforcer sa présence dans les médias

On est actuellement au cœur d’une élection massivement présente sur les nouveaux médias. Chaque fait et geste sur la toile est scruté, repris, interprété. On le voit même en France, chaque article de presse rédigé sur l’élection américaine témoigne d’un fait ayant fait le buzz un peu partout. Lorsque Trump a annoncé vouloir créer un mur entre le Mexique et les USA, des centaines d’articles ont été publiés. On parle désormais non plus du programme en profondeur ou des projets politiques mais plus des annonces et des déclarations chocs. Ce n’est pas toujours péjoratif, car il est important de dénoncer des projets aussi stupides que ceux de Trump par exemple. Néanmoins, les candidats ont bien compris la valeur du buzz, c’est pour cela qu’il s’obstine à se « clasher » entre eux à l’image de la série House Of Cards. Il faut bien comprendre que l’ensemble de ces mini-évènements influent directement les sondages d’intention de vote. Lorsqu’il y a eu l’attentat d’Orlando, le discours de Trump sur DAESH lui a fait gagner des points dans les sondages. Chaque déclaration et chaque position influe et ce par la création du buzz permanent que les candidats, et surtout Trump, tentent de nourrir. C’est aussi pour cela que Trump inonde les médias par des projets  utopiques et parfois clichés mais qui font écho à son audience; il ne prend pas le risque de débattre au sujet de son programme économique par exemple. Il s’attarde beaucoup plus sur des projets irréalisables mais qui, par leur distance avec les propositions de ses opposants, se différencie nettement au sein du débat politique. Est-on alors entré dans une ère du buzz au sein de la communication politique ? On savait que la forme était parfois plus influente que le fond pendant une élection mais on dépasse désormais ce cadre avec une culture du buzz qui nourrit les médias sociaux. Trump symbolise clairement cela, avec comme leitmotive : provoquer pour exister.

La culture du buzz s’avère désormais plus qu’efficace, elle permet de communiquer massivement tout en apportant beaucoup de viralité. Cela permet de forger l’identification. Qui aujourd’hui ne pourrait pas reconnaitre Donald Trump ? Il a complètement effacé l’ensemble de ses rivaux républicains avec sa stratégie de communication. Et effacé dans les deux sens du terme, il les a éliminés de la course mais les a surtout rendus méconnaissables face à lui et son personnage. On dépasse le cadre politique dans cette élection, on vote désormais pour des célébrités. -La prochaine élection américaine se fera par sms : « votez 1 pour que Hillary reste dans la Villa » -. Obama avait beaucoup joué sur ce créneau en 2008 avec une communication décomplexée, néanmoins le personnage ne dépassait pas le politique à l’inverse de Trump durant cette campagne.  Heureusement, on peut tout de même se dire que le buzz est toujours éphémère et ne dure qu’un temps. Donc rassurez-vous, Trump va perdre cette élection (très nettement même) et on se rappellera de lui comme on se rappelle de Loana du Loft Story.

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