La communication digitale s’invite dans la campagne présidentielle

 A l’heure de la campagne présidentielle de 2017 les candidats à l’élection jouent le jeu de la communication digitale. Présents sur les réseaux sociaux, ils usent de diverses stratégies et prises de paroles en vue de convaincre dans une démocratie numérique…

Le temps de la connexion permanente

Rassembler, fédérer les électeurs dans ce qui paraît être un nouvel espace démocratique : c’est le nouveau pari des hommes politiques. En particulier dans cette actualité brûlante qu’est celle de la campagne présidentielle. Depuis le développement des médias sociaux entre 2005 et 2010, les usages liés à la communication numérique ou digitale connaissent une évolution importante. La connectivité des usages croît tandis que les supports se multiplient.

En 2013, dans leur ouvrage « La condition numérique » Jean-François Fogel et Bruno Patino décrivent une société de communication numérique en devenir: « Nous sommes entrés, de plein gré, dans une époque neuve, et qui ne nous laisse aucun répit : le temps de la connexion permanente ».
Cette nouvelle ère est celle de l’immédiateté, de la proximité. Elle abolit les frontières spatio-temporelles de l’information, des relations entre les citoyens, la presse et les politiques.

Cette pratique est née aux Etats-Unis, lors de la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008. Chris Hugues, un des cofondateurs de Facebook, avait offert ses services au candidat démocrate. Les réseaux sociaux furent investis par le camp, menant alors une e-campagne importante qui rassembla un demi-million de militants dans l’espace virtuel.


Les réseaux sociaux, une e-démocratie ?

Les réseaux sociaux sont alors aujourd’hui incontournables pour les candidats à la présidentielle française. Utilisés par des millions de citoyens ils s’imposent comme le nouveau média de masse. De plus le partage d’informations est facilité, constituant ainsi leur principal atout.

Si tous utilisent les médias sociaux, leurs stratégies divergent pourtant : Jean-Luc Mélenchon et Florian Philippot partagent des vidéos Youtube avec leurs chaînes comptant respectivement 202k et 14k abonnés. Le candidat de la France Insoumise fait valoir la dimension participative et horizontale de sa démarche, Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean Luc Mélenchon estime que pour eux « ça n’a jamais été un gadget pour être à la mode mais un outil qui offrait beaucoup de potentialités pour faire de la politique. ». Le succès du candidat est en forte croissance, depuis Octobre il a gagné 162.000 nouveaux abonnés.

Par le biais de ses vidéos YouTube, Florian Philippot à lui volonté de s’adresser autrement aux électeurs, en dévoilant par exemple les coulisses de la campagne de Marine Le Pen. L’accent n’est pas mis sur le fond politique mais la forme et les détails qui composent ses productions, priorité à la mise en scène.

Si YouTube semble doucement conquérir le cœur des politiques, Twitter et Facebook restent les réseaux les plus fréquentés par ces derniers. Benoît Hamon et François Fillon en sont des fervents utilisateurs. Cependant la machine peut très vite se retourner contre vous. Alors que l’équipe Fillonniste avait lancé le hashtag #StopChasseàLHomme en guise de communication de crise, ce dernier s’est rapidement trouvé en Top Tweets. Cela pourrait laisser imaginer une parfaite maîtrise de la situation de crise. Pourtant le message a été posté à de nombreuses reprises sur différents comptes crées pour l’occasion par cette-même équipe. Ces comptes sont appelés « bots ». Les internautes n’ont pas tardé à remarquer le subterfuge, moquant alors la situation sur ce même réseau social.

Si les médias sociaux sont une tribune pour les politiques, il ne fait nul doute qu’il en est de même pour le peuple, qui se délecte de commenter en direct les apparitions et discours de nos représentants. Les primaires républicaines et socialistes ont par exemple mobilisé des milliers d’internautes sur les réseaux sociaux. En créant un espace de dialogue immédiat entre les citoyens et les élus, les plateformes digitales participatives sont-elles une expression de la démocratie représentative dans sa dimension la plus absolue ?

Au-delà des réseaux sociaux

Certains candidats comme Emmanuel Macron utilisent les réseaux sociaux comme des relais et non des canaux principaux d’informations. Le candidat semble user d’une communication un peu vieillotte : Unes de « Paris-Match », porte-à-porte… La communication « à l’ancienne » semble devenir marginale et c’est ainsi que le candidat compte se démarquer.

L’utilisation du digital par les politiques est-elle un moyen d’uniformisation des stratégies de communication ou le signe que les pratiques de nos élus évoluent en même temps que la société ? Elle est en tout cas une volonté de communiquer des valeurs novatrices, montrer que le politique n’a pas de mal à s’inscrire dans cette époque neuve, que le politique d’aujourd’hui, technophobe n’est plus.

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